Croissance économique, diminution du taux de chômage, création d’emploi dans les services et l’industrie, maîtrise des coûts salariaux… Les indicateurs analysés par le Bureau du Plan affichent une tendance générale positive pour 2017 et ce jusqu’en 2020. Au-delà, les experts prévoient déjà un fléchissement et nous rappellent que cette évolution ne nous permet toujours pas de nous conformer aux objectifs européens.
Les Perspectives 2017-2022 s’inscrivent dans un contexte de reprise économique modeste en zone euro et se caractérisent par des mesures de politique économique au niveau belge favorisant l’intensité en emploi de la croissance. En 2017, le PIB devrait croître de 1,6 % contre 1,2 % l’an dernier. Au cours de la période 2018-2020, le PIB belge maintiendrait ce rythme de progression de 1,5 à 1,6 %, semblable à celui de la zone euro. En 2021-2022, la croissance économique belge ralentirait quelque peu pour atteindre 1,4 % en moyenne.
Sur la période 2017-2019, la croissance du volume des investissements des entreprises s’élèverait à 3,1 % en moyenne par an grâce à des perspectives de débouchés favorables, une rentabilité élevée et des taux d’intérêt réels qui demeurent historiquement bas. Ensuite, cette croissance ralentirait pour atteindre 2,2 % en 2022. La croissance en volume des investissements en logements se limiterait à 0,3 % cette année mais remonterait à 1,4 % en 2018. Cette modeste croissance devrait se confirmer par la suite. Les investissements des administrations publiques devraient afficher une croissance soutenue en 2017 et davantage encore en 2018, année des élections communales. Après avoir reculé en 2019, les investissements publics en volume seraient à nouveau en très nette progression en 2020 suite à d’importants investissements dans la Défense et dans le cadre du RER. En 2021 et 2022, la croissance de l’ensemble des investissements publics serait à nouveau plus faible.
Augmentation maîtrisée des coûts salariaux
L’inflation belge, évaluée sur la base de l’indice national des prix à la consommation, s’établirait à 2,1 % en 2017. Suite à la politique de modération salariale des dernières années, le coût salarial par unité produite a enregistré, au cours de la période 2014-2016, une croissance négative. En 2017 et 2018, le salaire horaire brut avant indexation dans le secteur des entreprises devrait augmenter respectivement de 0,4 % et 0,7 %, conformément à la hausse maximale convenue dans le cadre du dernier accord interprofessionnel. Étant donné les réductions de cotisations supplémentaires et l’indexation, la hausse du coût salarial horaire devrait s’élever à 1,7 % en moyenne par an sur la période 2017-2018. Par la suite, la croissance annuelle moyenne du salaire coût devrait s’établir à 2,2 %. Cette progression plus rapide du coût salarial devrait avoir pour effet une hausse progressive de l’inflation sous-jacente. Au final, l’inflation resterait toutefois limitée à 1,6 % par an en moyenne au cours de la période 2018-2022.
Progression de l’emploi dans les services ; un mieux dans l’industrie
Sur l’ensemble de la période 2017-2022, l’emploi intérieur augmenterait de 262 000 personnes, soit à un rythme sensiblement plus rapide que durant les années qui ont suivi l’éclatement de la crise financière. Toutefois, l’accroissement de l’emploi dans les services marchands (+248 000 personnes) serait un peu plus faible que durant la période post-crise financière, parce que le nombre d’emplois titres-services augmente de manière nettement moins soutenue. Les plus grandes différences avec le passé récent se situent dans le secteur de l’industrie manufacturière et de la construction. Alors que sur la période 2009-2016 plus de 90 000 emplois ont été perdus dans l’industrie manufacturière, une perte limitée à 15 000 emplois devrait être enregistrée d’ici à 2022. Dans le secteur de la construction, les créations d’emploi s’élèvent à 27 000, soutenues par les réductions de cotisations sociales supplémentaires accordées au secteur à partir de 2020. Dans les services non marchands, l’emploi se stabilise, ce qui résulte d’évolutions contrastées : les mesures d’économie affectent l’administration publique (-11 500 personnes dans l’administration publique stricto sensu ; -5 300 à la Défense) alors que l’emploi dans l’enseignement continue à augmenter (+17 000 personnes).
Selon la définition retenue dans le cadre de la stratégie UE2020, le taux d’emploi grimpe de 67,7 % en 2016 à 70,0 % en 2020, ce qui est sensiblement en deçà de l’objectif de 73,2 % fixé par la Belgique à cet horizon, pour finalement atteindre 71,2 % en 2022.
Taux de chômage historiquement faible.
Après un recul important l’an dernier, le chômage continuerait à baisser de manière importante cette année (-34 000 personnes). Le repli du chômage serait moins prononcé durant les années 2018-2019 (en moyenne -15 000 personnes par an) mais s’accélèrerait de nouveau par la suite (-29 000 personnes par an en moyenne), en 2020 parce que la croissance de l’emploi est soutenue par les mesures supplémentaires de réduction du coût du travail et en 2021-2022 parce que la croissance de l’offre de travail s’amenuise considérablement. Ainsi, le taux de chômage passerait de 11,2 % en 2016 à 9,8 % en 2019 pour finalement atteindre 8,2 % en 2022, soit le niveau le plus bas depuis le début des années 1980.
Le déficit public se réduit mais le retour à l’équilibre viendra de nouvelles mesures.
Compte tenu des mesures budgétaires actuellement connues, le déficit public passe de 2,6% en 2016 à 1,9 % du PIB en 2017 et en 2018. Ceci confirme la prise de distance par rapport à la limite de 3 % imposée par les règles de l’UE. Aller au-delà dans la réduction du déficit nécessitera des mesures additionnelles. À défaut de celles-ci, le déficit augmente en effet légèrement à partir de 2019. Le déficit structurel se réduit de 0,6 % du PIB en 2017, mais pas au-delà ; en 2019 (année fixée par le programme de stabilité pour un retour à l’équilibre structurel), il s’élèverait à 2,0 % du PIB, soit environ 9 milliards d’euros.
Source : Bureau du Plan