Dans notre pays, près de deux personnes sur trois (64%) travaillant sur un écran souffrent de troubles physiques, le plus fréquemment au niveau du cou, du bas du dos et des épaules. Plus de 22.800 personnes qui utilisent tous les jours un ordinateur ou un autre écran ont répondu à cette enquête. La position assise pour de longues heures, le stress et le manque de connaissances sur la bonne posture à adopter sont les causes principales de ces maux.
Troubles causés par les longues périodes en position assise
Les personnes qui travaillent sur un écran souffrent le plus souvent de douleur ou de gêne au niveau de la nuque (33,2%), du bas du dos (32,6%) et des épaules (24,8%), mais aussi du haut du dos (22,6%) et de la tête (21%). Les problèmes au niveau des bras, des mains, des jambes ou des pieds sont beaucoup moins fréquents chez les travailleurs sur écran.
« Les troubles de la colonne vertébrale sont les plus fréquents, car les travailleurs sur écran restent assis de longues heures », explique Dorien Van Limbergen, conseillère en prévention Ergonomie chez Attentia. « Ces personnes sont concentrées sur leur écran et ne sont pas conscientes qu’elles s’affaissent sur leur siège. Les muscles posturaux ne sont plus actifs et les articulations du cou et du bas du dos sont mis à rude épreuve. De plus, lorsqu’elles s’accoudent sur le bureau, elles tirent les épaules vers l’avant, ce qui augmente la tension musculaire autour des omoplates. Et le stress engendre lui aussi des tensions musculaires et une mauvaise posture. »
Des différences entre les hommes et les femmes, pas entre les générations
Pour tous les troubles physiques, les femmes signalent plus souvent des problèmes que les hommes. Ainsi, 43% des femmes se plaignent de douleurs cervicales, contre 26% des hommes. Les douleurs à l’épaule touchent 34% des femmes et 18% des hommes qui travaillent sur un écran. 30% des femmes se plaignent de maux de tête, contre 15% des hommes.
« Cette différence peut s’expliquer par le fait que 80 % des hommes déclarent alterner régulièrement le travail sur écran avec des tâches qui les obligent à se déplacer ou prennent régulièrement des pauses. Les femmes ne sont que 63% à le faire », selon Dorien van Limbergen.
L’âge a beaucoup moins d’influence sur le type de trouble physique. Les douleurs cervicales et lombaires restent relativement constantes quelle que soit la catégorie d’âge, avec un léger pic dans la quarantaine. Les troubles touchant les épaules ne diffèrent pas non plus selon l’âge. Les trentenaires et les quadragénaires rapportent un peu plus souvent des troubles au niveau du haut du dos et de la tête, par rapport aux personnes de plus de cinquante ans et celles dans la vingtaine.
Le siège ergonomique n’est qu’une partie de la solution
La majorité des travailleurs sur écran disposent pourtant d’un siège de bureau ergonomique : réglable en hauteur (88%), dont l’assise peut être glissée vers l’avant ou vers l’arrière (83,7%) ou dont le dossier (81,9%) ou les accoudoirs (78,1%) sont réglables.
Dorien van Limbergen : « Ces chiffres reposent sur une enquête subjective. Dans la pratique, nous constatons que davantage de collaborateurs ont un siège correctement réglable, mais qu’ils ne savent pas suffisamment comment l’utiliser. Plus de 50 % des collaborateurs souffrant de douleurs au bas du dos, par exemple, déclarent que le soutien lombaire n’est pas suffisant, ce qui provoque une posture affaissée. Lorsque les collaborateurs savent pourquoi certains réglages sont importants, nous constatons qu’ils les utilisent plus souvent. Une sensibilisation est donc nécessaire. »
Près d’une personne sur dix est absente pour cause de troubles physiques
Les troubles physiques ont des répercussions non seulement sur le bien-être des collaborateurs, mais aussi sur le fonctionnement de l’entreprise. 8 % des personnes interrogées indiquent qu’elles ont déjà été absentes du travail à cause d’un trouble physique, dont la moitié (4%) pendant plus d’une semaine.
« Les résultats montrent clairement qu’il est important d’être attentif à l’ergonomie au travail et de perdre l’habitude de rester assis pendant de longues périodes », déclare Dorien van Limbergen. « Pour éviter les troubles, mais aussi pour réduire autant que possible l’impact sur l’absentéisme et la productivité. La législation sur l’ergonomie a dès lors été remaniée en mai dernier. L’ergonomie est désormais explicitement définie comme l’adaptation du travail à l’humain, et non l’inverse. »
Source: l’analyse a été réalisée sur la base des résultats de l’enquête « Self Assessment pour les travailleurs sur écran » menée par Attentia entre 2016 et 2024 auprès de 22.875 collaborateurs, principalement dans de grandes entreprises (>100 travailleurs). Depuis janvier 2016, les entreprises ne sont plus tenues d’organiser un examen médical pour les personnes qui travaillent sur écran. Elles doivent cependant encore prévoir une évaluation quinquennale des risques liés au travail sur écran. Pour être efficace, cette évaluation peut par exemple prendre la forme d’une auto-évaluation en ligne.