Éditorial – La flamme ou la flemme? Choisir de s’engager ou pas, un défi quotidien…

Soyons lucides. Pour quelque travailleur que ce soit, ce n’est pas forcément la grande forme tous les jours. Pour certains, c’est même rarement le bon jour… C’est pourquoi il y a des individus qui errent dans nos entreprises, et qui en tout cas ne travaillent pas… On le sait et on l’accepte.
Chaque matin, il faut choisir entre le feu et l’eau, entre l’énergie (çàd la flamme) et l’inertie (çàd la flemme). Et de notre côté, nous cherchons quelles sont les clés de la motivation, quels sont les moyens de préserver l’engagement, qui porte la responsabilité de stimuler l’envie auprès des collègues… Autant de questions qui peinent à trouver des réponses simples, alors qu’il suffit à chacun.e de décider d’y aller ou pas…

Lors d’une session de travail très récente en compagnie d’un super groupe d’environ 80 acteurs de la formation en alternance, nous avons sollicité les participants afin qu’ils nous proposent un qualificatif pour décrire le monde du travail aujourd’hui. Alors que nous avions prévu de parler positivement de l’hybridation en termes très concrets, les mots que nous avons retenus sont les suivants : stressant, fatiguant, long… Et de ressentir le besoin de souffler d’une bonne moitié de l’auditoire, à côté de l’enthousiasme forcené de l’autre moitié. Reste à comprendre comment nous pouvons faire basculer le curseur du bon côté.

Une épidémie de flemme bien installée ?

Nos ados et jeunes adultes ont la flemme. Ce n’est ni un phénomène de société, ni une question générationnelle. C’est juste une étape de développement personnel par laquelle nous sommes toutes et tous passés. La traduction de leur fatigue congénitale est simplement: ‘je n’ai pas envie de faire ce que tu me demandes’.
L’absence de ressources, physiques et mentales, que semble éprouver une bonne partie de la population active correspond à autre chose. Elle transcende les niveaux hiérarchiques et les générations. Elle se manifeste par exemple dans nos difficultés à contrer la montée de l’absentéïsme et à mettre en œuvre une réelle démarche de réintégration des travailleurs malades.
Nous pensons que c’est une question de santé publique, passant par un changement profond de notre manière d’appréhender l’incapacité. Car il s’agit en effet d’une ‘mauvaise’ fatigue, par opposition à la sensation d’épuisement, paradoxalement enivrante, que nous pouvons éprouver après une bonne séance de sport. La guérison pourrait passer par le maintien au travail et l’appartenance au groupe. Et une bonne partie du rôle managérial consiste donc à mettre ou à conserver celles et ceux qui nous entourent en mouvement, dans la tête comme dans les jambes.

Le faible impact de la notion d’impact…

Rester en éveil et en activité, ok… Mais pour quoi faire? A quoi bon puisque tout cela ne sert peut-être pas à grand-chose ? Nous pouvons avoir la sensation que nos actions ne sont pas vraiment utiles dans un environnement qui est régulé par l’incertitude. C’est en quelque sorte comme si la question de l’impact s’était évaporée, y compris dans les entreprises dont la vocation initiale consiste justement à changer le monde… L’argument ne porte plus, faute de preuve tangible de la réelle utilité de notre implication. Bref, on n’y croit plus.
Comment remédier à cette forme de désengagement ? En affichant sans doute des ambitions raisonnables d’une part, et en rappelant sans cesse que chaque contribution, aussi modeste soit-elle, s’inscrit nécessairement dans un ensemble plus vaste qui nous échappe à l’évidence. Cultiver l’humilité ne veut pas dire que l’on renonce à avoir de l’impact. C’est accepter de participer à un projet plus grand que tous nos egos réunis.

Si on parle de découragement, cela veut dire qu’au départ, il y avait du courage !

Entre la flamme et la flemme, il y a donc bien plus qu’une voyelle de différence. Il y a un état d’esprit sur lequel chaque personne peut travailler et sur lequel le management peut avoir une influence réelle. Il y a une accumulation d’échecs peut-être, de déceptions sans doute, de problèmes rencontrés dans la vie quotidienne, qu’elle soit personnelle ou professionnelle.

Tout cela peut mener, de manière tout à fait compréhensible, au découragement et in fine, au grand sommeil. Toutefois, la flamme peut être ranimée, au prix d’une petite étincelle parfois… Si nous devons faire face au découragement, la raison nous amène à penser qu’il y a eu, à un moment ou à un autre, du courage et que celui-ci s’est éteint en cours de route.
Réanimer nos collègues flemmards passe par la rencontre. Il ‘suffit’ de connecter un état d’esprit positif à un autre, puis à un autre, et à un autre encore pour donner naissance à un mouvement de groupe qui permet de voir le monde du travail autrement.

Face à l’éloge de la paresse et de l’ennui qui a droit de cité aujourd’hui, nous avons bien le droit de proposer de ranimer la flamme, çàd de promouvoir l’amour (et les tourments qui l’accompagnent). Car la question de l’engagement, que nous considérons comme un choix à priori individuel, mérite à coup sûr que nous la replacions dans une dynamique collective. Travailler pour soi ou travailler ensemble et pour les autres ? Un choix simple.

Jean-Paul Erhard

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