Le nombre d’ingénieurs diplômés en hausse, mais il en manque toujours 500 en Belgique francophone… Deux fédérations d’ingénieurs – la FABI (Fédération d’associations belges d’ingénieurs civils et bioingénieurs) et l’UFIIB (Union francophone des associations d’ingénieurs industriels de Belgique), ainsi que trois fédérations sectorielles d’entreprises – Agoria Wallonie (industrie technologique), la Confédération Construction Wallonne (secteur de la construction), et essenscia Wallonie (industrie de la chimie, des matières plastiques et sciences de la vie), se sont associées pour promouvoir les études et les métiers d’ingénieur.
Étant donné l’évolution de notre économie, l’importance croissante de la science et de la technologie ainsi que la numérisation de la société, le métier d’ingénieur occupe une place de plus en plus cruciale.
Agoria Wallonie, essenscia Wallonie et la Confédération construction wallonne estiment actuellement à 500 le nombre de diplômés ingénieurs supplémentaires qu’il faudrait chaque année pour répondre à la demande des entreprises. Continuer le travail de sensibilisation auprès des jeunes pour les encourager à entreprendre des études d’ingénieurs reste dès lors essentiel si nous ne voulons pas que nos entreprises soient confrontées, dans les années à venir, à une pénurie plus aigüe encore.
Même si ce travail de sensibilisation a porté ses fruits – en Belgique francophone, depuis une dizaine d’années, le nombre d’ingénieurs diplômés chaque année des Universités et des Hautes Ecoles (ingénieurs civils, bioingénieurs et ingénieurs industriels) est en augmentation – le nombre actuel d’ingénieurs diplômés arrivant sur le marché du travail n’est toujours pas suffisant pour combler la pénurie structurelle persistante. Selon la dernière enquête de la FABI, on observe même à nouveau une très légère diminution des inscriptions en 1ère bac en 2017.
Il faut également noter que la situation est différente selon les filières ; sur le long terme les inscriptions/diplômés dans les filières d’études d’ingénieur civil et de bioingénieurs évoluent mieux que dans la filière ingénieur industriel. « Tous les profils d’ingénieurs trouvent des jobs à leur mesure ; et ce tant dans la R&D, la production que dans des fonctions de management. Ce sont des métiers qui font sens car ils leur permettent de développer des innovations qui répondent aux grands défis sociétaux. » commente Frédéric Druck, Administrateur délégué d’essenscia Wallonie et essenscia Bruxelles.
Un métier présent dans tous les secteurs.
Cette pénurie structurelle d’ingénieurs constitue un frein au développement du tissu industriel et à l’innovation, à la propagation des nouvelles technologies et à la numérisation de notre économie. Le métier d’ingénieur est crucial dans des secteurs clefs garants du bien-être de nos régions. L’ingénieur est en effet présent dans tous les domaines de l’entreprise et de la société, exerçant un rôle indispensable ; c’est particulièrement vrai dans les industries et la construction qui développent des solutions innovantes face aux grands défis sociétaux : l’énergie et l’environnement, la lutte contre le réchauffement climatique, la mobilité, la sécurité des citoyens, de la cité et des bâtiments, les traitements innovants dans le domaine de la santé, ou encore l’économie des ressources naturelles grâce à l’économie circulaire.
Force est de constater que les efforts de promotion de ces études auprès des jeunes ne sont pas suffisants et qu’il est urgent de passer à des mesures plus incitatives. Ainsi Thierry Castagne, directeur général d’Agoria Wallonie propose : « À l’instar de ce que le gouvernement wallon envisage en matière d’orientation plus incitative vers les formations et emplois en pénurie, pourquoi ne pas réfléchir à un financement différencié, via un bonus, encourageant l’orientation des jeunes vers les filières d’études supérieures structurellement en pénurie, dont celles formant les ingénieurs ? « .
Inscriptions à nouveau en légère baisse en 2017
Contrairement à l’année 2016, le nombre total d’inscriptions pour les études d’ingénieur a très légèrement diminué. Cette baisse est surtout remarquée au niveau des ingénieurs civils et des ingénieurs industriels. Pour les diplômés, on constate une augmentation relativement importante au niveau des ingénieurs civils et des bioingénieurs.
Pour Francis Carnoy, directeur général de la Confédération Construction Wallonne, le constat est sans appel : « Nous avons besoin d’ingénieurs tant civils qu’industriels dans nos entreprises. Il est donc primordial que les secteurs professionnels et le monde de l’enseignement et de la formation poursuivent leurs efforts en travaillant ensemble sur la promotion des compétences et des métiers liés aux sciences, mathématiques, technologie et ingénierie ».
80% des ingénieurs très satisfaits de leur métier
À une époque où l’on entend parler que de burnout, d’insatisfaction au travail, de perte de sens,… on observe un niveau de satisfaction particulièrement élevé parmi les professionnels ingénieurs. L’enquête de la FABI auprès de tous les ingénieurs en activité montre que plus de 80% d’entre eux se disent très satisfaits de leur métier, quelle que soit leur formation initiale. C’est le degré d’autonomie qui est le critère de satisfaction le plus important (pour 35% d’entre eux), suivi de l’ambiance au travail (28%) et des perspectives d’évolution (17%). Un ingénieur sur trois est toujours chez son premier employeur. Les raisons de cette mobilité résultent d’un choix personnel dans 70% des cas.
Si l’on poursuit l’analyse selon le genre des ingénieurs, on observe que les hommes ont une affinité plus grande pour les métiers de l’informatique, de la finance et du management. Leurs collègues féminines accordent, elles, plus d’importance aux métiers liés à l’environnement, à caractère humain, à l’enseignement et la recherche. Enfin, cette enquête montre que le diplôme d’ingénieur reste globalement rémunérateur, en moyenne et sur la durée d’une vie professionnelle.