Réunie en Bureau fédéral, instance réunissant les hauts représentants de l’ensemble des centrales professionnelles et de ses composantes régionales, la FGTB constate que la situation économique et sociale liée à la crise du coronavirus est plus que délétère. Elle en appelle à la concertation et au dialogue. LA FGTB plaide pour que la voix des travailleurs soit écoutée et prise en considération pour éviter une crise sociale majeure.
La FGTB a réuni ses instances afin de faire le point sur l’évolution de la crise du Coronavirus et les conséquences économiques et sociales concrètes qu’elle engendre. Le constat est sans appel : « les travailleurs sont trop peu écoutés ». En effet, la FGTB veutt constater que malgré les bonnes volontés affichées et certains messages d’employeurs ou attitudes positives (en témoigne le fait qu’un employeur sur 10 en moyenne verse un complément au chômage économique), il reste une quantité importante d’employeurs « qui usent et abusent des règles en vigueur, ne privilégiant que le seul profit au mépris des travailleurs et de leur santé. Il ressort du terrain que la situation dans beaucoup d’entreprises relève de l’absurde. Ainsi, on impose sous peine d’amendes aux citoyens un certain comportement lorsque dans le même temps, sur leur lieu de travail, ces mêmes obligations ne sont plus d’actualité pour les employeurs. Ce « deux poids deux mesures » est irrespectueux vis-à-vis des travailleurs et grave du point de vue de la santé publique. Dans un autre registre, il est particulièrement choquant de constater que les employeurs cherchent à se soustraire à leurs obligations légales en matière de salaire garanti. »
La FGTB regrette que malgré les contacts récurrents et constructifs qu’elle entretient avec le Gouvernement, celui-ci semble considérer davantage et prêter une oreille plus attentive aux considérations patronales.
« Ce faisant, c’est le point de vue de millions de travailleurs qui n’est pas pris en compte. Et pendant ce temps, le pouvoir d’achat des ménages est en berne », insiste le syndicat socialiste. « Il n’est pas rare que des familles constatent amèrement une perte de revenus de plusieurs centaines voire milliers d’euros. A l’heure où les premiers paiements pour le mois de mars tombent, de nombreuses familles sont plongées dans des situations dramatiques dont elles sortiront difficilement si elles y parviennent. »
La FGTB s’inquiète aussi du sort de celles et ceux qu’elle appelle les « oubliés » du système. « A savoir, toutes les personnes qui ne bénéficient pas des dispositions prises et qui se trouvent aujourd’hui sans revenu et sans solution. Il appartient au Gouvernement de faire face à cette situation de précarisation des familles avec la même mansuétude et le même célérité que pour les entreprises. »
Un redémarrage et un déconfinement incrémental et réfléchi
Dans tous les cas, pour la FGTB, cette reprise ne pourra se réaliser au mépris du respect des travailleurs et de leurs droits avec lesquels il est exclu de transiger. Comme il est exclu que le Gouvernement ne profite de la situation pour changer les règles du droit du travail sans tenir compte de la concertation sociale. Le syndicat s’étonne qu’aucun expert en médecine du travail ni en droit social ne figure au sein de la tas force chargé de penser la sortie de la période de confinement.
Pour Robert Vertenueil, président de la FGTB « on ne peut pas considérer cette crise majeure comme anecdotique ! Au contraire, cette crise sanitaire met en lumière les failles et limites d’un système économique et financier à la dérive et contaminé par des théories libérales et capitalistes désuètes et inefficaces. Au contraire, ce moment de crise intense doit nous amener à repenser de manière profonde nos modes de consommation, de production et de travail. »
Enfin, la FGTB considère que le moment est venu pour changer de cap et pour une prise de conscience généralisée des limites de nos systèmes actuels. « Les services publics et les systèmes de protections sociales comme la sécurité sociale belge sont essentiels pour le maintien d’un niveau de vie décent et digne d’une société moderne. Ils sont fondateurs de notre société. La reconnaissance de leur rôle et leur financement à la hauteur des besoins doit être le signe de la réelle modernisation de notre société. Par ailleurs, le rôle de l’Etat et/ou de l’Europe doit être renforcé notamment dans les questions de stratégies économiques et industrielles et doivent se voir nantis de pouvoirs en la matière.