Edito – Libres et prisonniers: le management complexe et prometteur de la crise du corona.

On va s’éviter mutuellement nos journaux respectifs du confinement. Je suis sceptique quant à l’intérêt sociologique de l’exercice… Chacun d’entre nous passe certainement par une tranche de vie unique et le seul comparatif valable que nous pourrons établir au terme de celle-ci consistera à voir lequel/laquelle d’entre nous aura su garder la ligne et pourra rentrer à nouveau dans son tailleur/son costard lorsque nous pourrons sortir de nos cages dorées. Oh, comme il sera difficile de quitter nos sweats à capuche et nos joggings dans quelques semaines… Ceci étant, essayons plutôt de contribuer utilement à demain en essayant de tirer quelques leçons – oui, déjà ! – de cette expérience inédite que nous sommes en train de traverser ensemble et séparément. Car c’est bien là que se trouve l’intérêt de la situation.. Nous sommes en effet invités à rester chez nous. Nous sommes des prisonniers en liberté. Nous sommes libres de rester confinés. Qui a compris la nuance? Explications.

Désolé de le rappeler mais cette saloperie d’épidémie n’est que le fruit de nos comportements en tant que citoyens-consommateurs. Et il est évident qu’elle aura des conséquences concrètes sur notre manière de travailler également. De manière surprenante peut-être, nous allons jusqu’à prétendre que cet effet sera positif.
Les enjeux qui sont posés à l’occasion de cette période de confinement s’imposent à tous les travailleurs, quel que soit leur niveau hiérarchique ou leur rôle dans l’entreprise. De quoi s’agit-il?

Chacun d’entre nous est de facto devenu plus ‘responsable’ et gestionnaire de sa productivité, de son stress et de son équilibre entre vie privée et vie professionnelle. Repliés que nous sommes dans nos environnements respectifs, nos organisations n’ont pas d’autre choix que de faire confiance à la bonne volonté de chacun pour survivre au cours de ces quelques (longues) semaines de confinement.
En fait, cet emprisonnement non surveillé – ou, si l’on se place de l’autre côté, cette liberté contrôlée – doit stimuler chez les travailleurs trois ingrédients miracles dont nous sommes en quête depuis des années et plus encore…

Bon sens, discipline et soin de l’autre

La crise du coronavirus est en effet un examen de maturité pour nos entreprises et pour nos collaborateurs. Dans ce qui est attendu de nous à la fois en tant que personnes et en tant que travailleurs, elle fait appel à notre bon sens, à notre discipline et à notre capacité à prendre soin des autres. Les mesures de distanciation sociale sont pénibles mais elles constituent le meilleur rempart contre la maladie. Limiter nos déplacements bouleverse notre manière de vivre mais garantit une gestion maîtrisée de la circulation de l’épidémie. Eviter de fréquenter nos proches reste le meilleur moyen de veiller à ce qu’ils restent en bonne santé. Toutes ces injonctions paradoxales doivent en fait réveiller le meilleur chez chacun d’entre nous. Elles stimulent des comportements altruistes et durables que nous peinons à obtenir en temps normal.
Oserions-nous prendre le pari que ceux-ci seront installés une fois pour toutes au sortir de la crise? Honnêtement, non. Pas chez tout le monde en tout cas. Mais il ne fait aucun doute que bon nombre d’entre nous auront retenu la leçon.

La concertation sociale est mise à l’épreuve elle aussi. La période actuelle sonne parfois comme une trêve des confiseurs. Les élections sociales sont reportées, la mobilisation est générale pour franchir l’écueil ensemble, même si les partenaires sociaux restent vigilants face aux abus qui ne manquent pas du côté de patrons voyous et de collaborateurs abusant la confiance qui leur est accordée. Le timing est idéal pour que nous puissions tous nous aligner sur les fondamentaux d’un dialogue social constructif: bon sens, discipline et soin de l’autre, évidemment!

Bref, le temps de l’espoir sera bientôt de retour. Si nous pouvions basculer dans une êre post corona où la confiance et le respect total des engagements deviennent indissociables, nous aurons peut-être tiré le meilleur parti de ce terrible virus. C’est en tout cas le moindre des hommages que nous pourrions adresser à celles et ceux qui lui auront donné le reste de leur vie.

Jean-Paul Erhard

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