Avec 72% de travailleurs Belges qui ne souhaitent pas changer d’emploi, les Belges sont les plus fidèles de tous les travailleurs européens. Seuls 8% d’entre eux cherchent activement un autre employeur. Cependant, il y a une contrepartie à cette observation : le licenciement décidé par l’employeur est d’autant plus difficile à vivre pour les deux parties. Pour éviter que les travailleurs stagnent trop longtemps, un réel accompagnement dans le cadre d’une fin de collaboration au travers d’un entretien de départ et d’un outplacement (reclassement professionnel réalisé par un prestataire externe) peut faire toute la différence. 55% des Belges sont d’ailleurs favorables à un tel entretien de sortie et 73% sont favorables à un outplacement. C’est ce qui ressort de l’enquête annuelle menée par SD Worx auprès de 16.011 travailleurs dans 10 pays européens, dont 1.000 Belges actifs.
Seuls 8% des Belges cherchent activement un autre emploi en 2023. Si l’on ajoute à cela les 20% qui y sont ouverts de façon passive, on en arrive alors tout de même à 28% qui sont ouverts au changement. 72% n’ont aucune intention de changer, un chiffre record. Cela nous place tout en bas de l’échelle en termes d’intention de changer d’emploi, autrement dit de mobilité entre les emplois. À l’autre extrémité du spectre européen, les travailleurs polonais sont les plus ouverts au changement : plus d’un sur cinq (21%) cherche activement un autre employeur. Les travailleurs de pays tels que l’Italie et l’Irlande (16%), l’Espagne et la Suisse (15%), la Suède et la Norvège (14%) obtiennent également des résultats deux fois plus élevés que chez nous.
Peu d’empressement pour ceux qui recherchent activement un nouvel emploi
Seuls 10 % des Belges souhaitent réaliser leur projet de changement dans l’année et 10% dans les trois ans. 80% ne savent pas. Laura Bertrand, conseillère PME chez SD Worx : « En 2023, seuls 8% des travailleurs cherchent activement un autre employeur. 72% ne souhaitent pas changer d’employeur. Les Belges sont donc les plus fidèles de tous les travailleurs européens interrogés.[1] Les Belges aiment la sécurité de l’emploi. C’est pourquoi le licenciement ou le départ involontaire d’un employeur les touche de plein fouet. Certains vivent le licenciement comme une période qui s’assimile à une expérience difficile à vivre émotionnellement et fait partie d’un processus de deuil. En tant qu’employeur, il est important de bien accompagner chaque licenciement, notamment par un entretien de départ et un outplacement. Nous constatons que les employeurs ne sont pas à l’aise et éprouve des difficultés dans la manière d’aborder ce sujet. »
Même les départs involontaires restent difficiles pour les employeurs
L’enquête auprès des employeurs montre que 42% des employeurs belges trouvent le « licenciement par l’employeur » difficile. Pour les travailleurs de plus de 45 ans, la loi impose depuis 2014 de proposer un outplacement en cas de licenciement par l’employeur.[2] Les trois quarts des travailleurs belges (73%) sont favorables à l’outplacement. Pourtant, en général, cette orientation ne semble pas être très bien connue des travailleurs : en moyenne, seuls 6% des travailleurs indiquent que l’outplacement est proposé dans leur organisation. En outre, un entretien de départ au cours duquel les raisons du départ sont discutées peut également être utile dans le cas de départs involontaires ou volontaires. Environ 55% des travailleurs belges sont favorables à cette idée.
« On observe une légère augmentation des licenciements par les employeurs : au troisième trimestre 2023, cela concerne 2,2% de l’ensemble des salariés permanents, contre 1,9% l’année dernière (au même trimestre) ».
Près d’un salarié sur cinq connaît l’entretien de départ
À la fin du contrat de travail, l’entretien de départ avec le supérieur est le plus fréquent : près d’un salarié belge sur cinq le connaît (18%), suivi par l’entretien de départ avec les RH (16%).
« Un entretien de départ va plus loin qu’un entretien de licenciement ; il crée une situation mutuellement bénéfique, c’est un moment propice de conclure la relation professionnelle de manière constructive et sereine. D’une part, la personne licenciée a le sentiment d’être entendue. Ses frustrations et ses préoccupations peuvent être exprimées à ce moment-là. L’employé licencié peut ainsi tourner la page plus rapidement, ouvrir un nouveau chapitre de sa carrière professionnelle et saisir des opportunités. D’autre part, l’employeur a une meilleure vision des éléments d’amélioration en matière de politique RH, ce qui est également un avantage pour le transfert du travail », explique Laura Bertrand de SD Worx.
« Le licenciement peut être vécu comme un échec pour lequel un processus de transition doit se mettre en place. Un entretien de départ permet de comprendre les raisons de cette fin de collaboration pour mieux rebondir par la suite », Laura Bertrand, SD Worx.
Source: en 2020, SD Worx s’est penché sur les différents aspects de l’offboarding et ceux de l’intégration. SD Worx, spécialiste des ressources humaines et des salaires, réalise des enquêtes de satisfaction auprès des travailleurs depuis 2002. En 2009, le contenu de l’enquête a été actualisé en mettant l’accent sur l’engagement des employés. À partir de 2021, l’enquête s’est concentrée sur le cycle de travail d’un employé et a reçu le titre éloquent de « Parcours d’un travailleur », cartographiant l’expérience de travail totale depuis le premier contact avec l’organisation jusqu’au moment de quitter l’emploi. L’enquête a également été menée auprès d’un groupe cible plus large : outre les employés réguliers, les travailleurs indépendants, les employés détachés et les travailleurs temporaires y ont également participé.
[1] La mobilité limitée des Belges entre les emplois est confirmée par d’autres sources telles que Mobilité professionnelle – Steunpunt Werk (en néerlandais). La mobilité professionne lle est souvent calculée à l’aide de l’enquête sur les forces de travail (EAK).
Mobilité_Pro_Belgique.pdf. La part des transitions sur le marché du travail (à la fois du travail vers le travail, du chômage vers le travail et du travail vers le chômage) est plus faible chez les Belges que la moyenne de l’OCDE, et est restée pratiquement inchangée depuis des années. Selon la définition, elle varie entre 3 et 15 %.
[2] Dans le cadre légal (Loi du 26 décembre 2013, CCT51 et CCT82bis), l’outplacement est défini comme l’ensemble des services d’accompagnement et de conseil fournis au travailleur licencié par un bureau d’outplacement reconnu pour le compte de l’employeur afin de lui permettre de trouver un emploi auprès d’un nouvel employeur ou de développer une activité professionnelle en tant qu’indépendant dans les plus brefs délais.