Gestion positive du stress : les travailleurs résistaient-ils mieux avant?

Extrait à relire dans le cadre de l’introduction du dossier consacré à la gestion positive du stress dans le numéro 197 de Peoplesphere, l’intervention des experts de la Clinique du Stress (Le Domaine – Erasme) nous rappelle quels sont les éléments de base pour une bonne compréhension de la problématique. A l’origine de ce rappel, une interpellation d’un travailleur que l’on entend régulièrement. Nous parlons beaucoup du stress au travail aujourd’hui… Mais jadis, la situation était identique mais les gens ne se plaignaient pas…

Que dire donc à ceux qui prétendent que ‘’c’était mieux avant…’’ ? (extrait Peoplesphere n°197)

Au cours d’une émission radio de La Première – RTBF, Le Forum de Midi, dont le thème était le syndrome de l’épuisement professionnel, un auditeur réagit en exprimant que le stress serait une forme de lâcheté : « Ayant travaillé pendant 42 ans dans une entreprise que j’exécrais, je n’ai jamais eu de Burn-out. C’est un peu facile de se réfugier derrière ces excuses, la force de caractère doit prévaloir sur ce genre d’état d’âme. Je suis resté dans cette entreprise car elle était située à proximité de mon domicile dans un secteur financier pas mal rémunéré. Maintes fois, j’ai dû subir brimades, vexations et discriminations. Je me suis toujours battu avec pugnacité pour arriver à un poste de cadre supérieur en fin de carrière. Le Burn-out c’est une forme de lâcheté et de fuite de ses responsabilités. »

L’occasion pour les experts de la Clinique de recadrer les éléments de base pour une bonne compréhension de la problématique du stress.

Le stress serait-il une carence de volonté ou une absence de motivation ?

« Plaçons un rat dans une cage séparée en deux parties distinctes. Soumettons ce même animal à une décharge électrique diffusée au niveau du sol. Jusqu’à présent notre ami peut s’y soustraire en changeant de côté. Imaginons un zèbre déambulant dans la savane africaine qui s’aventure à l’écart de ses condisciples. Revoyons quelques instants plus tard ce même animal un peu dans la lune se rendant compte qu’une lionne affamée se terre pour l’attraper et soudain se lance à sa poursuite.
Nos deux animaux vivent le stress au sens strict, c’est-à-dire une réaction physiologique archaïque, massive, autonome, du cerveau reptilien qui permet à l’animal en danger de lutter ou de fuir et d’assurer sa survie. »
Le stress mis en évidence par Selye en 1936, est une réaction adaptative non toxique qui peut se répéter indéfiniment sans aucune conséquence sur l’organisme, si et seulement si, il y a succession rapide et équilibrée des phases d’alerte et de détente. Notre rat peut échapper aux décharges en se rendant dans l‘autre partie de la cage, par exemple.

Avant et après le burnout… il y a des gens comme vous et moi…

Envisageons maintenant le stress sous les traits de deux êtres humains: Virginie et Stéphane par exemple, nous permettront de personnaliser les effets du stress dans une vie quotidienne. Stéphane est employé au sein d’une administration, il est célibataire et sans enfants. Virginie est responsable de magasin dans le domaine du textile, elle est mariée et a un fils d’un an et demi.
Dans une situation de stress équilibré, Virginie doit faire face au quotidien à des impératifs de son métier, elle élève au mieux son enfant et entretient une relation de couple satisfaisante. Jour après jour, elle règle les retards de livraison, les absences des membres de l’équipe, les maladies de son enfant, les disputes du couple,…
Ces phases de rush font place à des accalmies, de la reconnaissance, des journées de vacances en famille, des restaurants entre époux, des après-midi détente,… Globalement, Virginie est satisfaite voire même heureuse de son sort. Stéphane fonctionne convenablement dans un système imparfait où il a réussi à tisser des liens de confiance. Il peuple ses moments de détente par du badminton et du jardinage de terrasse. Il ne répugne pas à faire la fête de temps en temps et à visiter des pays qui « gosse le faisait rêver ». Quand on l’interroge, il se définit comme un célibataire partiellement insatisfait d’une vie tout à fait satisfaisante.

Particularité de l’être humain : l’imagination du stress

Bien souvent on associe le stress à des réactions des cerveaux supérieurs, comme l’angoisse ou l’anticipation (les ruminations ou l’anxiété anticipative).
L’être humain reste un mammifère dont une des caractéristiques est d’agir. Il est également capable d’anticiper l’action qui sera teintée dès lors de sentiments de possibles succès ou échecs.
Ces pensées automatiques peuvent être à connotation positive ou négative. Ces anticipations vont déclencher des émotions et des sensations. Cette projection dans une scène future peut nous rendre joyeux, anxieux, tristes, frustrés. Nous pouvons, également, trembler de peur à l’idée d’affronter dans quelques heures un examen. Physiquement nous sommes touchés alors que notre corps est à l’abri de la source d’anxiété.
Ici, le stress peut alors être défini comme un état de dysharmonie transitoire ou permanente qui trouve son origine au niveau de facteurs physiques (blessures, infections,…) ou émotionnels (tristesse, angoisse, frustration…).
L’individu peut, parfois, involontairement, déclencher son propre stress ou le renforcer : en se coupant de ses propres ressources par des pensées limitantes ou en freinant sa créativité par des erreurs de logique (Je suis stressé donc pour me mettre à l’abri du stress je vais m’empêcher de participer à des évènements qui pourraient le favoriser : réunions, confrontations, etc. – On s’engage dans une lutte contre des évènements internes).
Ce cocktail peut être pimenté par des attentes hors normes qui mènent dans certaines situations à la déception et la désillusion. L’enthousiasme est alors battu en brèche, l’individu se flagelle à coup de “t’es nul, t’y arriveras pas”, il se compare en se diminuant par rapport aux autres “tellement plus performants”, pensant posséder l’étalon de la valeur humaine.
Stéphane nourrit de grandes ambitions, il n’y parvient qu’avec effort et difficulté. Il ramène quelques fois ses problèmes d’inertie du travail au sein de sa sphère privée. Il se plaint de ses supérieurs et des lenteurs du système. Parfois, même quand le travail est géographiquement loin, il y pense et dans certaines circonstances « cela l’énerve »…
Le burnout et le stress au travail sont des processus qui touchent des personnes « saines », motivés et compétentes faisant preuves de mécanismes adaptatifs, infructueux dans un contexte donné.

Pour découvrir le dossier complet Peoplesphere n°197 consacré à la Gestion Positive du Stress, rendez-vous ici : http://www.peoplesphere.be/fr/abo/

 

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