Peu de travailleurs hésitent quand ils ont le choix entre une augmentation salariale de quelques pour cent et un meilleur plan de retraite. Pourtant, la deuxième option peut facilement rapporter au moins 20 % en plus au final. Le spécialiste des RH Mercer appelle dès lors à un changement de mentalité, tant chez les travailleurs que chez les employeurs. « Ne négociez pas uniquement votre salaire, mais aussi votre plan de retraite.«
Il est normal que les travailleurs négocient leur salaire quand ils changent de poste. Mais ils ne pensent quasi jamais à la pension complémentaire. Franky Stevens, chef actuaire chez Mercer : «C’est dommage, car ils ne se rendent pas compte de la somme d’argent qu’ils perdent littéralement en réfléchissant à court terme lorsqu’ils optent pour du cash en plus. Alors qu’une nouvelle fonction s’accompagne presque toujours d’un salaire plus élevé, un meilleur plan de retraite ne va pas de soi. Nous tenons à mieux informer les travailleurs et les employeurs à ce sujet. »
Dans ce cadre, Mercer a élaboré plusieurs scénarios dans lesquels le capital total a été calculé pour différents niveaux de « job hopping ». Un travailleur qui changera huit fois d’emploi au cours de sa carrière se constituera quasi systématiquement un capital moins important que s’il reste toute sa vie chez le même employeur. Conclusion : sans tenir compte du plan de retraite, le job hopping a généralement un effet néfaste sur la pension complémentaire.
Salaire différé
Franky Stevens poursuit: « Nous n’encourageons bien entendu pas les gens à faire le même travail toute leur vie. Changer d’emploi en temps opportun présente en effet des avantages pour le travailleur et l’employeur. Mais les gens doivent penser davantage à la pension complémentaire au sein de leur package salarial. Ne négociez donc pas uniquement votre salaire, mais aussi votre plan de retraite. Lors des discussions relatives aux augmentations salariales, les employeurs devraient également mieux conseiller leurs collaborateurs. Le plan de retraite doit être considéré comme un salaire différé qui, au final, rapportera beaucoup plus que le salaire. »
À titre d’illustration, un trentenaire qui se voit octroyer un bonus de 10 000 € a le choix entre recevoir ce montant en cash ou l’investir dans un plan de retraite. La plupart des travailleurs choisissent quasi instinctivement le cash. Mais, en pratique, ils ne recevront que 4 300 € net. Si le travailleur choisit d’investir son bonus dans un plan de retraite, ce sont réellement 10 000 € qui y seront versés. Tant qu’il restera chez le même employeur, il aura en outre droit à un rendement légal de 1,75 % par an. Concrètement, cela signifie qu’à 40 ans, il aura 11 894 € dans son plan de retraite. S’il y reste jusqu’à la fin de sa carrière (65 ans), son capital s’élèvera même à 18 352 €.
« Pour la plupart des travailleurs, la pension est trop éloignée, investir dans leur pension complémentaire ne représente donc pas une plus-value à leurs yeux. C’est compréhensible qu’à certains moments de leur vie, les travailleurs optent pour un salaire plus élevé, lors de rénovations par exemple. Mais si cet argent liquide supplémentaire n’est pas immédiatement nécessaire, mieux vaut chercher à augmenter son capital retraite. »