Le gouvernement fédéral a décidé de faire mentionner sur les certificats médicaux des malades de longue durée quelles sont les possibilités de retour au travail du patient dans un cadre adapté. C’est certes une bonne décision, mais pour que les recommandations soient optimales, il faut une concertation entre médecin généraliste et médecin du travail, estiment tant le Service externe pour la prévention et la protection au travail Mensura que l’association de médecins généralistes Absym. Une plate-forme digitale permettrait de rendre cette concertation efficace et réalisable sur le plan administratif.
Ces dernières semaines, la presse a beaucoup parlé d’une « fit note » en remplacement du certificat médical classique pour les maladies de longue durée. Cette ‘fit note’, un certificat d’aptitude en quelque sorte, ne repose pas uniquement sur le constat de la maladie et du handicap, mais détermine aussi si le patient est néanmoins ou déjà en mesure d’effectuer certaines formes de travail. « C’est une bonne chose pour toutes les parties », affirme le Dr. Gilbert Bejjani d’Absym. « Nous ne devons pas réduire les malades de longue durée à leur seule maladie ou condition médicale. Ceux qui restent en mesure d’exercer une certaine activité éprouveront un effet positif à le faire. »
Le rôle du médecin du travail
Aux yeux d’Absym et Mensura cependant, confier au médecin généraliste la tâche pratique de formuler les recommandations en vue d’un travail adapté n’est sans doute pas la solution la plus indiquée. « Le professionnel le mieux placé pour juger des possibilités de travail d’une personne souffrant d’une maladie de longue durée, c’est le médecin du travail », précise le Dr. Gretel Schrijvers, directeur général de Mensura. « Il est le mieux au fait du lieu de travail et des risques qui y sont liés, et donc en position de faire l’évaluation la plus judicieuse. En ce sens, il est indispensable qu’il y ait une concertation entre le médecin généraliste et le médecin du travail pour un avis éclairé quant aux modalités d’une reprise du travail. »
Nécessité d’une plateforme de consultation numérique
Mais tant Absym que Mensura insistent qu’il ne faudrait pas qu’une telle concertation se traduise par une charge administrative supplémentaire. Gilbert Bejjani indique : « Les médecins généralistes comme les médecins du travail sont déjà débordés. Sans échange rapide et aisé des informations entre les uns et les autres, on risquerait de retarder la réintégration au lieu de la favoriser – ce qui n’est évidemment pas le résultat souhaité de la mesure. »
C’est pourquoi Mensura en Absym appellent les autorités à mettre en place une plate-forme de concertation digitale. « On a peine à imaginer qu’en 2021, les médecins impliqués dans le processus de retour au travail concernés soient dépourvus d’un outil d’échange d’informations digne de ce nom, mais c’est pourtant le cas. En tant que médecins du travail, nous n’avons même pas un accès automatique au dossier médical des malades de longue durée », ajoute Gretel Schrijvers. « C’est un manque qu’il faut combler. Un outil moderne d’information et de concertation, auquel le médecin-conseil de la mutualité aurait accès lui aussi, constituerait un important pas en avant dans la lutte contre les maladies de longue durée. »