Chaque année depuis 2015, les mutualités Solidaris prennent le pouls de la population belge francophone: plus de 1000 personnes sont interrogées (par téléphone et en ligne) sur plus de 200 questions ayant trait à leur bien-être, leurs conditions objectives de vie mais aussi leurs relations interpersonnelles, leur rapport au travail ou encore à la politique et aux institutions.
Pour cette 8ème année, l’indice composite qui mesure cet état général moyen confirme la hausse mesurée en 2022, s’établissant ainsi à 53,3. Toutefois, derrière les moyennes se cachent parfois des réalités bien différentes pour les individus. Ainsi, Solidaris épingle des profils qui ne profitent pas ou peu de cette petite remontée :
- Les femmes demeurent à un indice de 49,4 (stable sur une année), tandis que les hommes enregistrent une augmentation de 5,5% pour arriver à 57,4. De nombreux items sur le travail montrent en outre que celles-ci souffrent davantage de conditions de travail et d’une articulation vie privée / vie professionnelle bien plus compliquées ;
- Non sans lien, les familles monoparentales avec un indice de 43,4 accusent une baisse de 21,5% sur 8 ans ;
- Autre profil, souvent sous le feu des critiques, celui des personnes en incapacité de travail, qui présentent un indice moyen de 30, enregistrant une diminution de 17,7% sur une période de 8 ans ;
- D’autres profils semblent s’en sortir un peu mieux que les autres à court terme (et quand ils ne combinent pas cette situation avec les profils cités ci-dessus) : les travailleurs, les moins de 40 ans et les couples. Les indexations sur les salaires, la « fin » de la crise énergétique et la sortie de la crise covid ont redonné un peu de souffle à certains, sans toutefois que l’on puisse retrouver les plus hauts niveaux mesurés depuis le début du baromètre.
Une protection sociale renforcée
Face aux inégalités, une protection sociale forte constitue un bouclier et un outil de cohésion sociale puissant. Elle doit continuer à être garantie et même renforcée dans des domaines où il y a une insuffisance voire une absence d’intervention. C’est pour cela que Solidaris plaide notamment pour un financement qui doit rester fédéral, principalement basé sur les cotisations sociales mais aussi une fiscalité plus juste sur tous les types de revenus. Et pour garantir un niveau de vie correct à chacun : l’individualisation complète des droits sociaux, le relèvement de toutes les allocations minimales de 10% au-delà du seuil de pauvreté (pour une personne isolée) et des plafonds salariaux sur lesquels sont calculées les allocations sociales et enfin, une automatisation du statut BIM. 21,5% des personnes interrogées n’arrivent pas à boucler leur fin de mois ou ne s’en sortent pas financièrement, il est donc urgent d’agir.
Inégalités en santé mentale: besoin d’actions rapides.
La santé mentale, qui reste un thème central de cette enquête, présente quant à elle des chiffres toujours inquiétants et eux aussi empreints d’inégalités profondes : 36% des femmes peuvent être classées comme étant en dépression modérée à sévère contre 25% des hommes, 4 personnes sur 10 au sein des groupes sociaux précaires contre une sur 4 dans les groupes sociaux aisés. En vue des élections 2024, Solidaris émet de nombreuses recommandations dans ce champ parmi lesquelles accélérer et faciliter l’accès à des soins psychologiques de première ligne par la gratuité des séances pour les BIM et la suppression des limites du nombre de séances remboursées ; mais aussi promouvoir des emplois de qualité, en particulier dans les domaines du soin où les femmes sont davantage représentées et au sein desquels la pénurie menace grandement le bien-être de toute notre société.
Les inquiétudes financières persistent
Malgré tout, on peut se réjouir de la très bonne perception de notre système de santé par les Belges francophones qui sont ¾ à le juger d’excellente qualité. Pourtant, les profils cités plus haut se sentent souvent et légitimement insuffisamment protégés. Par ailleurs, plus de 6 personnes sur 10 ont des craintes sur la viabilité financière de notre système de soins de santé. Des craintes partagées par Solidaris qui soutient entre autres pour cette raison une norme de croissance de soins de santé réaliste, à savoir de 3% .
Source : Institut Solidaris