En interrogeant un panel de 470 patrons de grandes, moyennes et petites entreprises, le groupe RH Acerta a voulu détecter comment les employeurs anticipent l’impact de la numérisation et de la robotisation sur le volume global de l’emploi. Résultat : huit employeurs sur dix prévoient une perte globale d’emplois malgré plus d’embauches. Et un employeur sur deux pense que l’impact de la robotisation et la numérisation se manifestera déjà d’ici trois à cinq ans.
L’enquête indique que 79 % des CEO devront engager des nouvelles recrues. « La numérisation et la robotisation offrent des possibilités d’engager des nouveaux collaborateurs suite à une augmentation de la production et du besoin de compétences spécifiques. Parallèlement, 8 CEO sur 10 affirment que la numérisation les obligera à licencier plus de 5 % de leur personnel, alors que moins de 6 CEO sur 10 tablent sur plus de 5 % de nouveaux engagements. Globalement, des emplois seront donc perdus. 47 % des employeurs pensent que l’impact de la robotisation se manifestera d’ici 3 à 5 ans. »
Les CEO pensent que l’impact se fera le plus ressentir dans le secteur de l’industrie (42 %), puis dans le secteur des banques et des assurances (38 %) et enfin dans le secteur tertiaire (35 %). 47 % estiment que l’impact de la quatrième révolution industrielle ne se fera ressentir sur leur propre organisation que d’ici 3 à 5 ans, voire dans plus de 5 ans pour 41 % d’entre eux.
Un nombre global de travailleurs plus restreint
Ordinateurs et robots devraient également reprendre un nombre croissant de tâches. Il ressort clairement de l’enquête que les CEO estiment que cette automatisation aura un impact sur le nombre global actuel des travailleurs. D’après eux, cadres (3 %), employés administratifs (21 %), employés de production (25 %) et ouvriers (16 %) sentiront cet impact tandis que 35 % ne prévoient aucun impact sur l’occupation.
« Les CEO estiment tout de même qu’ils devront chercher du personnel. 79 % d’entre eux déclarent que cette évolution entraînera des embauches supplémentaires, contre 21 % d’avis contraires. Les embauches seront nécessaires parce que la production augmente (28 %) et que le contenu des emplois change et qu’il faut par conséquent engager des travailleurs avec d’autres compétences (51 %). Du point de vue des emplois, cette nouvelle révolution industrielle ne différera pas grandement de la troisième révolution industrielle. Certains emplois disparaîtront tandis que d’autres verront le jour. Au vu de la pénurie actuelle et de la demande croissante de flexibilité sur le marché de l’emploi, nous sommes convaincus que les employeurs devront chercher une partie des nouvelles capacités auprès de leurs collaborateurs actuels. Ils feraient donc bien de répertorier les talents de leurs collaborateurs afin de les exploiter au maximum dans cette réalité changeante. Les formations joueront également un rôle crucial dans la réorganisation des ressources selon les nouvelles exigences de fonction. »
Il ressort de l’étude que les directions estiment que la somme des pertes d’emploi et la création de nouveaux emplois déboucheront sur moins de membres du personnel. « 8 CEO sur 10 estiment devoir licencier plus de 5 % de leur personnel en raison de l’Industrie 4.0, tandis que seuls 55 % d’entre eux prévoient d’embaucher plus de 5 % de personnel. Globalement, on peut donc s’attendre à ce que la 4e révolution industrielle entraînera l’un dans l’autre une diminution de l’emploi dans les entreprises existantes. »
Tensions en hausse sur le marché du travail
Les frais salariaux en hausse, la concurrence et le renouvellement des produits assurent la volonté d’évolution des CEO. Ceux-ci reconnaissent l’impact de la robotisation sur leur politique du personnel. Ils y voient une occasion de réagir à la pénurie sur le marché de l’emploi et le flux sortant de travailleurs plus âgés. Toutefois, ce nouveau paysage demande une mise à jour en profondeur du cadre législatif actuel concernant le Travail faisable et maniable.
Olivier Marcq, juriste chez Acerta : « Les mesures prises par Kris Peeters constituent les premiers pas dans la bonne direction, mais ne sont pas assez élaborées pour combler les nouveaux besoins auxquels les entreprises devront satisfaire. Le nouveau cadre légal devra s’aligner davantage sur la quatrième révolution industrielle, de sorte que les employeurs puissent s’adapter plus rapidement à ce nouvel environnement. »
À propos des chiffres
L’enquête ci-dessus a été effectuée en juin dernier en collaboration avec un bureau d’enquête reconnu par le biais de la méthode de panel en ligne. 469 CEO ou dirigeants d’entreprise actifs dans différents secteurs et régions ont participé à l’enquête. L’échantillon regroupait des CEO de petites, moyennes et grandes entreprises.