Nos collaborateurs ne bougent pas assez au travail (et sans doute pas en dehors de celui-ci non plus…). Un Belge actif sur deux exerce un travail sédentaire et bouge trop peu, malgré l’importance démontrée de l’exercice physique. Les conséquences sont connues : surpoids, douleurs lombaires ou cervicales, problèmes cardiovasculaires, mal-être… Nos entreprises doivent-elles à terme s’emparer de cette problématique?
Selon les experts, beaucoup des pathologies constatées pourraient être évitées en bougeant suffisamment. Les employeurs prennent déjà certaines mesures, mais il y a encore moyen de faire beaucoup mieux. C’est ce qui ressort d’une étude menée par l’assureur vie Delta Lloyd Life qui recommande par ailleurs l’utilisation d’apps de santé et de wearables (technologies portables).
Selon l’étude, « un travailleur belge sur deux est conscient que le fait de bouger au cours de la journée de travail est bon pour la santé, mais 29 % d’entre eux trouvent que pratiquer une activité physique demande trop de temps. En plus, un sur quatre n’a pas envie de pratiquer une activité physique tous les jours. L’employeur a un rôle important à jouer pour inciter ses collaborateurs à bouger. 53 % des collaborateurs trouvent que c’est à l’employeur qu’il appartient de prendre des mesures structurelles. Même si seul un employé belge sur trois mentionne que son employeur le fait actuellement », commente Annelore Van Herreweghe, porte-parole de l’assureur vie Delta Lloyd Life.
Elle remarque également « qu’à peine 15 % des travailleurs interrogés ont accès à des conseils professionnels en matière d’activité physique via leur employeur. Par ailleurs, seul un employé belge sur trois (34 %) estime que son employeur prend des mesures structurelles pour inciter ses collaborateurs à bouger plus. Pourtant, 45 % des travailleurs belges seraient intéressés par des mesures structurelles si leur employeur les proposait. Les mesures qui existent actuellement consistent notamment à encourager les collaborateurs à prendre les escaliers (24 %), à leur donner l’occasion de pratiquer une activité physique pendant la pause déjeuner (20 %), ou à équiper des salles de réunion pour tenir des réunions debout (14 %). Les travailleurs en bonne santé sont jusqu’à quatre fois plus longtemps actifs par semaine. Et ils sont entraînés dans une spirale positive, car cela a un effet favorable sur leur productivité. Qui peut augmenter de dix, voire même jusqu’à trente pour cent. »
Besoin d’un coup de pouce… et d’une app ?
« Les collaborateurs ont souvent besoin d’un petit incitant. 30 % des travailleurs belges sont prêts à participer à des activités physiques en dehors des heures de travail. Ça ne fait que 5 % de moins que pendant les heures de travail. Mais seul un petit pourcentage de collaborateurs peut prendre part régulièrement aux activités physiques organisées en dehors des heures de travail (18 %). Et ils sont même à peine 12 % à pouvoir le faire pendant les heures de travail. »
Aujourd’hui, un travailleur sur dix (9 %) bénéficie déjà d’apps de santé et de fitness digitales ou mobiles et de wearables tels que Fitbits, mis à disposition par son employeur. Ce genre d’appareil peut avoir à terme un impact non négligeable sur la forme physique des collaborateurs. Un tiers d’entre eux (34 %) considère que le fait de proposer des apps et des wearables par l’employeur constitue l’une des possibilités de maintenir un mode de vie sain et/ou de l’améliorer.
Kristof De Smet, CEO de Energy Lab, partage cette analyse: « Notre IMC national n’a jamais été aussi élevé. Et malheureusement ce n’est que le début. De plus en plus d’entreprises prennent conscience de l’importance de la santé de leurs travailleurs, prennent le problème à bras-le-corps, et organisent en interne des programmes de santé axés sur l’exercice physique et le sport, mais aussi sur l’alimentation saine et la force mentale. Les apps de santé et les wearables y occupent de plus en plus souvent une place importante. Nos statistiques font apparaître que le fait d’enregistrer le nombre de pas et de kilomètres parcourus chaque jour à l’aide de wearables entraîne une augmentation spontanée de 20 %. Cela incite spontanément les collaborateurs à bouger plus. Lorsque nous lançons une compétition interne (qui effectuera cette semaine le plus grand nombre de pas ?), on constate une augmentation de quelque 50 % ! Après le concours, ce pourcentage retombe à une moyenne de 30 %, pour autant que l’on assure le suivi nécessaire. »
Attention cependant à ne pas se limiter à l’impact court terme d’un gadget technologique… « Le succès d’un programme d’exercice physique consiste avant tout à créer une culture d’entreprise axée sur la santé et l’exercice physique, et qui encourage en permanence les collaborateurs. En proposant régulièrement de nouveaux défis (concours), des objectifs d’entreprise communs (ensemble, visons les 2 millions de pas), grâce à un management qui montre le bon exemple et par une politique de communication interne qui souligne l’importance de la santé. »
Des wearables pour surveiller la santé des entreprises
Christophe Jauquet, expert mobile health et Business Director Life Sciences & Healthcare chez InSites Consulting, confirme lui aussi l’utilité des wearables et des apps de santé pour inciter les collaborateurs à faire plus d’exercice physique. Parallèlement à cela, il voit aussi d’autres évolutions dans un avenir proche. « Les applications de santé et les wearables permettent de mesurer la santé des travailleurs à long terme. Prises globalement, ces données permettent donc d’évaluer l’état de santé de l’entreprise dans son ensemble, et de déterminer les départements qui doivent être suivis et accompagnés de près. Les données en matière de santé offrent en outre de nombreuses possibilités, par exemple à la médecine du travail, à laquelle elles permettent un meilleur suivi de la santé des travailleurs.