Selon une nouvelle étude de l’IÉSEG School of Management, les « amortisseurs d’anxiété » réduisent la peur des employés de perdre leur emploi, ce qui les rend moins enclins à développer de nouvelles compétences. Les auteurs expliquent que certaines croyances – comme notre propre estime de soi – sont étroitement liées à notre travail. L’automatisation soulève des questions quant à leur validité pour l’avenir.
Une nouvelle étude réalisée par les professeurs Frank Goethals et Jennifer Ziegelmayer de l’IÉSEG School of Management (Lille et Paris) explique pourquoi les employés sous-estiment les messages sur la menace potentielle de l’automatisation du lieu de travail.
L’article, publié dans le journal Information Technology & People, conclut que, lorsqu’ils sont confrontés à l’automatisation et quel que soit leur rôle, les employés ont tendance à penser que d’autres postes sont plus à risque ou bien qu’ils sont moins à risque que d’autres personnes occupant le même poste. Les auteurs ont établi un lien entre ce paradoxe et la théorie de la gestion de la terreur et avertissent que ce faux sentiment de sécurité peut réduire l’initiative des employés à acquérir de nouvelles compétences moins sensibles à l’automatisation.
La théorie de la gestion de la terreur décrit trois « amortisseurs d’anxiété » qui aident les gens à fonctionner normalement malgré la menace de mort : l’estime de soi, une vision du monde stable et les relations interpersonnelles.
Les mécanismes d’autoconservation pourraient entraver notre adaptation à l’automatisation
Grâce à une série d’entretiens menés auprès de 161 professionnels basés en Belgique, les auteurs ont constaté que leur emploi contribuait à l’estime de soi des personnes interrogées, instruisait leur vision du monde (car il est difficile d’imaginer un monde sans travail) et s’accompagnait de relations sociales sur lesquelles elles pouvaient compter. Tous ces éléments agissent comme des amortisseurs d’anxiété, expliquant leur moindre peur de perdre leur emploi à cause de l’automatisation.
« Si l’automatisation n’a pas encore atteint des niveaux extrêmes sur le lieu de travail, il sera néanmoins important que les entreprises et la société s’y préparent dans les mois et les années à venir », explique le professeur Ziegelmayer. Cependant, si les entreprises et la société veulent envoyer les bons messages à la population pour qu’elle se prépare à l’automatisation, elles doivent tenir compte des amortisseurs d’anxiété, sinon leurs efforts pourraient s’avérer inefficaces. En effet, « les employés peuvent créer un faux sentiment de sécurité et éviter de prendre des mesures pour améliorer leur employabilité dans les domaines qui ne seront pas touchés par l’automatisation ».
L’étude aide à comprendre les mécanismes de réponse aux menaces et vise à aider les organisations et la société à faire la transition en parallèle des changements sociétaux. En outre, les auteurs soulignent qu’à long terme, la société pourrait devoir développer d’autres sources d’estime de soi et d’autres visions du monde moins liées à leur travail.
Source : IESEG – School of Management