A côté de la plaque. Quatre années d’hémorragie sociale. Chaos total. Logiciels truqués. La CSC et la FGTB n’ont pas de mots assez durs pour marquer la fin d’un gouvernement qui présente un bilan économique qu’il serait pourtant difficile d’égaler. Voyons quels sont les défis que les syndicats relèvent à l’heure où, selon eux, il faut entamer un énorme travail de réparation.
La CSC rappelle qu’elle a pointé le 14 décembre dernier la nécessité et l’urgence de répondre aux attentes sociales. « Hier, il est apparu que deux partis libéraux flamands, l’Open VLD et la N-VA, n’en sont pas capables. Les conséquences, nous les voyons aujourd’hui. Cette situation est hautement regrettable. Après quatre longues années d’une politique libérale et de droite, un changement de cap radical s’impose car sur le plan social, notre pays ne se porte pas mieux qu’avant la mise en place du gouvernement Michel. »
Le syndicat dresse un tableau noir de la situation : « Les travailleurs qui, dans leur entreprise, leur institution ou leur administration, soutiennent quotidiennement la prospérité et le bien-être de la Belgique en ont assez. Ils doivent travailler plus longtemps mais ne tiennent plus le coup. La flexibilité et la charge de travail croissantes ne permettent plus aux jeunes ménages de combiner leur vie professionnelle et leur vie familiale. Des voix de plus en plus nombreuses et de plus en plus fortes se font entendre pour dénoncer la perte de pouvoir d’achat, l’augmentation des factures et le carcan dans lequel nous pousse la nouvelle loi salariale, une loi truffée de « logiciels truqués ». De plus en plus de citoyens se voient dans l’obligation de demander le revenu d’intégration. Les malades et les demandeurs d’emploi sont des proies faciles. »
Au niveau du budget, le bulletin gouvernemental n’est pas meilleur : « La justice fiscale s’est traduite par quelques taxes absurdes qui ont en outre été savamment sabotées. En ce qui concerne la création d’emplois et la croissance économique, la Belgique figure dans la queue du peloton européen.Les jeux politiques autour de la société civile, des réfugiés, de la cohabitation entre les cultures et les religions ont donné lieu à une polarisation sociale hostile tout autant qu’inutile. D’énormes dégâts ont été occasionnés ces dernières années. C’est pourquoi la CSC va une nouvelle fois prendre ses responsabilité. Avec les interlocuteurs sociaux, nous voulons conclure un bon AIP mettant l’accent sur le pouvoir d’achat et la qualité de vie et de travail. »
Les négociations autour de l’AIP doivent démarrer rapidement et la CSC balise le terrain: « En ce qui concerne l’enveloppe pour le bien-être, les interlocuteurs sociaux devront faire ce que le gouvernement libéral et de droite n’a pas été capable de faire : permettre aux pensionnés et aux personnes qui doivent nouer les deux bouts avec une allocation de maladie, d’invalidité ou du chômage de bénéficier également des avancées sociales. Il faut faire vite. Les travailleurs en ont assez de ce cirque. Fin janvier, ces accords sociaux devront être prêts, sous peine de voir émerger le chaos et le désordre social dans les secteurs et les entreprises dès le mois de février. Par ailleurs, le monde politique ne peut pas continuer à pourrir le climat social. Il convient d’enterrer définitivement les plans désastreux visant à poursuivre la dégressivité des allocations de chômage et à relever l’âge pour les emplois de fin de carrière et le RCC. »
La FGTB a elle aussi pris acte de la demande de démission du Gouvernement. « Celle-ci met fin à plus de 4 ans de politiques socialement injustes et inacceptables. 4 années rythmées par des attaques inédites voire historiques contre les droits des travailleurs. On pensera, notamment, au gel de l’index, au relèvement de l’âge légal de la pension à 67 ans, à la flexibilisation à outrance, à la création de petit-jobs défiscalisés et sans protection, à l’imposition d’une modération salariale, etc… »
Pour Robert Vertenueil, président de la FGTB : « L’annonce de cette démission sonne comme un garrot qui met fin à plus de 4 années d’hémorragie sociale. La casse sociale organisée par le Gouvernement et le monde patronal s’arrête enfin.» La FGTB note également que l’ensemble des mesures prévues dans l’accord de Gouvernement qui s’apparentaient à des mesures de compensations sociales n’auront finalement pas été adoptées. « En effet, malgré les promesses du Gouvernement, les allocations sociales minimales resteront inférieures au seuil de pauvreté tandis que les travailleurs qui effectuent un travail pénible ne verront pas cette pénibilité reconnue et valorisée de sorte qu’ils seront contraints de travailler jusqu’à 67 ans. »
Enfin, à l’aube de l’entame des négociations relatives à l’accord interprofessionnel et au vu de la situation de paralysie politique, la FGTB en appelle au sens de la responsabilité des représentants patronaux. « En tant qu’interlocuteurs sociaux, il nous faudra dans les jours, semaines à venir montrer que la démocratie sociale fonctionne. Pour la FGTB, les travailleurs doivent également obtenir leurs parts de la croissance économique. Ceci doit se faire au travers d’une augmentation conséquente des salaires et au travers d’une augmentation du salaire minimum à 14€. En outre, au travers de l’enveloppe bien-être, les allocations sociales doivent également être immédiatement relevées. »