L’Université de Gand (UGent) et Securex, partenaire en matière d’entrepreneuriat et d’emploi, ont mené une étude sur la ménopause auprès de 2 408 travailleuses en Belgique. 29,2 % d’entre elles sont actuellement en ménopause et 87,6 % d’entre elles sont ou ont été confrontées aux symptômes de la ménopause. L’étude montre que plus de la moitié (55,3 %) des travailleuses qui présentent aujourd’hui des symptômes de la ménopause en sont gênées dans leur travail. Elles ont un plus grand besoin en récupération, et un score de burn-out plus élevé.
Près d’un quart (23,4 %) d’entre elles déclarent que la ménopause n’est pas abordable sur le lieu de travail. « L’accompagnement médical peut aider efficacement les femmes lorsqu’elles présentent des symptômes de la ménopause. Si la ménopause est mieux abordée sur le lieu de travail et prise en compte dans l’organisation du travail, l’impact sur le bien-être peut être encore plus limité. Et ceci est dans l’intérêt tant du travailleur que de l’employeur », déclare Sofie Lameire, experte en bien-être psychosocial chez Securex.
Le marché du travail belge s’est fortement féminisé au cours des dernières décennies, avec une augmentation de plus de 90 %, de 1,2 million de travailleuses en 1983 à 2,3 millions en 2021. En outre, à mesure que l’âge de la retraite augmente, le nombre de travailleurs plus âgés s’accroît lui aussi. La ménopause survient généralement entre 45 et 55 ans, à un âge moyen de 51 ans. En Belgique, plus de 4 travailleuses sur 10 (43,3 %) se situent dans la tranche d’âge de 45 ans et plus : un groupe de 914 354 femmes représentant un cinquième (21,52 %) de la population active totale en Belgique.
Pour déterminer l’ampleur des symptômes de la ménopause ainsi que de leurs conséquences sur le lieu de travail, l’UGent (Prof. Dr. Herman Depypere et Prof. Dr. Lutgart Braeckman) et le Service externe de Prévention et de Protection au Travail de Securex (Dr. Philippe Kiss et Dr. Marc De Meester) ont mené une enquête auprès de 6 525 travailleurs des secteurs publics et privés en Belgique, parmi lesquels 2 408 femmes ont également participé à une étude spécifique sur la ménopause : 704 (29,2%) d’entre elles étaient ménopausées et 277 (11,5%) ne le savaient pas au moment de l’enquête.
Prof. Dr. Herman Depypere de l’Ugent, gynécologue et spécialiste de la ménopause et du cancer du sein, déclare : « Lorsqu’une femme ménopausée bénéficie d’un suivi médical approprié, presque tous ses symptômes peuvent être traités afin de préserver sa qualité de vie, y compris dans l’exercice de ses fonctions. Notre étude montre que les femmes ménopausées sans symptômes liés obtiennent les meilleurs résultats en termes de besoins de récupération et de score de burn-out parmi tous les profils de travailleurs, y compris les jeunes hommes. Ainsi, pour autant qu’elle fasse l’objet d’une attention suffisante et appropriée, la ménopause ne doit pas nécessairement avoir un impact négatif sur le bien-être et le travail. »
La gêne ressentie au travail due aux symptômes de la ménopause va de pair avec une dégradation du bien-être
87,6% des travailleuses ménopausées sont actuellement ou ont été confrontées par le passé à des symptômes liés à la ménopause, tels que des bouffées de chaleur, des raideurs articulaires, de la fatigue ou des troubles du sommeil. Pour 55,3% d’entre elles, ces symptômes entraînent également une gêne au travail. Les femmes qui sont gênées dans leur travail par les symptômes de la ménopause ont des besoins de récupération plus importants. Cela signifie qu’elles ont besoin de plus de temps pour récupérer après une journée de travail. Lorsque ce temps est insuffisant ou sous-utilisé, il peut entraîner des problèmes de santé mentale.
Ces mêmes femmes présentant des symptômes et une gêne conséquente dans leur travail enregistrent également des scores de burn-out plus élevés (47,4 sur 100) et ont été plus souvent absentes (76,1 %) au cours des 12 derniers mois que les femmes présentant des symptômes de la ménopause sans gêne au travail (35,0 sur 100 et 57,1 %, respectivement).
Dr Philippe Kiss, médecin du travail chez Securex : « Si une femme souffrant de symptômes de la ménopause est gênée dans son travail, cela ne peut pas être ignoré : ni par la travailleuse, ni par l’employeur. Cette étude démontre pour la première fois l’impact supplémentaire majeur sur leur bien-être. Les symptômes de la ménopause peuvent en effet être traités, et le contenu et l’organisation du travail peuvent être adaptés pour limiter la gêne occasionnée par des symptômes (temporaires). »
La ménopause, un tabou sur le lieu de travail en Belgique
Une condition de base pour adapter le contenu et l’organisation du travail à la réalité (temporaire) d’une travailleuse ménopausée est que la ménopause puisse être abordée avec l’employeur. L’étude de Securex et de l’UGent montre toutefois qu’il s’agit d’une question délicate.
Près d’un quart (23,4%) des femmes interrogées présentant des symptômes de la ménopause et une gêne conséquente au travail déclarent que la ménopause n’est pas abordable sur leur lieu de travail. Seules 8,6% d’entre elles déclarent que la ménopause peut bel et bien y être abordée. Parmi toutes les travailleuses actuellement ménopausées, qu’elles présentent ou non des symptômes, 7 sur 10 (71,1%) ne savent pas si la ménopause peut ou non être abordée avec leur employeur.
Sofie Lameire, experte en bien-être psychosocial chez Securex : « Les femmes ménopausées qui peuvent aborder le sujet sur leur lieu de travail sont moins incommodées. Si le tabou de la ménopause est brisé sur le lieu de travail, des solutions peuvent être discutées pour minimiser son impact sur le travail et le bien-être. Cela peut se faire en adaptant et en répartissant équitablement le travail en fonction des talents et des capacités des travailleurs. En effet, ceux-ci sont sujets à des changements (temporaires) tout au long de la carrière du travailleur, causés par certains facteurs tels que les symptômes et les gênes liés à la ménopause. »
Source : les chiffres de cette étude proviennent d’une enquête en ligne sur le bien-être menée par Securex en 2021 et 2022 auprès de 6 525 travailleurs actifs dans 44 organisations des secteurs public et privé. 3 253 des travailleurs interrogés sont des femmes. 2 408 d’entre elles ont participé à l’étude complémentaire sur la ménopause. Les facteurs besoin de récupération et score de burn-out ont été mesurés à l’aide de l’outil Indice Bien-être. Cet outil a été développé par le Service Externe de Prévention et de Protection au Travail de Securex sur la base de la méthodologie SOBANE, et est composé de questionnaires validés scientifiquement au niveau international.