Le nombre de travailleurs au bord du burn-out est passé de 8% à 13% (+60%) depuis le début de la pandémie.

Par rapport à la période précédant la crise du coronavirus (2018-2019), le nombre de travailleurs présentant un risque sérieux de burn-out a augmenté de 61,4% d’après une étude menée par Securex et la KU Leuven. Bien que le bien-être psychosocial général se soit légèrement amélioré, quatre des cinq caractéristiques professionnelles critiques qui sont responsables de 4 plaintes de burn-out sur 10 se sont détériorées. 41% des plaintes de burn-out s’expliquent par la charge émotionnelle, l’intensité du travail, les contraintes personnelles, l’insécurité de l’emploi et les conflits de rôles.

28,5% des travailleurs belges sont exposés à un risque de burn-out. Près de la moitié (13,4%) d’entre eux sont déjà plus que probablement épuisés et au bord de l’épuisement professionnel. Ce dernier groupe de travailleurs à risque élevé de burn-out a augmenté de pas moins de 61,4% au cours de la période Covid. Ces conclusions résultent d’une étude menée par Securex, partenaire en matière d’emploi et d’entrepreneuriat, qui a collaboré avec la KU Leuven sur la base du Burnout Assessment Tool. Cette étude a également révélé que cinq caractéristiques professionnelles spécifiques sont à l’origine de 41% de toutes les plaintes de burn-out. « Cette étude nous rapproche aujourd’hui de la possibilité de déchiffrer le code du burn-out », déclare Hans De Witte, professeur de psychologie du travail à la KU Leuven. ​ ​

Selon la définition la plus récente de la KU Leuven, les principaux symptômes du burn-out sont l’épuisement physique et mental, la perte de contrôle cognitive et émotionnelle et l’éloignement mental du travail. Sur base du Burnout Assessment Tool (BAT) de la KU Leuven, Securex a étudié les dernières évolutions du risque de burn-out et les facteurs qui influencent l’apparition de ce dernier. Il s’agit de la toute première enquête avec cet outil d’évaluation du burn-out sur un échantillon représentatif de travailleurs en Flandre et en Wallonie.

Les recherches de Securex révèlent que le risque de burn-out a fortement augmenté au cours des dernières années. Alors que cela concernait déjà 23,8% des salariés en 2018 et 2019, le risque de burn-out a encore augmenté et est passé à 28,5% à l’automne 2021. Ce pourcentage inclut notamment les travailleurs qui ne sont pas absents du travail mais courent un risque accru, ainsi que ceux qui sont au bord du burn-out et pourraient s’absenter à tout moment. C’est surtout dans cette dernière catégorie que les chiffres sont alarmants. Il apparaît, par exemple, que 13,4% des travailleurs sont au bord du burn-out. Soit une augmentation de pas moins de 61,4% par rapport à 2018-2019 (8,3%), juste avant la crise du coronavirus.

Cinq déclencheurs liés au risque de burn-out

L’étude de Securex identifie cinq caractéristiques professionnelles cruciales qui expliquent 41% du risque de plaintes de burn-out. Quatre de ces déclencheurs se sont aggravés au cours des trois dernières années. Par exemple, entre la période précédant la crise du Covid (enquêtes de 2018 et 2019) et l’automne 2021, le pourcentage de travailleurs ayant une charge émotionnelle au travail est passé de 32% à 40%, et ceux ayant une charge émotionnelle d’ordre privé de 31% à 38%

Le groupe de travailleurs souffrant d’insécurité de l’emploi a lui aussi augmenté, passant de 23% à 27%, et celui des travailleurs à forte charge de travail est passé de 27% à 32%. Le cinquième facteur d’influence, le conflit de rôle, est quant à lui resté stable, en partie à cause de la réduction des contacts avec les collègues – dans le cas d’une augmentation du télétravail et du chômage temporaire. ​

Hans De Witte, professeur de psychologie du travail à la KU Leuven, souligne l’importance de l’identification de ces facteurs : « Cette étude nous rapproche aujourd’hui de la possibilité de déchiffrer le code du burn-out. Nous connaissons désormais les principaux déclencheurs du risque d’épuisement professionnel et avons constaté que la crise du coronavirus a eu un impact majeur sur ces déclencheurs. Malgré les mesures de soutien, de nombreux travailleurs ont été confrontés à une plus grande insécurité de l’emploi et à une charge de travail plus élevée en raison de la baisse des effectifs et de la perte de collègues. Ils avaient également une charge émotionnelle plus importante en raison de la pandémie, de l’incertitude financière ou des difficultés psychologiques dans leur entourage. Cela entraîne à son tour une charge mentale au niveau privé plus lourde, exacerbée par la diminution des possibilités de faire de l’activité physique, et l’obligation de concilier le travail à la maison et la vie de famille. »

Qui est le plus exposé au risque de burn-out ?

Securex a également cherché à savoir si certains profils de travailleurs présentaient un risque accru de burn-out. Il apparaît que le risque d’épuisement professionnel diminue avec l’âge, les travailleurs de moins de 25 ans présentant un risque de burn-out 2,4 fois plus élevé que les travailleurs de plus de 54 ans (39,0% contre 16,3%). La composition familiale joue également un rôle. Les célibataires avec de jeunes enfants courent un risque 39,5% plus élevé que les autres travailleurs (33,3% contre 23,9%). Les diplômés universitaires semblent eux courir un risque de burn-out nettement inférieur à celui des personnes moins qualifiées (20,5% contre 25,5%). Enfin, le risque d’épuisement professionnel est un quart plus élevé en Wallonie qu’en Flandre (28% contre 22,5%). Securex conclut toutefois que ces caractéristiques contextuelles n’expliquent ensemble qu’au maximum 5% du risque de burn-out, et sont donc fortement subordonnées aux caractéristiques professionnelles, qui ensemble expliquent 41%.

Lutter contre le burn-out à tous les niveaux

Le burn-out est l’une des causes de l’augmentation de l’absentéisme au travail en Belgique. À l’automne 2021, par exemple, l’absentéisme à moyen terme (entre un mois et un an) pour cause de maladie était supérieur de plus de 5% au niveau de 2019, et au premier trimestre 2022, il était déjà supérieur de 9,5% à celui du même trimestre de 2020. Securex souligne l’importance de la prévention et de la responsabilité partagée pour enrayer ces chiffres.

Heidi Verlinden, Research Project Manager chez Securex : « Ces chiffres désolants indiquent qu’une approche plus audacieuse de la part de toutes les parties concernées est nécessaire et urgente. Securex plaide pour que la prévention du burn-out fasse l’objet d’une attention particulière au niveau des gouvernements, des employeurs et des employés. Le concept de contrôle physique des travailleurs est déjà bien établi ; mais des contrôles mentaux sont également nécessaires, de manière préventive et régulière. Si le gouvernement instaure cette combinaison de contrôles systématiquement pour tous les travailleurs, les employeurs s’y engageront. Quant aux travailleurs, ils disposeront d’un moment d’évaluation régulier et d’un outil pour réfléchir de manière critique à leur expérience professionnelle et à leur carrière. »

 

Source: les chiffres de cette étude proviennent de questionnaires sur différents thèmes RH que Securex a réalisés en 2018, 2019 et 2021. Les échantillons contiennent toujours au moins 1500 travailleurs et sont représentatifs du marché du travail belge en termes de sexe, d’âge, de statut, de taille d’entreprise et de région. L’échantillon de la dernière enquête d’octobre 2021 comprend 1522 travailleurs. Les liens abordés concernent l’’impact pur d’une caractéristique professionnelle ou d’une caractéristique du contexte, excluant ainsi l’influence des autres variables pertinentes. Le risque de burn-out chez les jeunes travailleurs, par exemple, est un effet de l’âge en soi et ne s’explique pas par leur manque d’expérience (les travailleurs ayant une plus grande ancienneté sont également plus exposés au risque de burn-out). Certes, la direction de la corrélation peut aussi être en sens inverse puisqu’il s’agit d’une étude transversale et non longitudinale.

 

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