Près d’un(e) collaborateur(-trice) sur cinq déclare faire l’objet d’une forme ou l’autre de harcèlement sur son lieu de travail. Ce constat a été effectué sur base de chiffres collectés via un sondage SENSOR d’Attentia. A la faveur d’un sondage réalisé auprès de plus de 20.000 collaborateurs, il s’est avéré que pas moins de 17,92% des personnes interrogées indiquent aujourd’hui être parfois la cible de harcèlement sur leur lieu de travail. Près de 3% d’entre elles déclarent être la proie d’un harcèlement de manière très régulière.
Le sondage SENSOR (acronyme de Stress and Engagement Sources in the Organisation) est un outil d’étude scientifique d’Attentia, développé en collaboration avec le professeur Guy Notelaers dans le but d’étudier l’influence de risques psycho-sociaux sur le lieu de travail. Ces risques peuvent déboucher sur du stress et des douleurs corporelles. Le harcèlement figure parmi ces risques encourus.
Le sondage SENSOR ne révèle que peu de différences entre les hommes et les femmes. Attentia relève par contre de grandes différences selon les catégories d’âge. Parmi les collaborateurs plus jeunes (moins de 25 ans), 3,18% qualifient de sérieux les harcèlements vécus alors que le pourcentage n’est que de 1,93% chez les personnes âgées de 55 ans ou plus. La tranche d’âge 25-34 ans est celle qui se sent la plus fortement harcelée. Dans cette catégorie, 19,43% des personnes interrogées disent être victimes de harcèlement (léger à sévère).
L’inverse est vrai en termes d’ancienneté. Parmi les salariés qui travaillent depuis peu au sein d’une entreprise (moins d’un an), à peine 11,28% indiquent être visés par du harcèlement. A l’autre extrémité du spectre d’ancienneté, on constate que les salariés qui travaillent dans la même entreprise depuis plus de 25 ans indiquent plus souvent être la cible de harcèlements (18,58%). Les chiffres récoltés amènent par ailleurs Attentia au constat que les personnes qui signalent le plus fréquemment être victimes de harcèlement sont celles qui sont employées depuis cinq à dix ans par une société (20,51%, dont 3,07% qui indiquent que le harcèlement est perçu comme étant sévère).
Cette situation peut s’expliquer comme suit, aux yeux d’Evelien Buseyne, responsable Bien-être psycho-social chez Attentia : « Les nouveaux collaborateurs se lancent dans leur carrière en étant très motivés et jettent un regard positif sur le travail. Ils sont dès lors moins réceptifs à d’éventuels comportements négatifs de collègues. Ils doivent encore tout apprendre, tant au sujet de la culture de l’entreprise qu’à propos de leurs collègues. Ils attribueront dès lors plus volontiers de tels comportements négatifs à des facteurs externes, plutôt qu’à des facteurs liés à la personne. Si l’on se penche sur les différences en fonction de l’âge, l’expérience joue sans doute un rôle. Vous héritez de collègues, vous ne les choisissez pas. Cela signifie que différents caractères et personnalités se côtoient sur le lieu de travail, avec lesquels vous devez apprendre à composer. Le plus souvent, les jeunes collaborateurs doivent encore en passer par ce processus d’apprentissage. »
Tolérance zéro de rigueur!
Le harcèlement commence souvent de manière sournoise, ce qui ne permet pas d’en prendre immédiatement conscience. Il vous est néanmoins possible, en tant qu’entreprise ou comme collège, de tenter de lutter contre le harcèlement sur le lieu de travail. Attentia vous propose dès lors les quatre conseils suivants:
1. Admettez l’existence du harcèlement. Il se produit aussi au sein de votre entreprise. C’est là une conclusion que permet de tirer le sondage Sensor. Il vous revient dès lors de briser les tabous afin de pouvoir y remédier.
2. Diagnostiquez le harcèlement. Le harcèlement peut prendre diverses formes, depuis une expression verbale jusqu’à l’exclusion d’individus, en passant par de petits incidents. La fréquence et la répétition sont deux facteurs importants dans le processus de comportement abusif.
3. Communiquez sans détours et sensibilisez les salariés. Expliquez clairement ce qui ne sera pas toléré et informez vos collaborateurs. Cela devra en tout premier lieu figurer dans le règlement de travail mais répétez aussi les messages sur le lieu de travail. Vous pouvez par exemple organiser des ateliers sur le thème du harcèlement et des comportements abusifs.
4. Ne vous contentez pas d’être témoin. Attentia conseille aux victimes de harcèlement de ne pas le laisser s’installer. Faites d’une part savoir au harceleur qu’il a dépassé les limites que vous instaurez et n’attendez par ailleurs pas avant de demander de l’aide. Signalez-le à la personne de confiance ou faites appel à votre conseiller prévention chargé des aspects psycho-sociaux. Et si vous êtes témoin d’un harcèlement, parlez-en aux personnes concernées.
« Le harcèlement débute souvent de manière insignifiante, par une remarque déplacée ou par la dissimulation d’une boîte à tartines ou de matériel de bureau. Isolées ou ponctuelles, ces actions ne paraissent pas très graves mais l’ensemble de ces incidents ou la répétition de différents comportements a pour conséquent que les individus les ressentiront comme sérieux et négatifs. Si, en tant qu’entreprise, vous ne prenez pas des mesures pour y faire face, cela peut avoir pour résultat d’isoler ou d’exclure certains individus ou encore de voir des harcèlements verbaux aboutir à une mauvaise ambiance de travail. De manière indirecte, cela peut conduire à une dégradation des performances commerciales et à une moindre capacité de l’entreprise d’attirer des recrues potentielles. Voilà pourquoi une personne de confiance est particulièrement importante. Elle peut, en tout premier lieu, prendre en charge la personne qui est victime de harcèlement et lui prêter une oreille attentive. Elle peut par ailleurs intervenir si cette personne le désire. Pour désigner une personne de confiance, il suffit de faire suivre une formation adéquate au collaborateur qui aura été sélectionné pour remplir ce rôle. Acceptez le fait que chacun est différent. Les collègues sont, en tout premier lieu, des collaborateurs avec qui vous devez vous entendre professionnellement. Ils ne doivent pas nécessairement être vos meilleurs potes mais vous devez par contre les respecter », conclut Evelien Buseyne.
Source: Attentia