Près de trois travailleurs sur quatre ne sont pas certains de rester dans leur entreprise actuelle… C’est un peu plus que ces dernières années. Parmi eux, un peu plus d’un cinquième recherchent activement un autre emploi, soit une augmentation d’environ 22 % par rapport à l’année dernière. Plus de la moitié des Belges actifs admettent également avoir répondu à une offre d’emploi au moins une fois au cours des six derniers mois.
Autre fait des plus intéressants : une partie des travailleurs qui sont à la recherche d’un nouvel emploi préféreraient changer de poste tout en restant au sein de leur propre entreprise ou travailler temporairement pour un autre employeur. C’est ce que révèle l’enquête annuelle réalisée par l’expert en RH Acerta Consult et StepStone auprès de 4000 Belges.
Chaque année, Acerta Consult et Stepstone Belgique se réunissent pour mesurer l’envie des Belges de changer d’emploi. Les résultats de cette enquête permettent d’obtenir un aperçu de la manière dont les travailleurs évaluent la pénurie de main-d’œuvre, ainsi que de la mobilité du marché de l’emploi. Qu’a révélé l’enquête cette année ? Près des trois quarts des Belges actifs (72 %) se disent prêts à changer d’emploi si une opportunité se présente. En d’autres termes, ils n’hésiteraient pas à quitter leur employeur actuel si l’herbe s’avérait plus verte ailleurs. La plupart d’entre eux sont des candidats passifs : 51 % des Belges ne sont pas en recherche active, mais se disent disposés à répondre à une offre d’emploi à court ou moyen terme. Un compatriote sur cinq (20,7 %) est donc effectivement en recherche active, soit bien plus qu’il y a un an (+22 %).
Benoît Caufriez, directeur d’Acerta Consult, explique : « L’époque où l’on restait chez le même employeur pendant toute sa carrière est révolue depuis un certain temps déjà. Les jeunes, en particulier, sont plus enclins à rechercher de nouveaux défis sur le marché du travail. Cette ouverture au changement est une bonne nouvelle pour la mobilité professionnelle. Il est toutefois important, en tant qu’organisation, d’encourager également les évolutions de carrière internes. Notre marché de l’emploi, et par extension notre économie bénéficient d’une mobilité suffisante. Parallèlement, une telle mobilité professionnelle sur un marché de l’emploi en pénurie représente un défi de taille pour les entreprises. En effet, elles doivent veiller à rester attrayantes si elles veulent conserver leur personnel. Et ce n’est pas tout : elles doivent également continuer à évoluer et à offrir des solutions efficaces à des défis toujours nouveaux. »
L’absence de possibilités d’évolution, une raison suffisante d’aller voir ailleurs
Pourquoi les travailleurs s’intéressent-ils aujourd’hui aux autres opportunités qui s’offrent à eux ? Dans la plupart des cas (34,6 %), ils estiment que les possibilités d’évolution et d’apprentissage au sein de leur entreprise sont insuffisantes. La deuxième raison (30,40 %) est l’inadéquation entre les normes et les valeurs de l’entreprise et celles du travailleur. L’insatisfaction salariale arrive en troisième position : 29,9 % des personnes interrogées admettent envisager un changement d’emploi pour cette raison.
Olivier Stroobant, managing director de Stepstone Belgique, poursuit : « La rémunération est évidemment un facteur de motivation important pour les demandeurs d’emploi. Nous constatons toutefois qu’établir un partenariat durable entre l’employeur et le travailleur exige plus qu’un salaire correct. Les travailleurs veulent pouvoir continuer à évoluer et s’identifier aux valeurs de leur employeur. C’est notamment le cas des jeunes, qui, par exemple, accordent une importance particulière à la durabilité et à la bonne gouvernance. »
Plus de la moitié des travailleurs a déjà posé sa candidature
De nombreux travailleurs ne se contentent pas d’envisager simplement un changement d’emploi lorsqu’une occasion se présente. Plus d’un quart d’entre eux (27,4 %) ont effectivement déjà répondu à une ou deux offres d’emploi au cours des six derniers mois. Près d’un quart d’entre eux (24,4%) ont même posé leur candidature à au moins trois reprises. Les travailleurs qui ignorent (pour l’instant) les autres opportunités qui s’offrent à eux sur le marché de l’emploi deviennent dès lors minoritaires (48,3%). En outre, ils sont nettement moins nombreux que ceux de l’année dernière, où le pourcentage était de 52%.
Un au revoir définitif
Dernier constat frappant : tous les travailleurs ne souhaitent pas tourner définitivement le dos à leur employeur, comme le montrent les chiffres. 34,8% des travailleurs se disent en effet prêts à changer d’emploi en interne à court terme et donc à occuper un nouveau poste au sein de leur propre entreprise. Plus de la moitié des Belges actifs (54 %) aimeraient même travailler temporairement dans une autre entreprise et retourner ensuite chez leur employeur d’origine.
Benoît Caufriez conclut : « Pour les employeurs qui espèrent établir une collaboration durable avec leurs travailleurs, tout départ prématuré est une perte. Les travailleurs qui décident de quitter leur entreprise le font surtout lorsqu’ils ne voient plus de possibilités d’évolution ou de formation pour eux. De nos jours, l’une des clés pour leur offrir une carrière durable n’est autre que l’apprentissage continu. Dans le cadre de cet apprentissage, les travailleurs peuvent par exemple occuper un nouveau poste au sein même de l’entreprise, pour ceux qui ont besoin de davantage de changement, ou aller travailler temporairement pour un autre employeur. Des initiatives telles que la promotion de l’évolution de carrière en interne, l’élaboration d’une politique en matière de développement et la réorientation des travailleurs en fonction de l’évolution de leurs compétences et de leurs intérêts peuvent constituer un atout supplémentaire pour les entreprises dans la guerre des talents. »
Source: les données proviennent de l’enquête annuelle Talent Pulse réalisée par ACERTA et Stepstone Belgium auprès de personnes actives et de chômeurs. Cette quinzième édition a été lancée en avril 2024. Les 4100 personnes interrogées représentent les différentes tranches d’âge. 63,6 % des participants travaillent, dont 51,2 % ont un emploi fixe/contrat à durée indéterminée. 80 % sont des employés et 20 % des ouvriers, avec une durée moyenne de carrière de 21 ans et 8 ans d’ancienneté auprès d’employeurs de différents secteurs et de différentes tailles en ce qui concerne les effectifs.