A l’initiative de la Ligue des Familles, le Baromètre des parents 2022 réalisé en partenariat avec Le Ligueur, la RTBF et Le Soir montre notamment que les bas revenus ont moins de chance d’accéder au télétravail et que les conditions de vie des familles se sont encore détériorées. Comme le souligne la rédaction de la RTBF, la pandémie de Covid-19 a dynamisé le recours au télétravail mais toutes les familles ne sont pas égales devant ce changement de paradigme.
L’enquête a été réalisée du 19 septembre au 5 octobre dernier par l’Institut de sondage Ipsos pour la Ligue des Familles, par le biais d’un questionnaire en ligne auprès d’un échantillon représentatif des familles. 1000 adultes de 18 ans et plus, vivant au moins à temps partiel avec au moins un enfant ou bel enfant de 0 à 25 ans, résidant en Wallonie ou à Bruxelles, ont répondu au questionnaire. L’échantillon reste comparable aux éditions précédentes depuis 2015. L’’association a voulu en savoir davantage cette année sur la manière dont les parents concilient vie de famille et travail. Et les résultats en disent long sur notre société et la place qu’elle réserve aux familles.
Les configurations familiales aujourd’hui
Mais qu’est-ce qu’une famille de nos jours ? Les familles n’ont pas tellement changé depuis le premier baromètre en 2015. La configuration traditionnelle – père, mère et enfants issus de ce couple – est dominante (54%). Les familles recomposées constituent 20% des familles et celles avec un seul parent (monoparentale), 26%.
Alors que l’inflation s’envole et avec elle les prix du gaz, de l’énergie et des carburants, 3% des personnes sondées par Ipsos pour La Ligue des Familles déclarent percevoir moins de 1000€ par mois et 9% ont des revenus compris entre 1000 et 1499 € par mois. Bref, ce sont 12% des familles qui vivent avec moins de 1499 € par mois. À titre de comparaison, le revenu minimum mensuel moyen garanti (RMMMG), est passé au printemps à 1806,16 euros bruts. Une famille monoparentale sur quatre perçoit moins de 1500€ par mois alors qu’une famille classique ou recomposée sur quatorze « seulement » est dans cette situation. Autant dire que la crise énergétique et l’inflation pèsent davantage sur les familles monoparentales, ce qui suscite l’inquiétude de la Ligue des Familles.
Temps de travail à moduler
Il faut noter que les familles monoparentales ont des revenus moins élevés que les familles classiques ou recomposées, comme c’était déjà le cas lors des précédents baromètres. Seulement 1 famille monoparentale sur 5 a des revenus supérieurs à 3000€ alors que c’est le cas pour 61% des familles dites classiques et 51% des familles recomposées. Une grande majorité de parents (70%) estime qu’il est difficile de travailler à temps plein quand on a des enfants. C’est d’autant plus vrai pour les parents ayant des enfants de moins de trois ans (81%). Conséquence relativement logique : la moitié des parents (54% des femmes) ont diminué leur temps de travail depuis qu’ils ont eu des enfants. « Relativement » logique parce que plus de la moitié des parents (55%) ne peuvent pas adapter leurs horaires de travail et 39% n’ont que 20 jours de congés légaux par an (46% des parents à bas revenus).
La moitié des parents ont diminué leur temps de travail depuis qu’ils ont des enfants. La proportion est un peu plus importante chez les femmes (54%). La diminution du temps de travail est allée de pair avec une baisse des revenus, ce qui a pu créé un problème à certaines familles. Exemple : le choix du congé parental a constitué une difficulté financière pour la famille dans 57% des cas.
Et le télétravail dans tout ça ?
65% des parents n’ont pas la possibilité de télétravailler soit parce que l’employeur ne le permet pas, soit en raison de la nature du travail ou de la continuité de l’entreprise.
Le télétravail est une option davantage proposée aux plus hauts revenus (5000 € nets et plus par mois). Selon le baromètre en effet, 57% percevant des revenus supérieurs ont la possibilité de télétravailler, contre 25% pour ceux qui ont des revenus inférieurs (moins de 1500€ nets par mois).
Le constat suivant tord le cou à certaines craintes des employeurs : le télétravail incite-t-il à moins travailler ? La réponse est non. Les personnes travaillent le même nombre d’heures (54%), voire plus (36%). Seulement 10% des personnes sondées travaillent moins en télétravail qu’en présentiel. 63% des femmes profitent du télétravail pour effectuer des petites tâches ménagères comme lancer une lessive, un lave-vaisselle, etc. Cet aspect multi-tâches – familiales et professionnelles – concerne en grande majorité les femmes qui continuent à assumer la plus grande partie des tâches ménagères : 63% contre 44% des hommes. Grâce au télétravail toutefois, le stress lié à la gestion quotidienne des enfants et de la maison diminue fortement pour 42% des sondés.
Le mercredi, jour idéal pour télétravailler ?
Le mercredi est un jour « utile » pour certaines familles qui concilient garde de leur(s) enfant(s) et télétravail. On constate ainsi que la majorité des parents qui télétravaillent le mercredi le font avec les enfants près d’eux (61%). Les femmes sont plus concernées (64%) que les hommes (54%) et les familles monoparentales (63%) que les parents en couple (59%).
Les familles ayant des revenus inférieurs à 1500€ nets par mois sont également plus nombreuses dans cette situation (64%) que celles ayant des revenus supérieurs à 5000€ nets mensuels (55%). Selon la Ligue des Familles, le prix des activités pour enfants peut expliquer que les familles à bas revenus gardent les enfants à la maison quand c’est possible.
Quelques demandes prioritaires…
Si l’on interroge les familles sur ce qu’elles souhaiteraient pour mieux concilier vie familiale et vie professionnelle, que demandent-elles en priorité ?
La revendication la plus importante est la réduction du temps de travail sans perte de rémunération. Une réduction à 32 heures ou 35 heures par semaine au lieu de 38 heures. Cette priorité revient davantage chez les femmes (55%) que chez les hommes (46%).
Ensuite, les familles souhaiteraient plus de jours de congés payés. Sur ce point, les hommes sont davantage demandeurs (53%) que les femmes (48%).
La Ligue des Familles précise que la Belgique est l’un des pays européens qui offrent le moins de jours de congés payés. Selon une étude de l’OCDE, l’Organisation de Coopération et de Développement économiques en effet, le Royaume-Uni offre 28 jours de congé par an tandis qu’en Autriche, en France, au Luxembourg et en Suède, le minimum légal se monte à 25 jours. Au Portugal et en Espagne, il est de 22 jours. En Belgique, le minimum légal est de 20 jours.
La Ligue des Famille plaide également pour la mise en place d’un congé enfant malade payé alors que 69% demandent cette mesure dans le baromètre et que la garde d’enfants malades constitue souvent un casse-tête pour les parents.
Source: RTBF – Ligue des Familles