La loi introduisant le Federal Learning Account (FLA) est entrée en vigueur ce 1er avril. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que le dispositif fait l’unanimité… contre lui. Après l’ensemble des organisations représentatives des employeurs, c’est au tour de Federgon de plaider pour le report pour révision fondamentale du FLA. Federgon est certes favorable à un compte de formation pour chaque citoyen, mais estime que le FLA est l’exemple même de ce qu’il ne faut pas faire.
Il s’agit d’une plateforme sur laquelle toutes les formations proposées aux travailleurs doivent être enregistrées. Toutefois, la mise en œuvre et le cadre juridique de cet outil ne sont pas satisfaisants. Federgon constate que la priorité est donnée à un lancement précipité plutôt qu’à la création d’un outil pratique et utile pour les entreprises et les citoyens, qui soit capable de réellement stimuler la culture de l’apprentissage tout au long de la vie dans notre pays. Malgré nos tentatives en vue d’obtenir des adaptations, l’outil actuel est tout sauf utilisable pour les entreprises de travail intérimaire.
Federgon plaide depuis longtemps en faveur d’un compte de formation pour chaque citoyen. En tant que fédération professionnelle des prestataires de services RH et des prestataires de formation privés, nous sommes les premiers à reconnaître l’importance de la formation tout au long de la vie et, par conséquent, nous soutenons toute mesure visant à accroître la participation à l’apprentissage et la motivation en la matière. Et ce, pour chaque citoyen, indépendamment de son statut professionnel et du fait qu’il soit ou non actif sur le marché du travail.
Aujourd’hui, le secteur du travail intérimaire investit déjà beaucoup dans la formation des travailleurs intérimaires et des candidats-intérimaires, entre autres par le biais de Travi, le fonds de formation du secteur de l’intérim, qui consacre notamment beaucoup d’efforts à la formation des groupes éloignés du marché du travail par le biais de projets innovants. Et cela profite à l’ensemble du marché du travail, puisque dans de nombreux cas, les travailleurs intérimaires accèdent à un emploi fixe. Le secteur de l’intérim a également développé il y a un certain temps déjà un système d’enregistrement des formations avec l’application « Trainyourtemps ».
« Nous regrettons cependant de constater que le FLA est conçu uniquement comme un outil destiné à contrôler que le droit des travailleurs à cinq jours de formation par an est bien respecté. Le travailleur lui-même n’est nullement incité à exercer ses droits et à s’engager dans un processus d’apprentissage tout au long de la vie. Pour des raisons incompréhensibles, absolument rien n’est prévu pour les fonctionnaires et les personnes inactives. Au lieu d’orienter les chômeurs vers des formations aux métiers en pénurie, ce qui permettrait de pourvoir les nombreux postes vacants et ainsi de contribuer véritablement au relèvement du taux d’emploi, la préférence est donnée à la création d’une structure administrative très lourde, qui nécessitera dans de nombreuses entreprises l’engagement de personnel supplémentaire, et ce alors même que le marché du travail est déjà particulièrement tendu.
La méfiance qui sous-tend cette initiative se reflète également dans le fait que les entreprises qui ne respecteront pas l’obligation d’enregistrement des formations seront montrées du doigt (‘naming and shaming’). En effet, la liste des entreprises en défaut sur ce point sera publiée sur le web.
Au lieu d’élaborer un outil fonctionnel en collaboration avec le secteur privé, il a été décidé de lancer à la hâte une plateforme inutilisable, alors même que de nombreuses questions restent en suspens et qu’aucun projet pilote n’a été mené à bien. Sur les 170 entreprises qui se sont inscrites à un projet pilote, quatre (!) ont réussi à enregistrer des formations. Dans ces conditions, vouloir poursuivre sur cette lancée est tout bonnement incompréhensible. »
La spécificité du secteur du travail intérimaire a été ignorée lors de l’élaboration du FLA
Le travail intérimaire implique une relation spécifique entre trois parties (l’entreprise d’intérim, l’utilisateur et le travailleur intérimaire) qui ne peut être comparée à un contrat de travail ordinaire entre un travailleur et un employeur. Ainsi, il s’agit souvent de missions (successives) de courte durée et, dans de nombreux cas, la formation n’a pas lieu chez l’employeur juridique, à savoir l’entreprise de travail intérimaire, mais chez l’utilisateur.
À plusieurs reprises au cours du processus d’élaboration du FLA, Federgon a tenté de faire valoir ce point auprès des autorités, mais aucune réponse adéquate n’a été apportée. Il en résulte un cadre juridique défaillant et un outil inutilisable.
Ainsi, aucun cadre juridique n’a été prévu pour réguler la transmission des informations entre l’utilisateur et l’entreprise d’intérim. En outre, les entreprises de travail intérimaire ne disposent que de 30 jours pour enregistrer une formation, au lieu de trois mois pour les employeurs ordinaires, ce qui est impossible quand on dépend entièrement des informations de l’utilisateur.
Ce ne sont là que quelques-uns des problèmes qui se posent et pour lesquels pas même un début de solution n’a été proposé.
Federgon demande que des solutions et un cadre praticable soient mis en œuvre rapidement
Federgon appelle le ministre de l’Emploi à se pencher à nouveau sur le dossier et à réunir les parties concernées dans les meilleurs délais afin de rechercher des solutions aux problèmes spécifiques posés par le travail intérimaire. Federgon n’acceptera en aucun cas que ses membres soient montrés du doigt si des solutions ne sont pas trouvées.
Ann Cattelain, CEO de Federgon : « Le gouvernement ne peut pas demander au secteur de l’intérim de respecter des engagements impossibles à tenir. À l’impossible, nul n’est tenu. Nous demandons aux responsables politiques d’écouter enfin les préoccupations du secteur du travail intérimaire et de proposer rapidement des solutions concrètes. Un compte de formation fonctionnel ne doit pas être un objectif inatteignable. Toutes les initiatives qui contribuent réellement à renforcer la culture de l’apprentissage tout au long de la vie pourront compter sur notre soutien. »
Source: Federgon