Notre entreprise vit une transformation digitale compliquée? Il faut absolument acquérir des Soft Skills au sein des équipes pour assurer l’appropriation et adhérer au changement
La réponse aux pénuries de main d’oeuvre peut-elle venir de l’insertion des jeunes peu formés et de personnes en décrochage du marché de l’emploi? Cela passe nécessairement par l’acquisition des Soft Skills afin de réussir leurs premiers pas au travail.
La problématique d’allongement des carrières et de reconversion des travailleurs âgés nécessite d’ouvrir les seniors à de nouveaux métiers? Priorité à l’acquisition des Soft Skills en vue d’entrer de plein pied dans l’ère de l’intelligence collective…
Bref, face aux défis RH qui se multiplient, la carte de la formation aux Soft Skills est brandie comme étant la solution miracle.
Attention cependant à ne pas fabriquer en masse de bons collaborateurs drillés aux Soft Skills et définitivement incapables de déployer de bonnes vieilles compétences concrètes. A force de développer le savoir-être, nous pourrions risquer de perdre l’essentiel: le savoir faire.
Le package des compétences de collaboration, de communication, d’intelligence collective sont présentées comme le remède à tous les maux.
Oui, mais… En se limitant à ce paradigme, nous trouvons dans nos effectifs des individus qui réfléchissent, qui coopèrent, qui communiquent mais qui produisent très peu! Essayons d’éviter les constats de ‘boomer’ – vous voyez bien, le ‘c’était mieux avant’… – mais vous aurez sans doute déjà dressé ce constat vous aussi: nos organisations sont peuplées aujourd’hui de collègues très intelligents qui ont perdu tout sens pratique. Nous avons des experts en matière de délégation des tâches et de supervision d’autrui mais très peu de collaborateurs qui agissent. Le ‘faire’ est confié à un nombre réduit de ‘petites mains’ voire à des sociétés externes, la plupart du temps… Est-ce souhaitable? Voici nos trois petites pistes de réflexion sur le sujet.
Dire ce que l’on fait, faire ce que l’on dit.
A l’origine de ce déséquilibre en faveur des Soft Skills, nous retenons l’importance accrue de la communication dans toutes nos activités quotidiennes. Il ne suffit plus d’agir. Il faut absolument le faire savoir. Assurer la visibilité de nos actions, et mettre à disposition les clés de lecture qui permettent de les comprendre, est devenu fondamental (même si certains appellent cela de la ‘politique’). Cela requiert des aptitudes différentes, dont une capacité à (se) vendre afin d’emmener avec soi les collègues que nous voulons mobiliser. Conséquence: de grands orateurs émergent dans nos entreprises… mais rares sont ceux qui allient le geste à la parole. Difficile de se multiplier entre les prises de parole et les actions de terrain, il est vrai…
Savoir-être n’est pas une finalité…
Process, process, process… Nous sommes obsédés par le process. Et nous perdons de plus en plus souvent de vue les objectifs à atteindre.
Le focus actuel porte davantage sur notre capacité à travailler ensemble, raison pour laquelle nos investissements portent avant tout sur le savoir-être désormais. Pourtant, le savoir-être n’est qu’un moyen. Très important, sans aucun doute mais pas suffisant pour nous renforcer notre aptitude à ‘produire’. Nous devons donc veiller à conserver notre capacité à délivrer dans un environnement qui privilégie désormais la forme, au détriment du fond.
Le chemin ou la destination ?
Qu’est-ce qui importe vraiment? Le chemin ou la destination? A la lumière de ce que nous savons aujourd’hui, pourquoi devrions-nous choisir entre le but à atteindre et la manière d’y arriver? Les Soft Skills restent en tout état de cause un ensemble d’outils terriblement utiles, qui nous permettent d’apprécier le travail collectif. Elles nous aident à rendre la quête des résultats aussi agréable et épanouissante que possible. Elles ne servent toutefois pas à grand chose s’il n’y a, au terme du voyage, un succès à célébrer. Le chemin est formateur, la destination est réjouissante. Et nous voulons à la fois grandir et célébrer, ne voulons-nous pas? Ce sera donc le chemin… ET la destination. Tout simplement.
Jean-Paul ERHARD