En mars et avril 2017, 14.500 personnes ont répondu à l’enquête de la FGTB sur le travail « Modern Times ». Au menu du questionnaire : les conditions de travail, la pression au travail et la flexibilité, la sécurité sur le lieu de travail et l’impact de l’emploi sur la santé. Selon le syndicat, elle montre que les limites de la flexibilité ont été atteintes. « Il faut repenser en profondeur l’organisation et le temps de travail. Il est grand temps de faire marche arrière par rapport à la déshumanisation du travail. »
Principal enseignement relevé par la FGTB : « Les résultats de l’enquête démontrent qu’il ne faut plus se contenter de faire des constats. Il faut repenser en profondeur l’organisation et le temps de travail ! » Pourquoi et comment ? Voici les éléments de lecture proposés par les experts du syndicat socialiste.
Au bout d’un système…
« Le travail est déjà très flexible : journées extensibles, heures supplémentaires, horaires atypiques, temps partiels… La charge de travail pour certains est trop élevée, ou les effectifs insuffisants à ce point qu’il n’y a d’autre choix que de faire des heures supplémentaires (parfois ni payées ni récupérées). En outre, le temps partiel est très largement contraint. En majorité, ceux qui auraient la possibilité d’augmenter leur temps de travail le feraient volontiers.
Plus de la moitié des travailleurs craignent pour leur emploi. Cette insécurité de l’emploi ou ce sentiment d’insécurité, facteur de stress, n’est pas nécessairement liée à la précarité des statuts. »
Pour 80% des répondants, l’organisation du travail a un impact négatif sur la santé physique ou mentale. En cause, principalement la non adaptation du travail à l’homme : 66,3% des répondants ne peuvent adapter l’organisation de leur travail en cas de fatigue physique ou psychique, ce qui va à l’encontre du principe même de travail faisable et travail soutenable.
Déséquilibre privé/professionnel
« Les technologies modernes de communication estompent la frontière entre travail et vie privée. Elles contribuent au technostress et pas uniquement chez les cadres. La responsabilité des entreprises dans cette situation ressort à travers les réponses sur la politique de prévention – ou de réintégration – qui s’avère largement déficiente. Il en résulte le sentiment largement partagé que le travail dans ces conditions n’est pas soutenable jusqu’à l’âge de la retraite.
Inquiétant également, les politiques de l’employeur en matière de prévention des risques psychosociaux et de retour au travail des travailleurs en maladie de longue durée ou en incapacité sont inconnus des travailleurs. »
Parmi les éléments de mesure retenus par la FGTB, citons les quelques données relatives au temps de travail :
- Les horaires varient régulièrement pour 16% des travailleurs à temps plein interrogés.
- Le travail à temps partiel concerne 44,2% des femmes et 13,8% des hommes.
- La part de travailleurs exerçant le télétravail a augmenté entre notre enquête de 2014 et celle de 2017, de 6,2% à 9,8%.
- 76,6% de travailleurs de l’échantillon prestent plus d’heures que prévu dans leur contrat. Pour 23,0% des travailleurs les heures supplémentaires ne sont ni payées ni récupérées.
- 41,7% des questionnés répondent clairement qu’ils ne sentent pas capables physiquement et/ou mentalement d’exercer leur fonction actuelle jusqu’à l’âge de la pension.
En ce qui concerne la sécurité d’emploi :
- 53,4% des répondants disent qu’ils sont inquiets pour leur avenir dans leur entreprise. C’est dans le secteur des activités financières et d’assurances qu’ils sont les plus nombreux à l’affirmer (61,9% des répondants du secteur), viennent ensuite le secteur de l’information et de la communication (60,7% des répondants du secteur) et la sécurité/gardiennage avec 57,0% des répondants du secteur.
- 53,3% des travailleurs ressentent le besoin de vérifier leurs messages professionnels en dehors des heures de travail. Parmi ces travailleurs, les impacts ressentis concernent principalement le niveau de stress (57,2%), l’humeur (46,6%), la vie de famille (43,2%) et le temps consacré aux proches (35,1%).
Lire les résultats complets de l’enquête ? http://www.fgtb.be/documents/20702/289650/MODERN+TIMES+dossier+de+presse+FR.pdf/93f58088-ee46-4bb7-b704-7eb5cfec4d20