« La liberté d’entreprendre, le désir d’être ensemble… » Tel est le titre de notre éditorial du dossier Peoplesphere n°203 consacré au renforcement de la dimension collective au sein de nos entreprises. Jusqu’à promouvoir le principe de la solidarité au sein des équipes et auprès de tous les talents ?
Est-il naïf de penser aujourd’hui que l’entreprise devient de plus en plus solidaire?
Les patrons et dirigeants qui décident aujourd’hui de partager leurs actions – ils sont encore peu nombreux il est vrai -, les dividendes ou les enveloppes de rémunérations avec tous leurs collaborateurs sont-ils des illuminés ? En agissant de la sorte, ne seraient-ils pas simplement en train d’acheter la loyauté et l’engagement de leurs travailleurs?
Pour proposer une réponse possible à cette question, nous avions envie de vous proposer la collision de deux idées que nous n’avons peut-être pas encore confrontées.
La première concerne la solitude des sommets, celle éprouvée par celles et ceux qui occupent le sommet de nos organisations (et qui en souffrent généralement). La seconde porte sur le retour au premier plan du collectif dans une société qui est allée assez loin dans le culte de l’individu(alisme) et qui, par effet de balancier, replace les valeurs du groupe au centre de son fonctionnement.
Quel est le ressort de cette contradiction? Il faut essayer de comprendre car, au fond, plus un patron agrandit son organisation et, en conséquence, s’entoure d’un nombre important de collaborateurs, plus il se trouve isolé dans sa propre entreprise (qu’il en soit propriétaire ou pas, ce n’est pas la question ici). Pour quelles raisons donc les dirigeants seraint-ils enclins à promouvoir les valeurs du collectif et à proposer chaque jour à de nouveaux collaborateurs de les rejoindre alors qu’au final, c’est un isolement de plus en plus profond qui leur est promis?
Hypothèse gauchiste : pour maximiser le profit, évidemment ! Rendons-nous compte que cette option, même si elle a été tangible au cours des siècles passés, manque de pertinence aujourd’hui. L’automatisation d’une part, et l’inflation des coûts associés à l’emploi sont des réalités du 21ème siècle qui vont à l’encontre de cette hypothèse.
Hypothèse romantique : parce que les patrons aiment les gens (et j’ai failli écrire “peuple” au lieu de “gens”, par ironie j’en conviens). Le rêve n’est pas interdit. Les drogues, par contre, sont illicites. Bref, ce n’est sans doute pas la réponse.
L’hypothèse que nous souhaitons privilégier est la suivante : si les patrons et dirigeants oeuvrent chaque jour pour que leurs entreprises deviennent de plus en plus collectives, voire de plus en plus solidaires, c’est parce qu’ils savent que chaque personne se réalise ne premier lieu au travers de relations de qualité avec autrui et que ceci s’applique également à eux!. Nous sommes des animaux sociaux. Nous avons besoin d’être aimés, quel que soit notre niveau de responsabilité au sein de l’organisation qui nous réunit. Nous pensons qu’il est là, le moteur qui nous pousse à travailler ensemble.
Mais attention… Il y a une condition indispensable pour que ce désir d’être ensemble et cette ambition collective puissent s’exercer. C’est la liberté.
Lorsqu’on enlève – au travers d’obligations multiples, variées et absurdes – la liberté à l’entrepreneur-travailleur, et bien celui-ci perd simplement tout sens de l’initiative! C’est comme le priver d’oxygène. Lorsque la contrainte est plus prégnante que la liberté, il fuit ou il s’éteint… Et cesse automatiquement de défendre la solidarité dont nous avons tant besoin.
Jean-Paul ERHARD
Lire plus ? L’article complet vient de paraître dans l’édition print n°203 de Peoplesphere (FR), dont le dossier thématique est consacré à l’entreprise + collective et + solidaire.
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