Dans sa dernière étude intitulée « Technology, Jobs and the future of work », le McKinsey Global Institute décrit le futur du travail en se penchant particulièrement sur trois sujets : la situation des Millennials, l’automatisation des emplois et le rôle d’internet dans le futur du travail. Et de constater qu’il y a un avenir positif possible à condition de régler les décalages importants existants entre la situation actuelle et les besoins émergents en vue d’assurer un équilibre harmonieux.La cellule de veille du groupe BNP Paribas, L’Atelier, s’est livrée à un exercice de synthèse partant de cette étude. Premier sujet d’analyse : les Millennials et leur appréhension du marché du travail.
« Les jeunes de la génération Y arrivent sur le marché du travail ou y sont depuis peu. Or, d’après McKinsey 60% des employeurs considèrent que ces jeunes diplômés sont mal préparés au marché du travail à la fois d’un point de vue technique (en sciences, technologie, ingénierie et mathématiques) et concernant les compétences relationnelles et humaines (en termes de communication, travail d’équipe, ponctualité). Au point que pour 40% des employeurs, le manque de compétences est la raison principale de vacance des postes élémentaires.
Pourtant, les Millennials se disent souvent surqualifiés pour leur travail. Dans un récent sondage mené par Linkedin et cité par l’institut de recherche, 37% des répondants en recherche d’emploi affirment que leur gagne-pain actuel ne leur permet pas d’exprimer tout leur potentiel. De même, une étude du CNRS publiée mercredi 14 décembre, indique que 65% des jeunes actifs ne se considèrent pas payés à la hauteur de leur qualification. Pour les chercheurs McKinsey, un facteur géographique pourrait l’expliquer : la demande ne se trouverait pas au même endroit que l’offre. »
La technologie génére des emplois.
Second défi en cours : la robotisation. Avec un constat de départ réaliste : « Les jeunes seront évidemment davantage confrontés à la concurrence des robots. Selon l’étude, avec les technologies actuelles, moins de 5% des emplois (mais 15 à 20% des emplois peu qualifiés) pourraient être remplacés par une intelligence artificielle. En revanche, quasiment tous les emplois pourraient faire l’objet d’une automatisation partielle à des degrés différents : des chefs d’entreprise aux paysagistes en passant par les stylistes. 60% des emplois d’aujourd’hui pourraient déjà voir 30% de leurs activités automatisés. McKinsey Global Institute prédit qu’il faudrait attendre au moins deux décennies pour que l’automatisation atteigne 50% des emplois aujourd’hui.
La technologie n’est pas seulement source de risques pour l’emploi, bien au contraire. L’étude révèle qu’un tiers des nouveaux emplois créés aux Etats-Unis au cours des 25 dernières années n’existaient pas auparavant. C’est le cas notamment de postes dans le secteur des technologies et matériels informatiques ou la création d’applications smartphone. Le rôle croissant du Big Data dans l’économie justifierait ainsi l’embauche de 250.000 data scientists en une décennie aux Etats-Unis. »
Des plateformes digitales au service du marché.
Le rôle à jouer par les plateformes digitales pour une meilleure adéquation entre l’offre et la demande sera déterminant : « Par ailleurs, les plateformes digitales améliorent souvent le recrutement. Les intéressés peuvent aussi travailler davantage et/ou choisir leurs heures. D’après un sondage cité par l’étude, des horaires flexibles motiveraient trois quarts des mères au foyers américaines à travailler. L’impact économique serait significatif même si une faible portion des inactifs travaillaient quelques heures par semaine grâce à des plateformes comme Uber, Etsy, TaskRabbit…
20 à 30% des personnes en âge de travailler aux Etats-Unis et dans l’Union Européenne sont freelances. Parmi elles, 70% le font par choix. Les travailleurs indépendants ne sont que 15% à passer par une plateforme mais ce chiffre augmente rapidement. Les 30% de freelances par défaut sont mécontents de la variabilité des revenus et du manque de bénéfices associés aux emplois traditionnels comme les congés payés ou l’accès à une mutuelle d’entreprise. C’est le cas notamment des chauffeurs Uber qui manifestent à Paris ou ailleurs. »
Cap sur les pays en voie de développement
L’équilibre du marché passera aussi par la progression du digital dans des parties du monde défavorisées aujourd’hui: « Plus de quatre milliards de personnes, soit près de la moitié de la population totale, n’a pas accès à internet. La majorité d’entre eux, 75%, se concentrent dans une vingtaine de pays en développement comme le Pakistan, le Nigéria ou encore la Tanzanie. Cela concerne surtout des populations féminines, rurales, âgées, illettrées et pauvres. Impossible pour ces derniers ou même plutôt ces dernières de profiter de ces opportunités de petits boulots offertes par les plateformes du digital.
L’adoption de la technologie dans ces contrées doit s’accompagner de formations pour être profitable. D’après les chercheurs, cela pourrait créer énormément de valeur à condition que la main d’oeuvre soit compétente. En Inde par exemple, les technologies numériques sont à la base de multiples innovations qui pourraient contribuer de 550 milliards de dollars à un billion de dollars au PIB par an en 2025, selon l’institut de recherche. Et pour cause, d’ici à 2020, le pays de Gandhi hébergera près de 300 millions de nouveaux utilisateurs d’internet contre 60 à 80 millions aujourd’hui, si l’on en croit une étude du cabinet de conseil en stratégie BCG de juillet 2016. »
Source : atelier.net