Près de quatre travailleurs belges sur dix ne se déclarent jamais malades, même pas un seul jour par an. Sur la base des données de 60.000 travailleurs, le service externe de prévention Mensura a dressé entre 2022 et 2024 le profil « zéro absence ». Fait saillant: les plus de 45 ans sont beaucoup moins souvent malades que leurs collègues plus jeunes, mais des facteurs tels que la motivation et la résilience jouent également un rôle déterminant.
En transformant ces informations en indicateurs prévisionnels, Mensura aide les employeurs à prévenir l’absentéisme pour cause de maladie, une approche qui figure également parmi les priorités de l’accord de gouvernement.
Dans le débat sur l’absentéisme pour cause de maladie, l’accent est généralement mis sur les personnes souvent absentes. Or, il existe également des travailleurs qui ne s’absentent pas un seul jour par an. Ces profils d’ »absentéisme zéro » constituent un groupe intéressant pour mieux appréhender l’absentéisme (de longue durée). Il est également intéressant pour les organisations de savoir ce qui caractérise ces personnes jamais absentes, et quels sont les facteurs qui jouent précisément un rôle.
Autonomie et responsabilité
L’étude de Mensura met en évidence des différences marquées entre les groupes de travailleurs. Ainsi, il apparaît que les plus de 45 ans se déclarent nettement moins souvent malades que leurs collègues plus jeunes : 40,8% d’entre eux ont déclaré n’avoir pris aucun jour de congé maladie au cours de l’année, contre 33,5% dans la tranche d’âge inférieure. On observe également une différence notable entre les hommes et les femmes : alors que 41,1% des hommes n’ont pris aucun jour de congé maladie, ce chiffre est de 32,1% chez les femmes.
Le type d’emploi joue également un rôle : les cadres affichent le taux de zéro absence le plus élevé (51,2%), suivis des employés (37,2%) et des ouvriers (30,3%). Enfin, les dirigeants (46%) semblent se déclarer nettement moins souvent malades que les non-dirigeants (34,3%).
Bart Teuwen : « S’il est vrai que les dirigeants se concentrent souvent sur les absents, il n’en demeure pas moins qu’il est aussi important de prêter attention à celles et ceux qui sont toujours présents. La motivation joue un rôle essentiel chez les personnes qui ne s’absentent jamais. Plus une personne est motivée, moins elle est susceptible de se mettre en arrêt maladie. Seul un cinquième des collaborateurs qui ne se sentent pas motivés n’a pas manqué un seul jour de travail au cours de l’année précédant l’enquête. Chez les collègues très motivés, ce chiffre atteint près de 44%. L’autonomie et la latitude d’organiser son travail contribuent également de manière tangible à l »absentéisme zéro ». Différentes raisons expliquent pourquoi il est moins fréquent chez les ouvriers et les femmes. La charge physique peut entraîner plus rapidement des symptômes, mais le degré de participation aux tâches domestiques peut également jouer un rôle. Il y a là une tâche claire pour les dirigeants et les entreprises. »
Secteurs et résilience
Outre l’âge et la motivation, le secteur dans lequel une personne travaille joue également un rôle. Les salariés des secteurs de la finance, de l’énergie et des TIC sont ceux qui déclarent le plus souvent une année avec « zéro absence ». À l’inverse, le taux d’absentéisme zéro est le plus faible chez les personnes actives dans les soins de santé et les services sociaux, le secteur artistique et culturel et l’enseignement.
Bart Teuwen : « Les secteurs où le taux d’absentéisme zéro est élevé se caractérisent par des conditions de travail prévisibles, une grande autonomie et une attention particulière à la prévention. Dans les secteurs où le taux d’absentéisme zéro est faible, nous constatons par contre une forte pression au travail, des sollicitations émotionnelles importantes et un contrôle limité sur son propre travail. Ces éléments augmentent le risque de problèmes de santé et réduisent le seuil d’absentéisme pour cause de maladie. »
Le bien-être des personnes au travail exerce aussi un impact considérable. Les salariés qui ont l’intention de quitter leur emploi se déclarent plus souvent malades. Plus cette volonté est manifeste, plus l’absentéisme zéro est faible. La résilience mentale joue également un rôle : les personnes résilientes restent plus souvent en bonne santé pendant toute une année (39,8%) que celles qui ne le sont pas (28,3%).
« La reconnaissance, les possibilités d’évolution et la cohésion sociale sont déterminantes pour la motivation. Lorsque les collaborateurs se sentent considérés et appréciés, ils restent engagés et énergiques. Investir dans le développement personnel et une culture d’équipe forte renforce donc l’absentéisme zéro. »
Les meilleurs indicateurs de l’« absentéisme zéro »
Les résultats de l’enquête permettent de définir des indicateurs de l’absentéisme pour cause de maladie, qui peuvent aider les employeurs à mieux l’appréhender et le prévenir. Ces indicateurs illustrent des facteurs qui ont une influence positive ou négative sur l’absentéisme zéro. Ainsi, l’âge avancé, le type d’emploi, la motivation et la résilience apparaissent comme des facteurs positifs. Les femmes, les travailleurs qui se plaignent de la pénibilité physique de leur travail et les personnes qui ne travaillent pas pendant la journée semblent moins susceptibles de s’inscrire dans un scénario « zéro absence ».
La résilience en soi est confortée par une charge mentale et émotionnelle raisonnable, un équilibre sain entre les vies professionnelle et privée, et une culture d’entreprise positive. La variété dans le travail et les perspectives d’évolution semblent également être des éléments motivants qui contribuent au bien-être et à l’engagement résolu des collaborateurs.
Bron: Mensura