Aujourd’hui, le cancer est la première cause de mortalité due aux conditions de travail en Europe : il cause de 20 à 30 fois plus de décès que les accidents de travail. Plus de 100.000 décès par an dans l’Union européenne sont ainsi liés aux cancers professionnels.[1] À l’occasion de la journée internationale de la santé et de la sécurité au travail, placée cette année sous le thème de l’élimination des substances dangereuses au travail, par la Confédération syndicale internationale (CSI), la FGTB fixe l’objectif « 0 cancer professionnel ».
Pour ce faire, la FGTB exhorte le prochain gouvernement et les employeurs à éliminer au maximum les agents cancérigènes au travail, à reconnaître et à agir sur les causes des maladies qui trouvent leur origine dans la profession et à revoir d’urgence la mécanique défectueuse de la législation sur les maladies professionnelles.
Quand on parle de cancer, on parle d’un ensemble de maladies. Les causes sont notamment d’origine chimique, physique, biologique mais aussi organisationnelle. Parmi les 513 agents cancérigènes recensés par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC[2]), on en trouve la moitié sur les lieux de travail. Dans le cas des expositions professionnelles, l’intervalle entre l’exposition à l’agent cancérigène et l’apparition du cancer peut varier de quelques années à 40 ans.
Pour la FGTB, il est impératif que l’on vieille à diminuer les risques et le degré d’exposition aux agents cancérigènes. En outre, la FGTB relève que la flexibilité exacerbée et l’organisation du travail ont un impact considérable sur la santé des travailleurs. Pire, il est établi que le stress au travail peut provoquer des cancers. Il est aussi prouvé scientifiquement que le travail de nuit provoque des perturbations de l’horloge biologique et contribue à l’apparition de cancers professionnels.
Prévenir, détecter et éradiquer les causes.
La FGTB souhaite que le prochain gouvernement fixe un objectif audacieux afin d’éradiquer les causes de cancers professionnels. Pour la FGTB le travail doit être la santé et non la cause de maladies, de cancers et de décès. À cet égard, la FGTB regrette que contrairement à d’autres pays, en Belgique :
– il n’y a pas de croisement des données sur la cause des décès et l’activité professionnelle ;
– le registre du cancer ne récolte aucune donnée en matière d’exposition professionnelle ;
– il n’y a pas d’analyse ciblée sur le genre or il s’agit d’un facteur important.
En outre, lorsqu’un cancer se déclare, les travailleurs et travailleuses et leurs médecins ne font pas nécessairement le lien entre leur maladie et leur activité professionnelle.
La FGTB demande dès lors :
– de compléter, standardiser, centraliser et analyser scientifiquement les données sur la mortalité et l’activité professionnelle des travailleurs et travailleuses sur la base, notamment, des examens effectués par les services internes et externes de prévention (médecine du travail);
– d’intégrer les données du dossier de santé des travailleurs (médecine du travail) dans le dossier médical du patient afin que son médecin traitant puisse poser un diagnostic correct et soutenir le travailleur dans ses démarches.
Dans le même temps, la législation sur les maladies professionnelles impose un parcours du combattant aux victimes de maladies professionnelles. Et pour quel résultat : en 2017, 66% des demandes ont été refusées par FEDRIS.
[1] Site de Eurostat : statistiques européennes sur les accidents du travail https://ec.europa.eu/eurostat/statistics-explained/index.php?title=Archive:Statistiques_sur_les_accidents_du_travail
[2] https://monographs.iarc.fr/fr/agents-classes-par-les-monographies-du-circ-2/