Nous applaudissons les récents exploits de la NASA qui parvient à dévier la trajectoire d’un astéroïde en y projetant un module de la taille d’une bagnole. Et pendant ce temps dédié à l’extase de nos prouesses scientifiques se prépare un véritable Armageddon RH pour nos entreprises avec plus de 10% d’indexation automatique des salaires pour la plupart des secteurs (car non, tous ne sont pas concernés!). Pouvons-nous encore anticiper une catastrophe annoncée qui devrait forcément provoquer un grand nombre de faillites et de licenciements? Comment pouvons-nous agir?
Vous le voyez venir ce magma monstrueux que nous allons prendre en pleine tronche dans les semaines qui viennent? De facto, dans la plupart de nos organisations, l’explosion des coûts du personnel va peser lourdement sur les comptes d’exploitation. Quel que soit notre mode de calcul, il va falloir trouver des solutions pour mettre les budgets à l’équilibre car il est peu probable que la seule croissance des activités – tellement imprévisible de nos jours – suffira à alimenter l’augmentation des coûts de personnel. Et par ailleurs, le report des charges patronales qui semble se décider en conclave budgétaire ne représente qu’un nouvel endettement lourd à supporter. Réfléchissons ensemble afin de savoir comment appréhender ce futur inquiétant…
1. Les travailleurs en ont besoin!
Les spécialistes de la complainte pestent contre le système d’indexation automatique qui régule l’évolution des salaires en Belgique. Cela ne va rien résoudre. Sans nous poser en ardents défenseurs de la lutte des classes, nous pouvons constater que nos collaborateurs ont tout simplement besoin de cet argent. Cette augmentation des coûts de personnel est justifiée sur le plan social, même si elle est violente.
Regardons dès lors s’il est possible d’améliorer notre fonctionnement et de trouver les quelques (milliers d’) euros qui manqueront à la fin de chaque mois. Le potentiel d’économies existe-t-il au sein de nos organisations? Si nous répondons honnêtement à cette question simple, nous devons reconnaître qu’il reste partout et tout le temps des zones d’inefficacité coûteuse dont nous devrions nous emparer sans délai. Cela va sans doute se traduire par un ralentissement de l’activité économique dans certains cas. Est-ce acceptable? Oui, bien sûr. Dans bien d’autres contextes, la dynamisation de nos organisations
2. Courage et empathie (encore)
Des dégâts, il y en aura. Le rôle de nos départements RH, entourés de toute la bienveillance de leurs comités de direction, sera de veiller à les limiter autant que possible. Le moment est venu de trouver le courage de régler enfin des situations injustes ou irréparables dans la manière dont les équipes sont composées. Evidemment, il y a des ‘escrocs’ dans nos effectifs (vous voyez ce qu’on veut dire?) et ce qui est déterminant lorsqu’il faut trancher quant à savoir qui reste et qui s’en va, c’est d’éviter la prime à la médiocrité. Notre relation naturelle à l’empathie nous aidera à faire preuve de mesure mais le moment est venu de régler les dossiers ‘en attente’ depuis de longs mois. Faire le constat du ‘quiet quitting’ et ne pas agir face au désengagement de certain.e.s de nos travailleurs n’est plus une option.
3. Tendre vers un nouveau modèle de rémunération
Il est temps d’introduire davantage de flexibilité dans nos outils de rémunération… Bien sûr, des formules existent déjà telles que les plans cafétéria et diverses formules de rémunérations alternatives mais cela joue aujourd’hui encore à la marge. Il semble nécessaire désormais de travailler sur un nouveau modèle basé sur un partage différent des bénéfices (et donc tributaire des performances réelles de nos entreprises). L’augmentation des rémunérations pourrait être concrétisée via une allocation différente, alignée par exemple sur les résultats trimestriels, déconnectée du calendrier implacable de payement des salaires en fin de mois. Faut-il prévoir des mécanismes de compensation lorsque les temps sont durs? Certainement. Nous pouvons en l’occurence faire confiance à notre créativité et notre aptitude à développer une certaine ingénierie en la matière. L’expertise de nos spécialistes en rémunération trouve aujourd’hui un terrain d’expression inédit. Le principe de l’indexation automatique des rémunérations en fonction du coût de la vie ne serait pas remis en cause mais pourrait être étalé dans le temps afin de s’adapter aux performances de nos entreprises.
Il est temps… Il est grand temps de mobiliser les énergies pour éviter les catastrophes. Et nous pouvons y aller en confiance et détermination car, finalement, réussir à dévier un astéroïde, nous y sommes déjà parvenus, ne sommes-nous pas?
Jean-Paul Erhard