La pandémie du COVID-19 et les confinements ont fait exploser les ventes et la pratique des jeux vidéos. Selon une étude menée par DFC Intelligence, l’entreprise américaine d’études de marché et de conseil dans l’industrie du divertissement numérique, 3.1 milliards de personnes dans le monde jouent régulièrement aux jeux vidéo, soit environ 40% de la population mondiale. Le phénomène touche désormais tous les publics, bien entendu les jeunes mais également les femmes ou des communautés d’experts très qualifiés, à l’image des fameuses guildes du jeu ‘The World of Warcraft’, un des plus célèbres et des plus populaires jeux vidéo multijoueurs.
On est très loin des clichés des gamers encore trop souvent représentés comme des personnes désocialisées ou frappées d’addiction, se réfugiant dans des univers virtuels pour échapper à la vie quotidienne. Une réalité que l’anthropologue Olivier Servais de l’UC Louvain a analysé dans un livre paru récemment, ‘Dans la peau des gamers’.
Le spécialiste mondial des ressources humaines s’est lui-aussi intéressé à cette tendance en la reliant directement au secteur du recrutement, car les gamers représentent un vaste vivier de talents possédant une combinaison unique de compétences digitales et de soft skills fortement recherchées par les entreprises, qui doivent toujours faire face à des pénuries de personnel qualifié.
Le white paper de ManpowerGroup ‘Game to Work, Comment les gamers développent les soft skills recherchées par les employeurs ?’ analyse le potentiel que représente le monde du gaming pour les recruteurs.
« Dans un monde du travail qui se virtualise à un rythme accéléré, nous devons aller à la rencontre des candidats d’une façon nouvelle, en nous connectant avec eux et en leur apportant une valeur ajoutée dès le premier contact » explique Bénédicte Baucy, Directrice de la marque Manpower. « La pratique du jeu vidéo permet d’aiguiser de nombreuses aptitudes qui peuvent être transposées dans l’univers professionnel. Le quiz que nous avons développé permet au candidat d’identifier ses compétences de gamer et de les valoriser directement dans sa recherche d’emploi, que ce soit dans son curriculum vitae ou lors d’un entretien d’embauche. »
Un vaste éventail de compétences
Plongé dans un univers imaginaire, le gamer est amené à développer un vaste éventail de compétences : écouter, apprendre, évaluer, réfléchir de façon critique, faire preuve de créativité ou d’automomie, gérer des ressources limitées, maîtriser son temps, résoudre des problèmes, mais aussi décider négocier, collaborer, résoudre des conflits et travailler en équipe, en présentiel ou à distance. Ce n’est pas tant les graphismes toujours plus élaborés qui rendent les jeux vidéo réels, mais plutôt la façon dont ils sont le reflet des comportements des acteurs dans le monde réel.
Les joueurs attirés par l’action et l’e-sport, par exemple, ont tendance à être intéressés par la maîtrise des compétences, la collaboration et la compétition en équipe, tandis que celles et ceux qui jouent à des jeux de stratégie, de puzzle et de quiz comme StarCraft, Civilization, Pac-Man, Words with Friends ou League of Legends ont davantage perfectionné leurs compétences en matière de prise de décision, de planification, de concentration et de persévérance. Et les jeux vidéo comme Mario Bros offrent des environnements d’apprentissage incroyables car l’échec y est si facile. Les joueurs apprennent à pratiquer une meilleure anticipation, à répéter un meilleur mouvement et – enfin – à avancer avec plus de confiance. La capacité à faire face à l’échec
est une compétence inestimable pour quiconque a besoin de prendre des décisions dans une gamme infinie de scénarios différents.
Un screening d’un catalogue de 11.000 jeux vidéo dans 13 catégories
Avec le concours de Deepers Signals – son partenaire spécialiste de l’évaluation des compétences – ManpowerGroup a établi les correspondances entre les aptitudes les plus mobilisées dans 13 catégories de jeux vidéo parmi un catalogue de plus de 11.000 références et les compétences qu’il importe de posséder dans un grand nombre de fonctions ou de secteurs.
Concrètement, le ‘Gaming Skills Translator’ – le Traducteur de Compétences de Jeu – demande au candidat.e de saisir trois jeux spécifiques qu’il.elle pratique le plus souvent, son expérience et son niveau de compétence ainsi que le temps qu’il.elle passe à jouer. L’outil et son algorithme traduisent ensuite le profil du gamer en compétences à rajouter dans son cv ou à aborder lors d’un entretien d’embauche. Le test fournit également des suggestions d’emploi en expliquant comment il est possible d’y valoriser les compétences acquises dans son expérience de gamer. Des experts de Minecraft par exemple peuvent faire valoir une créativité éprouvée ainsi que qu’une capacité visuelle et spatiale leur permettant de visualiser et de projeter les mouvements d’objets dans l’espace, autant de qualités importantes dans les métiers de l’engineering, du graphisme ou de la cuisine.
« Alors que le rythme des embauches s’accélère progressivement, le lancement de notre ‘Gaming SkillsTranslator’ devrait renforcer la confiance des demandeurs d’emploi en leur montrant qu’ils possèdent davantage de compétences qu’ils ne pensent, et des compétences recherchées. La campagne devrait également sensibiliser les recruteurs à faire évoluer la façon dont ils évaluent le potentiel des candidats lors des entretiens d’embauche ; en examinant davantage leurs expériences de jeu » conclut Bénédicte Baucy.