Appel lancé aux entreprises pour contribuer à l’amélioration de la santé des travailleurs belges

La première édition de l’étude nationale consacrée à la santé des Belges (étude initiée par Delta Lloyd Life) met l’accent sur une alimentation saine au travail. Affichant un piètre bilan de santé, le travailleur belge attend que son employeur prenne des initiatives en faveur d’un mode de vie plus sain…

Un bureau de recherche indépendant a interrogé 1000 Belges actifs (de 18 à 65 ans) sur leur propre état de santé, leur point de vue sur les initiatives en faveur de la santé et le rôle qu’y joue leur employeur aujourd’hui et devrait y jouer demain.

Quel est, justement, le bilan de santé de la population active? Nos travailleurs sont-ils en bonne forme physique? Pas vraiment… « Il s’avère en effet que près de la moitié (49 %) est en surpoids, 58 % se sentent modérément à carrément en mauvaise santé et 55 % prétendent ne pas être bien dans leur peau. Deux tiers admettent même avoir une mauvaise hygiène de vie. Et bien qu’il ressorte des chiffres qu’entre 9 h et 17 h, un grand nombre de travailleurs seraient prêts à manger et à boire plus sainement si l’employeur proposait des alternatives saines, la question se pose rapidement de savoir jusqu’où l’employeur peut aller. 75 % des personnes interrogées indiquent que le mode de vie relève en définitive de la sphère privée. Le défi pour les employeurs consistera dès lors à trouver le juste équilibre entre incitation et ingérence. »

Des kilos superflus…

L’étude relève que la santé en Belgique est malmenée. « Les chiffres de l’Organisation mondiale de la Santé indiquent notamment que si nous ne changeons pas de cap, la Belgique comptera en 2030 une population dont 89 pourcent des femmes seront en surpoids. Les résultats de l’enquête 2015 le confirme. Près de la moitié (49 %) des personnes interrogées ont déjà un problème de surpoids ou d’obésité. Seuls 42 % se sentent en bonne santé et un tiers seulement affirme avoir une hygiène de vie saine. Et donc logiquement, seuls 45 % des travailleurs belges se sentent bien dans leur peau. À la question de savoir si elles sont globalement heureuses, 46 % des personnes interrogées répondent par l’affirmative. Un chiffre qui, depuis 2012, n’évolue pas, hormis une légère fluctuation. Toutefois, les chiffres indiquent une fois de plus que les Belges en insuffisance pondérale ou souffrant d’obésité se sentent un peu moins heureux que les Belges dont le poids est normal. »

Une question d’argent?

Bouger en suffisance, travailler sur la santé mentale et adopter une alimentation saine sont des mesures d’amélioration évidentes. Mais selon le Belge, vivre sainement est onéreux (51 %), prend beaucoup de temps (44 %) et requiert énormément d’efforts (52 %). Approche négative d’une population active dont 70 % indiquent avoir une mauvaise hygiène de vie et 58 % déclarent se sentir plutôt ou tout à fait en mauvaise santé.

L’assureur commanditaire de l’étude y voit une opportunité et souligne: « Une série de barrières difficiles à franchir dissuadent le Belge d’adopter un mode de vie sain. Il ne peut pas le faire seul. Nous devons l’aider si nous voulons relever notre état de santé général. Car, bien qu’au final, le choix de vivre sainement dépende de chacun de nous, il existe aujourd’hui de nombreux organismes qui peuvent nous donner un coup de pouce. En effet, cette « culture de la santé », nous la faisons ensemble. L’école et les pouvoirs publics, via une bonne politique de prévention. Mais également les employeurs. Le travailleur moyen passe la moitié de sa journée au travail. Ça équivaut à une période potentielle de 8 heures de promotion de la santé. Par exemple, en rendant l’alimentation saine meilleur marché et plus attrayante, et en veillant à ce qu’elle soit aussi facilement accessible que la ‘malbouffe’ ».

Le regard universitaire de Lieven Annemans, économiste de la santé à l’Université de Gand, confirme l’intérêt pour l’entreprise de s’emparer de la problématique: « L’étude indique que l’IMC des travailleurs chute jusqu’à 5 % quand ils travaillent dans un environnement professionnel où l’employeur promeut activement une alimentation saine. En conséquence, le nombre de travailleurs avec un régime alimentaire sain peut augmenter de 50%. Des travailleurs en bonne santé sont en meilleure forme, sont moins souvent malades et affichent de meilleures performances sur le long terme. L’enquête indique également que des travailleurs en bonne santé sont jusqu’à 4 fois plus actifs physiquement chaque semaine. Leur productivité augmente de 10 voire 30 pourcent. Et selon plusieurs études, le taux d’absentéisme chute de 25 %. D’autres affirment même jusqu’à 50 %. Par ailleurs, les entreprises engagées ont toujours une longueur d’avance en termes d’image d’entreprise. Tant en interne qu’à l’extérieur. »

Un énorme potentiel

Les chiffres indiquent également un énorme potentiel. Aujourd’hui, seuls 19 % des travailleurs sont satisfaits des possibilités offertes par leur employeur pour maintenir ou améliorer leur mode de vie.

À la question de savoir si l’employeur propose actuellement une offre de boissons saines sur le lieu de travail, seuls 37 % ont répondu par l’affirmative. Toutefois, 55 % des travailleurs indiquent qu’ils y recourraient si une telle offre leur était proposée. Pour seulement 30 % des travailleurs, leur employeur veille aujourd’hui à ce que ses employés puissent manger sainement le midi. Cependant, le potentiel tend à doubler. Près de 6 Belges sur 10 opteraient pour un repas sain si l’employeur le leur proposait. Des fruits sont proposés gratuitement sur le lieu de travail de 1 travailleur sur 5. Pourtant, près de la moitié déclarent qu’ils mangeraient spontanément des fruits si l’employeur le leur proposait. Des aliments sains (collations incluses) sont fournis chez seulement 1 employeur sur 5. 45 % y recourraient avec plaisir si l’employeur le leur proposait.

Attention à l’ingérence cependant…

L’écart entre la réalité actuelle et le potentiel de demain démontre que les Belges sont pour la plupart favorables à adopter un mode de vie sain. Par ailleurs, 45 % des travailleurs affirment que leur employeur peut les motiver activement à adopter un tel mode de vie. Toutefois, se pose bien vite la question de savoir jusqu’où l’employeur peut aller. 75 % des personnes interrogées indiquent dès lors que leur mode de vie relève en définitive de la sphère privée.

Une corrélation entre promotion de la santé et taille de l’entreprise.

Il ressort des résultats de la mesure d’indicateurs du VIGeZ que ce sont le plus souvent les grandes entreprises qui misent sur la promotion de la santé. Elles investissent proportionnellement d’autant plus. Leurs budgets sont plus importants et souvent, le coût par travailleur est donc pro- portionnellement plus intéressant que pour les petites entreprises. En outre, elles ont davantage de possibilités en termes de main d’œuvre alors que les petites PME placent souvent la promotion de la santé tout en bas de leur liste de priorités.

Paradoxalement, il ressort de l’étude nationale « Les Belges en quête de santé » que les travailleurs des petites entreprises sont plus satisfaits des initiatives prises par leur employeur. Hypothèse proposée par l’assureur: «On peut expliquer cela par la rotation de personnel au sein des multinationales. On peut dès lors se demander si les initiatives prises en haut lieu sont cor-rectement déployées. Atteignent-elles les travailleurs comme il se doit ? Les grandes entreprises adoptent-elles les mesures adéquates ? Nous supposons dès lors que les entreprises comp- tant le moins de personnel parviennent à anticiper plus facile- ment les véritables besoins des collaborateurs. La ligne employeur-travailleurs est plus courte. L’employeur connaît bien mieux les conditions de vie sur le lieu de travail. »

L’enjeu évident de la sécurité sociale

Si l’on veut garder le contrôle des coûts de santé en Belgique, il conviendra de miser davantage sur la prévention. L’étude souhaite mettre en évidence que nous devons évoluer pour devenir un pays qui se concentre non plus sur la réaction mais bien sur la prévention. C’est ce que le LaboCitoyen a, une fois de plus, clairement exprimé fin juin : « Nous devons changer de cap et remplacer l’assurance maladie par une assurance santé. En plus d’un glissement fiscal, la Belgique a surtout besoin d’un glissement sanitaire qui remplace le curatif par le préventif ».

La question qui se pose en l’occurrence est de savoir si une politique démotivante, telle qu’elle se développe actuellement, apportera le changement de mentalité nécessaire. C’est en effet la seule base qui mènera au final à un changement durable des comportements.

Une taxe soda sans une politique stimulante, intégrée et profondément éducative, expliquera-t-elle suffisamment clairement la raison pour laquelle il est préférable que nous écartions le sucre de notre alimentation ? Et quelles en sont les alternatives ? Par ailleurs, cette taxe soda expliquera-t-elle aux ménages la façon dont ils peuvent garder sainement sous contrôle leur budget hebdomadaire ? La situation observée reflète une culture générale dans laquelle beaucoup parlent de santé sans (vouloir) l’appliquer dans la pratique. Contrairement aux pays scandinaves où une bonne hygiène de vie est enracinée dans tous les aspects de la vie. La population, les écoles, les pouvoirs publics, … tout le monde s’y emploie activement. Et de conclure: « C’est la direction que doit prendre la Belgique, elle aussi. Une alimentation saine doit être un choix facile et surtout évident. C’est une histoire culturelle que nous devons écrire tous ensemble. La population, les employeurs, les écoles et les pouvoirs publics. »

 

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