Un peu plus de 6% des travailleurs de notre pays ont recours à l’une ou l’autre forme d’interruption de carrière. Il s’agit d’une baisse de 5% par rapport à 2021 et du niveau le plus bas de ces quatre dernières années. Comment l’expliquer ? D’une part, le télétravail structurel gagne du terrain, rendant le travail à temps partiel moins nécessaire pour concilier vie professionnelle et vie privée. D’autre part, le coût de la vie augmente, ce qui contraint les travailleurs à garder un emploi à temps plein.
Une seule forme d’interruption de carrière a gagné en popularité l’année dernière : le congé parental à temps partiel (+4,3%), grâce aux pères qui optent souvent pour une demi-journée de congé parental par semaine. C’est ce qu’a constaté l’entreprise de services RH Acerta, sur la base des chiffres réels de quelque 260.000 travailleurs en service auprès de quelque 40.000 grandes et petites entreprises.
Baisse structurelle des interruptions de carrière
Le 1er février, de nouvelles règles sont entrées en vigueur en matière d’interruption de carrière. Par exemple, les travailleurs ne peuvent désormais plus demander de crédit-temps à temps plein assorti d’une allocation pour les enfants âgés de plus de 5 ans et le nombre total de mois pendant lesquels ils peuvent prendre un crédit-temps pour l’octroi de soins à leur enfant a été revu à la baisse. Les conditions d’ancienneté ont également été renforcées et l’allocation complémentaire pour les plus de 50 ans en crédit-temps a été modifiée. Même sans ces règles plus strictes, les Belges semblent toutefois de plus en plus réticents à avoir recours à une quelconque interruption de carrière. L’année dernière, le pourcentage de travailleurs bénéficiant d’une interruption de carrière a sensiblement diminué. Aujourd’hui, seuls 6,3% des travailleurs en moyenne ont encore recours à une forme d’interruption de carrière. Cela représente 4,7% de moins qu’en 2021 et le niveau le plus bas de ces quatre dernières années.
Amandine Boseret, experte juridique en interruption de carrière chez Acerta Consult, explique : « Le nombre d’interruptions de carrière a entamé sa descente il y a déjà un moment. En 2021, nous avons assisté à une rupture nette de tendance en raison de l’adoption structurelle du télétravail par de nombreux travailleurs. En effet, il leur permet de mieux concilier vie professionnelle et vie privée, ce qui réduit la nécessité d’une interruption de carrière. Cette légère perte de popularité des interruptions de carrière en 2022 pourrait indiquer que le télétravail continue de séduire de plus en plus de travailleurs, mais un autre facteur joue également un rôle : le coût de la vie. Malgré les allocations, une interruption de carrière entraîne une perte de salaire. Si le coût de la vie augmente de plus de 10% en raison de l’inflation, de nombreux travailleurs pourraient préférer faire l’impasse sur une interruption de carrière. N’oublions pas, enfin, la pénurie de main-d’œuvre qui pousse les entreprises à préférer tirer au maximum profit de la main-d’œuvre dont elles disposent. Qui dit moins d’interruptions de carrière, dit plus de travail avec le même nombre de collaborateurs, ce qui peut aider à faire face à la pénurie de main-d’œuvre. »
Le congé parental à temps partiel est le seul à progresser
Là encore, les formes les plus populaires d’interruption de carrière en 2022 ont été le temps partiel. Parmi elles se trouve le crédit-temps à temps partiel qui, avec ses 3,4 %, a touché le plus grand nombre de travailleurs, et ce, malgré une baisse de popularité de 10 % par rapport à 2021. La seule forme d’interruption de carrière à avoir enregistré un gain de popularité en 2022 est le congé parental à temps partiel (+4,3 %), qui permet au parent de rester à la maison pour garder les enfants pendant une demi-journée, une journée entière ou deux jours et demi par semaine de travail.
Amandine Boseret poursuit : « La popularité des interruptions de carrière à temps partiel par rapport à celles à temps plein n’est en rien surprenante. Une interruption de carrière à temps partiel a à la fois moins d’impact financier et moins d’impact sur l’organisation du travail. Cet impact est, pour ainsi dire, étalé dans le temps, ce qui facilite les choses pour tout le monde – travailleurs et employeurs. »
Le congé parental à temps partiel doit sa croissance au congé parental à 1/10e
Les travailleurs disposent de diverses options pour prendre un congé parental à temps partiel. Un peu moins de 70 % des parents en congé parental à temps partiel optent pour le congé parental à 1/5e, soit un jour par semaine à la maison. C’est toutefois le congé parental à 1/10e (une demi-journée de travail par semaine) qui connaît la croissance la plus significative : en 2021, 22,4 % des parents actifs ont opté pour ce congé, en 2022, cette part est déjà passée à 26,2 %.
Les pères ont une petite préférence pour le congé parental à 1/10e
La popularité croissante du congé parental à 1/10e est en partie due aux pères. Trois pères sur dix qui prennent un congé parental optent pour la variante à 1/10e. En 2022, un total de 1,6 % des travailleurs masculins ont opté pour un congé parental à temps partiel, soit une hausse de 21 % par rapport à deux ans auparavant. Quant aux mamans, elles sont 2,22 % à prendre un congé parental à temps partiel, soit une hausse de 26 % par rapport à 2020.
Source: les données recueillies sont basées sur les données réelles d’un échantillon de 260.000 travailleurs en service auprès de plus de 40 000 employeurs issus du secteur privé, dont relèvent aussi bien des PME que des grandes entreprises.