Les petites et moyennes entreprises (PME) constituent l’un des principaux moteurs de la croissance de l’emploi depuis plusieurs années, essentiellement grâce à la création de nouvelles entreprises et notamment dans des secteurs en forte croissance, comme celui des technologies de l’information et de la communication (TIC). Néanmoins, les Perspectives de l’OCDE sur les PME et l’entrepreneuriat montrent que, pour la plus grande partie, les créations d’emplois sont intervenues dans des secteurs au niveau de productivité inférieur à la moyenne, les salaires en vigueur dans les PME étant généralement inférieurs de 20 % environ à ceux des grandes entreprises.
Les PME ont davantage recours aux nouvelles pratiques commerciales ou organisationnelles que les grandes entreprises, et elles jouent aussi parfois un rôle plus actif dans la conception de nouveaux produits et processus. Pour autant, nombre d’entre elles ont encore beaucoup de difficultés à s’adapter à des technologies et des marchés de plus en plus complexes.
« Il faut repenser les fondements mêmes des politiques en faveur des PME et de l’entrepreneuriat en vue d’améliorer l’environnement des entreprises et l’accès aux ressources. Cela débouchera sur une hausse des salaires et de la productivité des travailleurs, à mesure que les plus petits employeurs parviendront à mettre à profit les mégatendances telles que la transformation numérique », explique le Secrétaire général de l’OCDE, Angel Gurría, à l’occasion du lancement du rapport lors du Forum annuel de l’OCDE. « Un nouveau programme d’action et de mesure s’impose pour comprendre comment les pays, les régions et les villes peuvent tirer avantage du nombre et de la diversité de leurs petites entreprises afin de favoriser une croissance durable et qui profite à tous ».
La première édition des Perspectives de l’OCDE sur les PME et l’entrepreneuriat, qui rassemble des données et des informations inédites sur les performances des PME et les politiques publiques qui les concernent, offre aux responsables de l’action publique de nouveaux outils d’analyse comparative et apporte des éclairages sur les pratiques exemplaires propres à étayer les politiques nationales en faveur des PME et de l’entrepreneuriat. Le rapport montre que les PME dépendent davantage de l’écosystème économique et du contexte de l’action publique que les grandes entreprises, et met en évidence un certain nombre de défis à relever :
– Si l’écart de salaire est plus réduit dans les PME exportatrices, les obstacles aux échanges auxquels elles se heurtent sont très importants et les tensions commerciales récentes pourraient limiter encore davantage leur capacité à tirer profit de la mondialisation.
– Les PME peinent à conjuguer différents types d’innovation et doivent encore surmonter des difficultés liées à leur taille pour accéder aux ressources stratégiques que sont, par exemple, les compétences, les financements et le savoir. Un quart des PME de l’Union européenne déclarent avoir pour principal problème la pénurie de personnel qualifié ou de dirigeants expérimentés ; par ailleurs, dans la plupart des pays de l’OCDE, moins d’un quart des petites entreprises ont proposé une formation aux TIC en 2018.
– La transformation numérique offre des possibilités d’amélioration de la productivité, mais d’importants écarts persistent avec les grandes entreprises en termes d’adoption des technologies numériques : en 2016, par exemple, les petites entreprises étaient moitié moins nombreuses à investir dans les services infonuagiques dans la zone OCDE.
Les pouvoirs publics ont pris des mesures pour améliorer l’environnement des entreprises et éliminer les obstacles rencontrés par les PME en raison de leur taille. Les 36 profils par pays présentés dans les Perspectives de l’OCDE sur les PME et l’entrepreneuriat montrent que, dans la zone OCDE, les pouvoirs publics déploient des efforts pour : accélérer la diffusion des innovations auprès des PME, veiller à ce que les PME suivent le rythme de la transformation numérique, mobiliser les PME dans la formation continue, développer les réseaux d’innovation et les liens entre PME et multinationales, et harmoniser les règles du jeu sur les marchés de produits, dans les marchés publics et sur les marchés « de pointe ». Les petites entreprises tirent aussi profit du développement des services administratifs en ligne et des réformes engagées dans les pays de l’OCDE en vue de simplifier les procédures administratives, d’alléger la charge fiscale et de mettre en œuvre une réglementation intelligente.
En dépit de ces efforts, la complexité des procédures réglementaires demeure un obstacle majeur pour les PME et les entrepreneurs. Qui plus est, le rythme des réformes structurelles a ralenti ces dernières années et les progrès restent inégaux dans les domaines essentiels pour la création d’entreprises et l’investissement des PME, comme les régimes d’insolvabilité, la justice civile et l’application du droit de la concurrence.
Les auteurs du rapport préconisent d’améliorer l’efficience et la cohérence des dispositifs de gouvernance entre les échelons nationaux et infranationaux, les régions et les villes. Ils recommandent également de favoriser l’apprentissage entre pairs à l’échelle internationale, et de renforcer les capacités de suivi et d’évaluation.
Source: OCDE