Éditorial – L’entreprise apaisée est-elle possible dans une société de conflits?

Nous sommes en guerre. Depuis plusieurs années déjà, nous sommes en guerre contre les extrêmes religieux, contre les pandémies mondiales, contre la destruction des ressources naturelles (liste non exhaustive)… Nous sommes aussi en guerre les uns contre les autres à force de pointer les raisons d’être en désaccord sur nos valeurs, nos engagements et nos comportements. Les conflits sont tout autour de nous… C’est l’objet de notre question hebdomadaire: l’entreprise peut-elle envisager d’être un havre de paix dans cet environnement sociétal qui oppose les personnes les unes aux autres, qui invite les classes sociales à se haïr, qui pousse même les générations à se rejeter la responsabilité de la destruction de notre planète… Une nouvelle mission impossible, une de plus?

Un monde sans pitié

Généralisons, même si cela semble un peu ‘rapide’: dans nos vies quotidiennes, les couples et les familles ont explosé. Il est logique que la série se poursuive et que les équipes au sein de nos entreprises se désintègrent elles aussi. C’est toute la difficulté que nous rencontrons aujourd’hui pour créer du collectif. Les intérêts particuliers priment de manière quasi systématique. Et les conflits se multiplient. Ce qui nous inquiète davantage encore, c’est la violence des échanges en milieu de moins en moins tempéré. La conséquence de cette détérioration ? Nous sommes en danger à chaque instant. Nous sommes exposés tout le temps. C’est pourquoi il est devenu nécessaire de se préparer à faire face aux agressions, prévisibles et inattendues, en toutes circonstances. Deux stratégies possibles : le combat ou l’apaisement.

La source des conflits dans l’entreprise ? Cela reste une question d’ego avant tout

La tension est parfois considérée comme nécessaire dans nos organisations. C’est elle qui nous tiendrait en éveil. Nous sommes sceptiques… C’est surtout elle qui nous épuise en réalité. L’enjeu principal que nous retrouvons dans la plupart de nos entreprises à la source de ces tensions, cela reste l’ego et la défense des intérêts personnels. Bien sûr, le stress lié à la performance et à la réalisation des objectifs est bien présent. Il vient cependant au second plan par rapport aux enjeux de pouvoir individuel et de protection des privilèges acquis. Nous pouvons dépasser ce type de problèmes tellement récurrents. En travaillant sur ce qui réunit les groupes au lieu d’insister sur ce qui les distingue, il doit être possible de trouver des objectifs partagés. Cela ne règle pas les problématiques personnelles qui monopolisent l’attention aujourd’hui, mais cela permet de reprendre le dialogue sur une base de partage.

Zone refuge

Face à des situations privées compliquées, il y a une attente forte de pouvoir bénéficier d’un espace de bien-être à l’intérieur duquel la sensation de protection est réelle. Cela explique en partie du moins pourquoi il est tellement fondamental que nos organisations investissent sans retenue en matière de bien-être. Préserver l’intégrité mentale et physique de chacun.e de nos collaborateurs n’est plus seulement une obligation morale avec laquelle il faut composer. C’est un enjeu stratégique. L’entreprise (et ses dirigeants) peine encore et toujours à admettre qu’elle puisse incarner une zone refuge pour ses travailleurs. Pourtant, la plupart des compétences (prise de décision, développement personnel, gestion, apprentissage, prévention santé, etc…) y sont disponibles pour offrir à nos collègues un soutien concret et un encadrement efficace en vue de gérer les moments difficiles. Les mettre à leur disposition n’est finalement qu’une simple question de générosité.

Nous devons entre-temps rester réalistes. Tous les conflits ne peuvent être évités. Il y a en effet tellement de raisons de nous détester les uns les autres aujourd’hui: les fossés creusés entre les genres, entre les générations, entre les classes sociales, entre les communautés ethniques génèrent bien des frustrations. Nous ne sommes forcés de les subir. Ces inégalités peuvent être réduites. Et nos entreprises peuvent certainement nous offrir quelques parenthèses (enchantées) pour y parvenir.

Jean-Paul Erhard

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