Les obstacles à la participation, et non l’écart salarial, freinent l’égalité des genres au travail en Belgique. Dans la toute dernière édition de l’Index Women in Work de PwC, la Belgique reste stable à la 13e place parmi les 33 pays de l’OCDE. Le principal défi pour la Belgique semble être d’attirer davantage de femmes vers l’emploi à temps plein : seules 2 femmes sur 3 travaillent, et plus qu’une sur quatre seulement ne travaille pas à temps plein.
Bart Van den Bussche, Reward Partner chez PwC Belgique, déclare : « Pour exploiter pleinement le potentiel de chaque talent, il faut identifier et lever les obstacles existants. Les décideurs politiques ne doivent pas sous-estimer l’impact des mesures fiscales en faveur des chèques-services et de la garde d’enfants sur la participation au marché du travail. »
Pour la douzième fois, le prestataire de services professionnels PwC publie son index Women in Work. Basé sur cinq indicateurs, il évalue la situation des femmes par rapport aux hommes dans les 33 pays de l’OCDE et compare les pays selon un indice composite. Selon les dernières données (2023), la Belgique occupe la 13e position pour la seconde année consécutive, avec un indice de 72,5 points. Le top 3 est constitué de l’Islande (81,7), de la Nouvelle-Zélande (81,3) et du Luxembourg (81,0).
Si la Belgique enregistre de bons résultats pour la réduction de l’écart salarial (4,3%, 4e place parmi l’OCDE), sa position sur l’index stagne presque depuis 10 ans, avec une très légère amélioration (+0,1) sur les deux dernières années. Cette lenteur se traduit par un recul dans le classement. Depuis 2014, la Belgique navigue entre la 10e place (2015, 2018, 2019) et la 13e place (2016, 2022, 2023).
Qu’est-ce qui freine l’emploi à temps plein ?
Si ce n’est pas l’écart de rémunération, qu’est-ce qui freine l’égalité de genre sur le marché du travail belge ? Bart Van den Bussche pointe avant tout une différence significative de participation au marché du travail. Les femmes belges sont toujours bien moins actives sur le marché du travail que les hommes. Seules 66,7% des femmes en Belgique sont employées, un léger recul par rapport à l’année dernière (-0,1%) et une progression lente sur 10 ans (+3,7%). Là où les pays voisins affichent des taux d’emploi de 71,2% (France), 70,7% (Grand-Duché de Luxembourg), 75,9% (Allemagne) et même 81,9% (Pays-Bas), la Belgique se classe 6e parmi les pays de l’OCDE où les résultats sont les plus faibles, ne devançant que la Corée, la Grèce, le Chili, l’Italie et le Mexique.
Si 2 femmes sur 3 travaillent, plus d’1 femme sur 4 (73,4%) n’a pas un emploi à temps plein. Le taux d’emploi à temps plein recule aussi bien pour les hommes (-0,3%) que pour les femmes (-0,4%) en Belgique. Sur les 10 dernières années, une baisse de 1,2% du taux d’emploi à temps plein pour les hommes est également à noter.
« Compte tenu de notre niveau de vie, nous devrions viser une participation accrue au marché du travail et à l’emploi à temps plein. Les décideurs politiques devraient considérer l’impact de certaines mesures sur le comportement professionnel des hommes comme des femmes », indique Bart Van den Bussche.
L’expert identifie des opportunités dans divers domaines : « Soutenir hommes et femmes dans l’emploi à temps plein apporte des bénéfices au-delà des revenus. Il s’agit aussi de garantir une garde d’enfants solide et à temps plein, ainsi que d’offrir de l’aide à domicile supplémentaire. Si les effets d’une réduction des avantages fiscaux des chèques-services restent à observer, les initiatives qui font de l’emploi à temps plein un préalable, tout en augmentant le confort des personnes pour le poursuivre, sont indéniablement bénéfiques. »
Il insiste aussi sur l’importance de préserver la flexibilité dans le monde du travail : « Les femmes travaillent plus souvent dans des secteurs tels que la santé et l’éducation, où la flexibilité est souvent limitée. Les parents, hommes ou femmes, qui travaillent dans le secteur de la santé, et dont les horaires fixes les empêchent de récupérer leurs enfants après l’école, sont plus enclins à choisir un temps partiel. Les décideurs pourraient examiner les moyens d’accroître la flexibilité dans ces secteurs. »
Source : L’Index Women in Work de PwC combine cinq indicateurs clés de l’autonomisation économique des femmes en 2023 dans 33 pays de l’OCDE. Ces cinq indicateurs sont : l’écart salarial entre hommes et femmes, le taux de participation des femmes à la population active, l’écart de participation entre hommes et femmes, le taux de chômage féminin et le taux d’emploi féminin à temps plein. L’index annuel utilise les données réelles de l’OCDE pour l’année civile 2023.
Source : Participation des femmes au marché du travail, OCDE (2023)