Vous avez vu la multiplication des événements et fêtes d’entreprise en ce début du mois de juin? On réunit les troupes, pour un moment d’intense euphorie dans le meilleur des cas, et on en profite pour dresser un bilan à mi-exercice et tenter de se redynamiser avant les vacances.
Interrogeons-nous sur l’utilité de ces moments partagés qui permettent de réunir tous nos collaborateurs. Pour que cela soit pertinent (et rentable), il reste nécessaire de comprendre ce que les travailleurs veulent vraiment…
Petit à petit, les ‘assemblées statutaires’ se sont transformées pour devenir un grand moment de rassemblement avant que chacun ne parte en vacances pour se régénérer en vue de la deuxième partie de l’année. Célébrer, prendre une pause, être ensemble… : tout cela est important. Et difficile. Réunir les foules reste un effort à saluer dans une époque où le repli sur soi est un comportement généralisé. Le risque bien sûr, c’est de créer un moment artificiel… Un moment suspendu qui offre une plage de respiration, mais pas davantage. Le retour à la réalité promet alors d’être douloureux.
Investir dans la convivialité
Cela semble étrange de réunir des termes appartenant à des champs aussi différents : investissement et convivialité. Mais c’est bien de cela dont il s’agit. Nous devons organiser, avec une belle sincérité, des instants de rencontre et de renforcement de la cohésion. Absolument nécessaire et totalement insuffisant ! L’ambition doit être au rendez-vous, encore une fois. Réunir nos collaborateurs et créer une expérience collective est indispensable. Cependant, même si ce type d’initiative répond au besoin d’entretenir un relationnel fort, nous devons viser plus haut.
Comment réussir à produire de la motivation ?
Nos événements d’entreprise visent idéalement à faire le point sur nos activités et résultats, et parfois à renouveler nos sources d’inspiration.
L’information que nous partageons lors de ces occasions – à condition qu’elle soit transparente et honnête -, ressemble furieusement à une tentative désespérée de convaincre du bien-fondé de la stratégie de la boîte et à retrouver un niveau d’engagement maximal. Rappelons-nous donc les quelques règles de base de la communication : occuper l’espace (puisque la nature a horreur du vite); répéter sans relâche (parce que notre capacité d’attention est limitée) ; et rester authentique (car cela reste la seule option pour gagner les cœurs et les esprits).
Marquer les esprits et créer des souvenirs partagés
Au bout du compte, nous sommes à la recherche de sensations qui vont s’inscrire durablement dans nos mémoires. Ce sont les moments que l’on aime convoquer lorsque l’enthousiasme est en berne ou lorsque les temps sont durs. Mais soyons raisonnables dans la définition de nos attentes : les événements d’entreprise ne garantissent aucune loyauté. Ils n’influencent pas vraiment la rétention des collaborateurs. Ils deviennent en effet rapidement des acquis sociaux, assimilés à une juste récompense pour les efforts fournis au cours des mois précédents.
L’impact réel vient avec le temps, le seul juge paix permettant de démontrer que l’on s’inscrit dans la durée et de vérifier la justesse de nos hypothèses ainsi que la réalisation de nos ambitions.
La fête n’est qu’un prétexte. Nous voulons toutes et tous de l’intensité et des souvenirs. La rentabilité de ces investissements se mesurera quant à elle sur base de notre aptitude à saisir l’occasion de réfléchir et de construire ensemble la suite de notre histoire.
Le véritable enjeu ? Il est double et concerne la transparence et la continuité qui prennent rapidement le dessus sur le plaisir d’être ensemble. Ce sont deux impératifs qui définissent si l’investissement est rentable, ou pas.
Jean-Paul Erhard