30% de la population mondiale sera impactée un jour par un problème de santé mentale. Dans notre pays, l’enquête de santé publique de Sciensano indique qu’environ 1 Belge sur 3 faisait état d’un mal-être psychologique en 2018, 1 sur 5 éprouvait des sentiments de dépression et de mal-être et 1 sur 10 souffrait d’un trouble mental.
Quelle est la proportion des Belges qui prennent des antidépresseurs ? Est-ce que le recours à la psychothérapie est courant ? Quels sont les liens entre les problèmes de santé mentale et d’autres maladies chroniques ? Quel a été l’impact de la période de pandémie Covid-19 sur la santé mentale de la population?
Dans leur dernière étude, les Mutualités Libres proposent de faire un état des lieux de l’état de la santé mentale en Belgique, en analysant les données des soins remboursés au cours des années 2018, 2019 et 2020. Leurs experts ont analysé les données d’hospitalisation en psychiatrie, de psychopharmacologie et de psychothérapie.
Principaux résultats
Pour commencer, l’étude rapporte que 9 % de la population consommaient des antidépresseurs entre 2018 et 2020. Cela concerne 2 fois plus les femmes que les hommes. Le recours à ces médicaments augmente avec l’âge et concerne plus souvent les personnes à risques de pauvreté (bénéficiaires de l’intervention majorée). Un résultat marquant est l’augmentation de 12 % de la délivrance d’antidépresseurs chez les 19-24 ans entre 2018 et 2020. Parmi les personnes à qui l’on a prescrit au moins un antidépresseur, environ 2/3 ont pris ces médicaments de manière chronique durant la période analysée.
En matière d’antipsychotiques, on compte environ 2,4 % de nos affiliés qui ont eu recours à au moins un antipsychotique durant la période étudiée. La prise de ces médicaments concerne des cas de santé mentale plus lourds. Au cours de l’année 2020 (période marquée par la pandémie de Covid-19), c’est parmi les 19-24 ans qu’on a observé la plus forte augmentation de l’utilisation des antipsychotiques (presque 7%).
Presque 3% de la population a suivi une psychothérapie chez un psychiatre durant la période analysée. La tranche d’âge des 40-54 ans est celle qui se rend le plus souvent chez un psychiatre. Notre étude a révélé une baisse des consultations psychothérapeutiques depuis 2018 (-4,3% de 2018 à 2020). Fait notable : pour la même période, seule la tranche d’âge des 19-24 ans enregistre une augmentation du recours aux consultations psychothérapeutiques (presque 5%).
Comorbidités et décès
Les recherches confirment également le risque accru de comorbidités chez les personnes souffrant d’un problème de santé mentale par rapport à une population sans problèmes de santé mentale. Plus précisément, nous avons constaté une combinaison fréquente de problèmes de santé mentale avec des maladies chroniques : par exemple, les personnes présentant un problème de santé mentale sont significativement plus susceptibles d’avoir également du diabète ou une maladie cardiaque qu’une personne n’ayant pas de problème de santé mentale.
Le risque de décès est également plus élevé parmi les personnes ayant des soucis de santé mentale : il y a 6 fois plus de décès chez ces personnes par rapport à celles qui n’ont pas de problèmes de santé mentale. Fait notable : en 2020, le taux de décès était presque 9 fois plus élevé chez les 19 à 24 ans ayant des problèmes de santé mentale, par rapport à ceux qui n’en avaient pas.
Les Mutualités soulignent l’importance à accorder au secteur de la santé mentale. C’est pourquoi, elles plaient pour une utilisation pertinente du budget disponible pour ce type de soins en mettant l’accent sur les initiatives visant la prévention, la détection précoce des difficultés de santé mentale et leur traitement. Cela signifie qu’il faut investir aussi plus dans la prévention dans le milieu scolaire et dans le monde du travail.
Cela comprend le renforcement de la littératie en matière de santé mentale, c’est-à-dire garantir de meilleures connaissances des problèmes de santé mentale, afin d’en diminuer la stigmatisation. Les actions de prévention auprès des jeunes sont particulièrement importantes, on constate clairement un pic des problèmes de santé mentale chez eux ces dernières années.
Il est aussi primordial d’investir dans la promotion des traitements psychothérapeutiques par des prestataires de soins de santé agréés pour garantir l’accès aux soins des personnes au moment où elles en ont besoin et pour éviter une rechute des soucis de santé mentale. Enfin, nous plaidons pour investir davantage dans les unités de crise et mettre à disposition davantage de lits psychiatriques pour des groupes actuellement sur listes d’attente, comme les adolescents et jeunes adultes en souffrance qui demandent des structures adaptées.
Source: Mutualités Libres