Le dialogue social entre les employeurs, les travailleurs et les pouvoirs publics peut jouer un rôle essentiel dans la gestion des conséquences de la crise du COVID-19 sur le lieu de travail et recèle un fort potentiel pour que soient préservés les moyens de subsistance et les perspectives des personnes les plus durement touchées par la crise, constate un nouveau rapport publié conjointement par l’OCDE, l’Organisation internationale du travail (OIT) et l’initiative mondiale Global Deal.
Le rapport intitulé Social Dialogue, Skills and COVID-19 (« Dialogue social, compétences et COVID-19 ») indique que la pandémie a mis en évidence et intensifié les inégalités sous-jacentes, et qu’elle a des répercussions disproportionnées sur les groupes vulnérables déjà en proie à la précarité, tels que la main-d’œuvre peu qualifiée, les travailleurs du secteur informel, les jeunes et les femmes.
Le rapport affirme que le dialogue social et la négociation collective ont un rôle primordial à jouer dans la reconstruction d’une économie plus durable dans laquelle les fruits de la croissance sont redistribués à l’ensemble de la société.
Les accords entre entreprises, organisations syndicales et pouvoirs publics ont souvent joué un rôle important dans la mise en place des dispositifs de chômage partiel destinés à protéger les revenus et les entreprises pendant les mesures de confinement. Ces accords ont été articulés essentiellement autour de l’engagement des employeurs à ne pas licencier leurs salariés, contre l’acceptation par les syndicats d’une réduction du temps de travail et des salaires, les pouvoirs publics intervenant dans un deuxième temps par des prestations ou des subventions salariales destinées à compenser les pertes de salaire.
Ce type d’accord peut contribuer à renforcer la confiance des consommateurs en maintenant les travailleurs dans leur emploi et en préservant leurs revenus. Le rapport examine l’efficacité de ces dispositifs dans un certain nombre de pays, parmi lesquels l’Allemagne, l’Italie et la France. Au Danemark, les mesures de maintien dans l’emploi ont permis de limiter la hausse du taux de chômage à 0.1 point de pourcentage entre février et mai 2020. En Corée, les partenaires sociaux ont décidé de rehausser de 63 % à 75 % l’aide au maintien dans l’emploi et de l’assortir de mesures supplémentaires de soutien d’urgence en faveur des petites entreprises et des travailleurs en contrat atypique.
Le rapport souligne l’importance d’associer l’ensemble des partenaires sociaux pour instaurer des conditions de travail sûres pendant la pandémie, spécialement dans un contexte où les salariés risquent, individuellement, d’être encore moins enclins à exprimer leurs préoccupations en ces temps de crise, de crainte de perdre leur emploi. Le dialogue social offre un cadre qui permet de mieux appréhender leurs préoccupations et de négocier des solutions équilibrées.
Présentant le rapport aux côtés du Directeur de l’OIT Guy Ryder et de la ministre suédoise du Commerce extérieur Anna Hallberg, le Secrétaire général de l’OCDE Angel Gurría a déclaré : « Le dialogue social a façonné les politiques qui ont soutenu les travailleurs et l’économie, contribuant à renforcer la confiance pendant la crise. L’importance du dialogue social ne se limite pas à la gestion immédiate de la crise. Il permet également aux pays de tenir leurs engagements dans le cadre de l’Agenda 2030 des Nations Unies et de se préparer aux évolutions mondiales, comme la numérisation, la mondialisation et le changement climatique ».
Étant donné que bon nombre des travailleurs « en première ligne », essentiels en cette période de crise, perçoivent des salaires peu élevés, à l’image des salariés des secteurs de la santé ou de l’agroalimentaire, ou des caissiers de supermarchés, la fixation de salaires minimums convenables, par la législation et/ou par la négociation collective, et la prise de décisions équilibrées par le dialogue social peuvent permettre d’améliorer les niveaux de vie. La justice et l’équité iront dans le sens d’un marché du travail plus résilient et d’une reprise économique plus forte, indique le rapport.
Au-delà des défis posés par la crise du COVID-19, les marchés du travail doivent en outre s’adapter aux mutations technologiques, qui créent une demande de nouvelles compétences. Le rapport affirme que la clarté de l’action publique et des dispositifs est nécessaire pour promouvoir la formation continue et le développement des compétences. Le dialogue social s’impose aux niveaux national et sectoriel, et aussi dans les entreprises, et la participation des travailleurs aux prises de décisions peut permettre de susciter leur adhésion effective aux programmes de développement des compétences.
Source: OCDE – OIT – Global Deal