Éditorial – L’obsolescence des compétences et le stress qui l’accompagne: un tandem redoutable mais pas invincible.

Apprendre à vivre et à travailler avec la crainte de devenir obsolète sur le marché du travail. Des compétences souvent durement acquises deviennent, en un clic, inutiles, prises de vitesse par l’innovation technologique qui s’accélère. Le nombre de travailleurs concerne augmente de jour en jour. Inexorablement, sous le coup de l’intelligence artificielle entre autres.
Le phénomène est puissant et hyper anxiogène. Une foule immense de gens bien – de bons professionnels et de chouettes collègues – se trouve confrontée à la probabilité élevée de ne plus ‘compter’ ni au sein de leurs entreprises, ni aux yeux d’autres employeurs potentiels. Ce n’est plus une menace lointaine… Et c’est insupportable pour la majorité des personnes concernées, car nous n’avons pas de perspective positive à leur offrir en contrepartie.

Le stress a changé de nature. Il y a une peur qui s’installe désormais et qui touche à notre raison d’être au travail. La santé mentale trône déjà au sommet des préoccupations de nos conseillers en prévention. En plus des problématiques d’hyper-connexion, d’accélération des rythmes de travail ou de pouvoir d’achat dans une société de loisirs (nous n’avons décidément pas honte de nos propres contradictions), il faut composer avec l’éventualité de disparaître de l’équation ‘travail’ à court terme. Traduction : « mes compétences ne sont plus reconnues… A quoi donc puis-je bien servir encore? »

Le combo terrible : concentration du temps et absence de mémoire collective !

Vous pouvez être un p… de professionnel visionnaire plébiscité en début de semaine et être largué en fin de semaine par vos interlocuteurs. Rien n’a changé sur le fond… mais celle ou celui qui s’aventure à donner son avis s’expose à être applaudi un jour et vilipendé le lendemain. Les avis, et désormais les vérités, sont nombreux et souvent contradictoires. Il faut pouvoir gérer la rapidité avec laquelle nous pouvons toutes et tous basculer du côté obscur et appartenir à l’histoire.
Par ailleurs, l’élimination lente de la mémoire collective n’arrange rien… La reconnaissance est déjà difficile à obtenir dans l’instant présent. Ne comptez plus sur les souvenirs émus des collègues et dirigeants à qui vous avez rendu service auparavant. Ils sont passés à autre chose.

Nous sommes bel et bien les créateurs de nos propres névroses !

Entendons-nous bien : on s’en voudrait de laisser croire que nous sommes les victimes d’un complot libertarien qui conçoit le monde du travail, entre autres, comme un cercle réduit d’humains augmentés entourés d’intelligences artificielles autonomes. Ce n’est pas le cas. Nous sommes les seuls responsables de cette angoisse mortifère.

Apprendre à vivre avec l’incertitude, c’est à l’agenda depuis de nombreuses années déjà… A tel point que nous avons été jusqu’à en faire une compétence à acquérir et développer absolument, à savoir la capacité d’adaptation. Dans la continuité, l’évolution du travail questionne désormais la pertinence de toutes les fonctions au sein d’une organisation. Il n’y a pas de surprise.
Confidence intime : cela pourrait expliquer d’ailleurs un des grands mystères de l’univers à nos yeux… Pourquoi l’être humain a-t-il eu besoin un jour de créer les films d’épouvante? Jamais compris, ni apprécié la démarche en ce qui me concerne. Ce besoin de créer l’angoisse, l’effroi, la terreur… et de s’en approcher au plus près – pour le regretter ensuite – fait sans doute partie de nous.

Survivre par l’estime de soi et la curiosité

Comment faire face? Ce stress peut devenir insupportable à gérer, en tout cas sur le moyen/long terme. C’est un sentiment délicat, celui de devenir (plus ou moins rapidement) obsolète. Retrouver un autre employeur après celui qui ne ressent plus le besoin de notre présence, cela peut se concevoir. Retrouver une nouvelle vocation professionnelle, ce n’est pas la même chanson. Nous serons pour la plupart d’entre nous concernés par un changement profond.

Peut-être suffit-il pour y répondre de cultiver la confiance en nous-mêmes, en nos propres atouts, en notre capacité de nous réinventer sans cesse…
Il y a certainement des progrès à réaliser pour chacun.e d’entre nous en ce qui concerne la gestion de l’incertitude. Il y a aussi une culture de l’apprentissage quotidien à renforcer car, aussi évident que cela puisse sonner : ‘dans tous les cas de figure, savoir est un plus.’ Et il y a enfin un effort continu à développer afin de rester ouvert à des territoires inexplorés. Une recette simple finalement : apprendre tous les jours et ne rien s’interdire.

Jean-Paul Erhard

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