Rendez-vous traditionnel en début d’année : l’INSEAD publie le Global Talent Competitiveness Index destiné à mesurer le degré d’attractivité des différents pays pour les meilleurs talents sur le marché. Grande stabilité au sommet de ce classement que la Suisse domine cette année encore. La Belgique se classe en 16ème position.
L’INSEAD, l’Institut européen d’administration des affaires, a publié aujourd’hui la quatrième édition du Global Talent Competitiveness Index (GTCI). Élaboré en partenariat avec le groupe Adecco et le Human Capital Leadership Institute (HCLI), de Singapour, le GTCI est un rapport annuel qui compare la capacité des pays à attirer des talents.
Le GTCI mesure la capacité des pays à former, attirer et retenir les talents ; il fournit aux responsables politiques des informations qui les aident à développer des stratégies destinées à renforcer leur attractivité. Le thème de la quatrième édition du GTCI est Le talent et la technologie : façonner le futur monde du travail.
Le rapport de 2017 s’intéresse aux effets des changements technologiques et de la course aux talents ; il souligne que, si les machines continuent de remplacer la main-d’œuvre à tous les niveaux, la technologie crée aussi de nouvelles possibilités. Cependant, travailleurs et entreprises devront s’adapter à un monde du travail où le savoir-faire technologique, les savoirs comportementaux, la flexibilité et la collaboration constitueront des facteurs clés de réussite, et où les réseaux horizontaux remplaceront les hiérarchies et deviendront la nouvelle norme en matière de leadership. Les gouvernements et les entreprises doivent collaborer pour construire des systèmes éducatifs et des politiques de l’emploi qui soient adaptés à ce nouveau monde du travail.
La Suisse et Singapour occupent les deux premières places du GTCI 2017, et quatre pays nordiques (la Suède, le Danemark, la Finlande et la Norvège) figurent dans le top 10. Quant au Royaume-Uni et aux États-Unis, ils se positionnent au 3e et au 4e rangs respectivement.
Top 10 du Global Talent Competitiveness Index 2017
1 – Suisse
2 – Singapour
3 – Royaume-Uni
4 – États-Unis
5 – Suède
6 – Australie
7 – Luxembourg
8 – Danemark
9 – Finlande
10 – Norvège
Les pays les plus attractifs partagent certaines caractéristiques, telles qu’un système éducatif qui répond aux besoins de l’économie, des politiques de l’emploi qui favorisent la flexibilité, la mobilité et l’entreprenariat, et une haute connectivité des entreprises, des organisations publiques et des autres parties prenantes.
La Belgique se classe 6e pour le pilier « Former » : ses excellentes universités et écoles de gestion et les possibilités de formation permanente en font un vaste vivier de talents. Mais la Belgique présente également des lacunes en ce qui concerne les compétences techniques et professionnelles (21ème place) et pourrait faire mieux dans le pilier « Favoriser » et en matière de connectivité (20ème place).
Notre pays se classe 82e pour les relations entre les entreprises et le gouvernement, 41e pour la facilité d’entreprendre et 113e pour la fiscalité, ce qui affecte les piliers « Attirer » et « Fidéliser ».
Ilian Mihov, doyen de l’INSEAD, commente le rapport : « Avec cette quatrième édition, le rapport GTCI a atteint le niveau de reconnaissance internationale que nous visions lorsque nous l’avons lancé. En mettant l’accent sur la technologie et le talent, le rapport 2017 pointe quelques-uns des défis majeurs que l’économie mondiale devra relever dans les prochaines années, à savoir combiner la création de nouveaux emplois avec une croissance durable, tout en offrant aux nouvelles générations la possibilité de vivre et de travailler dans un monde qui reflète leurs valeurs. Comme le souligne le rapport, l’éducation continuera de jouer un rôle fondamental dans la poursuite de ces objectifs.»
Bruno Lanvin, directeur exécutif Global Indices à l’INSEAD et coauteur du rapport, commente celui-ci : « La technologie transforme notre manière de vivre et de travailler, même si ce n’est pas toujours de façon spectaculaire : l’émergence d’un Internet omniprésent, d’objets connectés (p. ex. les voitures autonomes), d’équipes virtuelles dont les membres sont répartis à travers le monde… Tout cela s’est mis en place d’une manière progressive et presque ‘invisible’. C’est l’une des raisons pour lesquelles ces changements transforment aussi profondément le monde du travail. Cela dit, pour paraphraser Mark Twain, l’annonce de la fin du travail constitue une exagération outrancière : les économies qui attirent le plus les talents seront les mieux à même de transformer les progrès technologiques en créations d’emplois. »
Su-Yen Wong, CEO du Human Capital Leadership Institute, commente : « La technologie transforme en profondeur la nature et la structure du travail. Dans cette ère du numérique, où le travail évolue sans cesse, on préfère les employés capables d’apprendre et de réapprendre sur le tas à ceux qui possèdent les compétences techniques les plus pointues. S’ils ne se réinventent pas, de nombreux employés risquent de connaître le chômage technologique et structurel. Pour exploiter la puissance du capital humain, les gouvernements et les entreprises doivent insuffler une culture de l’apprentissage continu à leurs travailleurs, mais aussi aider ceux qui ne possèdent pas les bonnes compétences pour l’avenir à se recycler. »
Les villes considérées comme de nouveaux écosystèmes.
C’est dans les villes et les régions performantes, en tête de la course aux talents, que ces changements ont le plus de chance de réussir. En effet, ces écosystèmes bénéficient généralement d’une indépendance financière et de taux de croissance économique supérieurs à ceux des pays dans lesquels ils se situent ; de plus, ils peuvent se concentrer sur l’amélioration de la qualité de vie et disposent souvent de capacités de décision plus souples et de meilleures capacités d’innovation. Cette année, pour mieux comprendre les dynamiques qui transforment les villes en aimants à talents, les partenaires ont lancé le premier Global Cities Talent Competitiveness Index (GCTCI).
La première édition du GCTCI inclut 46 villes, Copenhague se plaçant en tête, suivie de Zurich et de Helsinki. San Francisco et Los Angeles sont les deux seules villes américaines à se hisser au top 10, aux 4e et 8e places respectivement. Sydney et Singapour, classées aux 12e et 19e places respectivement, arrivent en tête de la région Asie-Pacifique. L’attractivité des villes à l’égard des talents a été mesurée à l’aide d’une série de critères. Les dix premières villes combinent une excellente qualité de vie, une bonne connectivité et de nombreuses possibilités de carrières (internationales).
Bruno Lanvin, l’auteur de cette section spéciale du rapport sur le GCTCI : « Même si la première version du GCTCI, présentée cette année, fera l’objet d’améliorations significatives dans les prochaines années, elle reflète clairement un monde où les talents évoluent non seulement d’un pays à l’autre, mais aussi d’une ville à l’autre, souvent sans franchir les frontières nationales. Les villes émergent donc comme des acteurs mondiaux dans la course aux talents ; le premier classement GCTCI montre que, même si des mégapoles, telles que San Francisco, Madrid ou Paris, figurent parmi les leaders, de plus petites villes, telles que Copenhague, Zurich, Göteborg et Dublin, sont des compétiteurs dont il faut tenir compte. Il y a des villes qui offrent aux talents d’excellentes possibilités professionnelles, une bonne connectivité (Internet haut débit et transport) et une meilleure qualité de vie pour eux-mêmes et leur famille. »
La première version (bêta) du GCTCI montre, d’une manière inhabituelle, comment les villes rivalisent entre elles pour attirer les talents : le top 10 du GCTCI comporte de nombreuses petites villes (7/10 comptent moins de 400 000 habitants) ; les villes les plus performantes combinent le meilleur des deux mondes (une bonne qualité de vie et des possibilités de carrière (internationale)) ; enfin, le top 5 inclut un nombre remarquable (3) de villes nordiques, qui ont bénéficié de stratégies concertées pour attirer et retenir les talents.
Parmi les principales conclusions issues de ces deux mesures, relevons l’importance des politiques en matière d’éducation et d’emploi qui sont la clé pour relever les défis posés par ces transformations : la coopération entre le gouvernement, les entreprises et les instances éducatives est essentielle pour assurer une réforme rapide du système scolaire et pour élaborer des politiques d’emploi qui concilient la flexibilité du marché du travail avec la protection sociale.
Source : INSEAD
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