Selon une nouvelle étude de référence, 14 % des salariés belges consomment en moyenne plus de 2 à 3 verres d’alcool par jour. Le nombre de travailleurs chez qui on observe une consommation d’alcool problématique selon les nouvelles normes plus strictes (10 verres par semaine) est encore plus élevé. Principale corrélation identifiée à l’occasion de cette étude : l’augmentation du stress constitue sans doute une partie de l’explication.La tendance à la hausse de la consommation d’alcool se maintient depuis six ans, hormis pour la période 2009-2010 (en effet, pour cette période, la consommation d’alcool avait chuté à 10 %), probablement du fait de l’introduction de l’interdiction de fumer. Evidemment, cette consommation problématique peut avoir des conséquences sur leurs performances au travail.
Qui est concerné ?
L’étude n’échappe pas aux clichés. Elle relève en effet que les excès sont surtout observés chez les hommes, les fonctionnaires et les fumeurs ! « Deux fois plus d’hommes que de femmes déclarent boire trop (18 % vs 9 %). L’abus d’alcool est plus fréquent chez les salariés du secteur public que ceux du secteur privé (17 % vs 12 %). Fumer et boire vont de pair : les fumeurs sont plus de deux fois plus nombreux que les non-fumeurs à consommer trop d’alcool (23 % vs 10 %). »
Corrélation entre le stress et l’alcool
« La consommation excessive d’alcool et le stress vont de pair ; les salariés sujets au stress présentent plus fréquemment un comportement problématique à la boisson (17 % vs 11 %) et les buveurs problématiques sont plus stressés (59 % vs 47 %). Ils sont plus sujets au stress au travail (68 % vs 61 %) et plus sujets au stress dans leur vie privée (50 % vs 34 %). Les salariés qui consomment trop d’alcool disent plus souvent avoir trop de travail (60 % vs 49 %), font davantage d’heures supplémentaires (49 % vs 32 %) et la navette domicile-travail leur pèse plus souvent (48 % vs 29 %). Ils trouvent également leur travail plus lourd émotionnellement parlant (51 % vs 40 %) et sont plus incertains à propos de leur emploi (39 % vs 22 %). »
Bart Garmyn, directeur médical adjoint chez Securex : « Les salariés qui souffrent beaucoup du stress dans leur cadre professionnel ou leur vie privée sont, plus souvent, des buveurs problématiques. Prendre un petit verre de porto après une journée stressante peut, certes, aider à réduire le stress sur le court terme, mais cela ne résout pas le problème. Au contraire, empoigner la bouteille, chaque fois qu’une situation stressante se présente, débouche, à terme, sur une consommation problématique d’alcool. La consommation d’alcool pour réduire le stress est un mécanisme de compensation souvent utilisé, mais vraiment inapproprié. En effet, l’alcool est néfaste pour le système neurologique et induit justement du stress. Faire du sport ou bouger est une bonne alternative pour la santé. Les endorphines libérées grâce à l’activité physique aident également à réduire le stress. »
Les salariés qui consomment trop d’alcool sont généralement plus nombreux à être mal dans leur peau (53 % vs 38%) et plus nombreux à ne pas ménager les personnes de leur entourage (45 % vs 27 %). 59 % des salariés consommant trop d’alcool indiquent que leur travail a une influence sur leurs maux physiques, contre 47 % pour ceux qui boivent moins. 55 % des personnes présentant une consommation excessive d’alcool constatent que leur travail pâtit de leur état d’esprit, contre 44 % pour ceux qui boivent moins.
Cette étude a été réalisée dans le cadre d’une enquête de référence biennale. Celle-ci nous concerne, entre autres, la satisfaction, le stress, la vitalité, la motivation et l’implication du salariat belge. La collecte des données est assurée au moyen d’enquêtes en ligne. 1 754 salariés du marché du travail belge ont participé à l’étude au printemps 2015 (janvier). Après ré-échantillonnage, le panel comptait 1671 répondants. La répartition de l’échantillon correspond pour les variables genres, âge, région et statut, à celle du marché du travail belge.