Des organisations croquantes à l’extérieur, moelleuses à l’intérieur (Petit traité métaphorique quant à la gestion de l’agressivité et de la douceur dans nos relations de travail).

Dans l’ère post-covid, nos entreprises sont des frites. Bien cuites, dans le respect de la tradition. Avec pour effet, cette apparence extérieure brillante, croquante voire sexy… et à l’intérieur, une tendresse dans la chair qui développe ce côté réconfortant dont nous avons tant besoin. Croquantes à l’extérieur, moelleuses à l’intérieur. La question posée est la suivante : comment trouver l’équilibre entre l’agressivité et la douceur dans nos relations de travail? Comment préparer nos collaborateurs à faire face aux agressions tout en développant une approche bienveillante des relations humaines? Ndlr : ce qui compte vraiment dans la métaphore, c’est la capacité à assumer le côté hasardeux qu’il y a dans le choix du domaine de comparaison. Allez, vous êtes prêts? On y va.

Mise en contexte (en mode storytelling, comme ils/elles disent). Le jour récent de mon anniversaire s’est tenue la journée mondiale de la frite. Un hasard? Je ne crois pas… Nul n’échappe à la règle. Chaque année, ce foutu jour permettant de passer un nouveau cap représente forcément un moment propice pour réfléchir à nos pratiques – en People Management et en ce qui me concerne – et donc à la manière de répondre à la question des adaptations nécessaires de nos entreprises. Et c’est alors que l’analogie m’a frappé avec une violence proche d’un bain d’huile à 180 degrés…
Comment réussir aujourd’hui à donner à une entreprise cette ambivalence? Comment parvenir à en faire un corps qui soit à la fois résistant et attractif à l’extérieur et tendre à l’intérieur? Comment réunir en une seule entité deux qualités à priori divergentes, voire contradictoires? Comment penser et agir dans l’entreprise pour que celle-ci soit simple et complexe qu’une frite cuite à la perfection?

Croquantes à l’extérieur
Dans l’univers concurrentiel où nous évoluons, et face aux pressions sociétales qui challengent nos entreprises privées et publiques, nous voyons qu’il est important aujourd’hui de pouvoir montrer les dents. L’agressivité est généralisée et ce ne sont pas nécessairement les plus conciliants qui l’emportent à la fin.
Dans les relations avec nos clients et nos fournisseurs, il devient de plus en plus nécessaire de marquer son territoire, sans jamais se départir des valeurs de respect et d’une volonté de saine coopération. Le management d’une organisation est amené à développer la résilience de celle-ci en cultivant un esprit de corps offensif, ainsi que la défense farouche des intérêts de la boîte et la capacité à réagir durement quand c’est nécessaire. Les gentils agneaux se font dévorer tout cru sur un marché où la compétition est féroce. Nos organisations doivent être prêtes à affronter les défis du marché et de la société. Elles doivent se développer une enveloppe résistante aux agressions externes.

Moelleuses à l’intérieur
Dans le même temps, l’émergence du bien-être au premier rang des priorités RH porte un grand nombre de nos entreprises à revendiquer la prise en charge des besoins de rassurance, de protection de l’intégrité mentale et physique des personnes et de réconfort lorsque c’est nécessaire.
Nos entreprises sont de moins en moins des endroits où l’on cultive l’exploit, pour devenir chaque jour davantage, dans leur conjuration interne, des zones de réconfort où devrait prévaloir le plaisir d’être ensemble. Cela peut sembler aller à l’encontre de la quête de performance et d’émulation que nous avons souvent essayé de cultiver au sein des équipes. Ce n’est pas le cas. La création d’un espace où le bien-être est prioritaire (et bien sûr, c’est loin d’être le cas partout) est sans doute la fondation nécessaire pour que nos effectifs soient préparés à affronter ses interlocuteurs extérieurs. Comprenons aussi que le besoin que l’entreprise devienne ‘douce’ et ‘tendre’ à l’intérieur correspond sans aucun doute à un mouvement général de recherche d’harmonie avec la nature et avec nos semblables. Tout simplement.

Gérer la contradiction ?
Et quel est donc le secret pour obtenir une ‘cuisson’ parfaite? Comment obtenir cette double texture, quasi contradictoire? C’est ici que s’arrête certainement la métaphore et nous allons éviter d’expliquer à quelle température et avec quels ingrédients il faut cuisiner pour obtenir ce résultat exceptionnel (lol). Nous pouvons mesurer la difficulté d’être à la fois ‘agressif’ et ‘doux’, dans les pratiques et comportements au quotidien, en fonction des personnes avec lesquelles on interagit. Cela semble bien complexe et pourtant… Cette ‘double texture’ justement – dure et tendre à la fois – est nécessaire pour évoluer dans un monde paradoxal. Il faut en effet une sacrée dose de bienveillance et de positivisme pour être capable de comprendre puis de lutter contre la mauvaise foi. Il faut bien cultiver la tendresse pour que restent supportables les dérives violentes que nous constatons parfois. Maîtriser cet art n’est finalement peut-être pas si compliqué, après tout…

Jean-Paul ERHARD

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