Selon un récent rapport, les entreprises dirigées par des minorités en Europe contribuent à l’économie à hauteur de plus de 570 milliards d’euros, malgré des obstacles considérables.
L’Allemagne arrive en tête en termes de contribution des entreprises issues de minorités, avec un chiffre d’affaires total de 191 milliards d’euros ; la France se place au second rang avec 120 milliards d’euros. Le rapport souligne que les entrepreneurs issus de minorités ethniques en Europe font face à de très nombreux obstacles, liés à des discriminations persistantes, au manque de contacts, aux questions de contrats et d’accès aux capitaux.
Le think tank OPEN en charge de la recherche sur les questions de migration et de diversité, publie aujourd’hui son rapport Minority Businesses Matter: Europe. Ce rapport examine la contribution des entrepreneurs issus de minorités ethniques en Europe et analyse les nombreux défis auxquels ils doivent faire face.
Il s’agit en l’espèce du premier rapport à recueillir ces données à travers le continent, dans lequel est notamment dressée la toute première liste des 50 plus grandes entreprises européennes détenues par des individus issus de minorités. Il s’inscrit dans la continuité d’un précédent rapport qui s’intéressait aux entreprises britanniques détenues par des entrepreneurs issus de minorités et publié par OPEN et MSDUK en février 2021.
Le rapport Minority Businesses Matter : Europe est le premier à décrire à la fois la contribution et les défis auxquels doivent faire face les entrepreneurs issus de minorités ethniques dans huit pays européens : Allemagne, France, Italie, Espagne, Pays-Bas, Suède, Belgique et Irlande.
Le rapport, sponsorisé par Unilever, Meta, IBM et AstraZeneca, révèle que les entreprises détenues par des individus appartenant à des minorités réalisent un chiffre d’affaires combiné d’au moins 570 milliards d’euros en Europe, ce qui représente environ 4,7 % de l’ensemble des entreprises (800 000 entreprises) et emploient 2,7 millions de personnes. La France se place au second rang des contributions les plus élevées puisque les entreprises détenues par des dirigeants issues de minorité y réalisent un chiffre de 120 milliards d’euros par an. Cela représente un total de 254,000 entreprises pour 584,000 employés. La France n’est devancée que par l’Allemagne dont le chiffre d’affaires des entreprises analysées représente 191 milliards d’euros, et est suivie par les Pays-Bas (avec 88 milliards d’euros).
Le rapport note également que, parmi les plus grandes entreprises françaises détenues par des leaders issus de minorités, plus de la moitié trouvent leurs origines au sein du monde arabe.
Plus globalement, parmi les 50 plus grandes entreprises détenues par des dirigeants issus de minorités ethniques, on retrouve dans le secteur des nouvelles technologies six licornes réparties dans trois pays d’Europe (Allemagne, Pays-Bas et Suisse).
Enfin, parmi ses entreprises, il ressort que la majorité ont été fondées ou sont détenues par des entrepreneurs originaires de Turquie (15), d’Inde (10), d’ethnies Arabes (10) et par un entrepreneur d’origine africaine (1). Trois ont été fondées ou sont détenues par des femmes.
Selon le rapport, les entrepreneurs issus de minorités ethniques en Europe restent confrontés à de nombreux obstacles qui sont liés à la fois à la persistance de discriminations mais également à un manque de contacts, d’opportunités commerciales ou de difficultés d’accès aux capitaux. S’appuyant sur des données de la Commission européenne, le rapport souligne que près de trois personnes sur cinq dans l’UE déclarent que la discrimination fondée sur l’origine ethnique ou la couleur de la peau demeure répandue dans leur pays.
Le rapport note cependant, qu’en dépit de ces difficultés, de nombreuses entreprises appartenant à des personnes issues de minorités tirent leur épingle du jeu et que ces entrepreneurs se démarquent en démontrant une immense volonté de réussir, une grande détermination à surmonter les nombreux défis auxquels ils sont confrontés et une résilience impressionnante pour rebondir après un échec.
Dans le souci de réduire au maximum l’effet de ces différents obstacles et faire émerger des solutions, MSDUK et OPEN proposent trois pistes de recommandations qui se concentrent sur une plus grande ouverture des données, une lutte plus efficace contre les discriminations et une plus grande valorisation de la diversité des entrepreneurs :
- Transparence des entreprises : Tous les pays de l’UE devraient ainsi imiter le Danemark en créant un registre public des propriétaires effectifs des entreprises, téléchargeable intégralement et gratuitement.
- Lutte contre les discriminations : Tous les pays de l’UE devraient collecter des données sur l’origine ethnique de leurs résidents, y compris des propriétaires d’entreprises. La plupart des pays de l’UE – à l’exception de l’Irlande – ne collectent aucune de ces données, ce qui rend difficile la mesure des progrès accomplis dans le cadre de la directive européenne sur l’égalité raciale, qui interdit toute discrimination fondée sur la race ou l’origine ethnique.
- Promotion de la diversité : Les pouvoirs publics et les grandes entreprises doivent mettre en œuvre des politiques d’achat inclusives qui offrent une plus grande égalité des chances pour les fournisseurs. Cela permettrait de remédier à l’impossibilité d’accès aux réseaux commerciaux traditionnels auxquelles sont confrontés de nombreuses entreprises détenues ou fondées par des personnes issues de minorités en Europe. Cela permettrait ainsi un accès à de plus larges réseaux de contacts, à davantage d’opportunités de conclure de nouveaux contrats et à davantage de capitaux.
Philippe Legrain, fondateur d’OPEN et auteur principal du rapport, a déclaré : « Malgré les énormes défis auxquels elles sont confrontées, les entreprises détenues ou fondées par des personnes appartenant à des minorités en Europe sont des leaders incontestables dans un grand nombre de domaines que ce soit la technologie, le développement durable ou encore la santé. Leur contribution à l’économie par le biais d’emplois à haute valeur ajoutée, de création de richesses ou d’innovation ne fera que croître. Si ces succès sont remarquables, les entrepreneurs issus de minorités ethniques ne bénéficient toujours pas d’une réelle égalité de traitement en Europe et ce problème demeure masqué par le manque de transparence des données et de reporting sur l’ethnicité dans la région. C’est à la fois une question de bon sens économique et un impératif moral que de relever ce défi et de veiller à ce que les entreprises détenues ou fondées par des personnes appartenant à des minorités prospèrent à travers l’Europe., C’est pourquoi nous avons imaginé ce rapport comme un véritable appel à agir pour les gouvernements et les entreprises européennes. »
Mayank Shah, fondateur et PDG de MSDUK et du Projet européen de diversité des fournisseurs (ESDP) a déclaré : « Les communautés issues de minorités et les immigrants jouent un rôle de plus en plus important dans les sociétés européennes. Ce rapport met en lumière leur contribution significative à l’économie. Une meilleure inclusion économique des entrepreneurs issus de minorités ethniques permettrait des chaînes d’approvisionnement plus résilientes, moins coûteuses et de meilleure qualité, capables d’exploiter de nouvelles innovations et de nouveaux marchés. Cela favoriserait également l’égalité et la justice socio-économiques, aujourd’hui vitales compte tenu des incertitudes économiques actuelles auxquelles l’Europe est confrontée. »
Il n’existe actuellement aucune donnée officielle compilée sur la contribution globale des entrepreneurs issus de minorités au sein de l’UE. Ce rapport s’est donc appuyé sur des données officielles sur l’origine ethnique des résidents en Europe en utilisant un algorithme, alimenté par l’intelligence artificielle, pour identifier les propriétaires bénéficiaires issus de minorités ethniques (ceux qui ne sont pas caucasiens et d’origine européenne).
Source: Rapport Minority Business Matters Europe – Le rapport d’OPEN, commandité par Minority Supplier Development UK (MSDUK), avec le soutien principal d’Unilever et les co-sponsorings de Meta, IBM et AstraZeneca, utilise des données provenant de huit pays européens pour déterminer les 50 premières entreprises détenus ou fondés par des personnes issus de minorités ethniques ainsi que la contribution globale de ces entreprises à l’économie européenne. Pour produire ces informations, OPEN a établi ses propres estimations à l’aide d’un algorithme mis au point par Namsor, une société française spécialisée dans la gestion des données, et recoupé avec une expertise humaine et des recherches supplémentaires.
Le rapport Minority Business Matters : Europe fait suite à la publication du rapport Minority Businesses Matter : The Contribution and Challenges of Ethnic Minority Businesses in the UK (février 2021) et EQUIP Europe : Why an growing diverse Europe needs EQUality In Procurement for ethnic minority entrepreneurs (septembre 2021), tous deux co-publiés par OPEN et MSDUK.