Editorial – A la recherche d’un lien concret entre RH et développement durable

Parmi les ’tendances’ observées récemment, nous voyons émerger la volonté d’ancrer l’écologie et le développement durable dans les pratiques RH. Formation, recrutement, mobilité, packages de rémunération… Aucun process RH n’échappe à la nécessité de montrer son implication environnementale. Le signe d’une prise de conscience tardive? La réponse concrète à cette fameuse quête de sens exprimée par les travailleurs?

Personne ne peut s’en plaindre mais interrogeons-nous quant à la manière de concilier le respect de la planète avec les besoins réels de nos collaborateurs. Car il y a un risque réel de tomber dans le piège de la séduction à tout prix d’une génération qui entre sur le marché du travail avec des attentes bien plus complexes que la ‘simple’ préservation de l’environnement et des ressources naturelles.

Premier axe de réflexion: les générations. Nous ne pouvons pas nier qu’il y a un appel général, un mouvement de fond qui veut provoquer une meilleure prise en compte des critères environnementaux dans nos choix quotidiens et dans nos comportements professionnels.
Les fameux ‘Z’ qui entrent sur le marché du travail ont des attentes beaucoup plus complexes. Elles/ils prônent une gestion des ressources inscrite dans la durée et cultivent une terrible impatience en même temps. Cette génération manifeste pour l’environnement et consomme de manière effrénée. Sans percevoir la contradiction?
Pas du tout ! En assumant pleinement les paradoxes qui rythment sa réalité.
Attention toutefois, ce serait faire un mauvais procès aux générations précédentes que de les pointer du doigt pour avoir piétiné les principes de la gestion prudente des ressources naturelles et les rendre responsable de tous nos maux. Comme nous le savons, opposer les tranches d’âge ne génère rien de bon.

Deuxième axe, celui de la décroissance. La notion elle-même est en contradiction évidente avec la quête de ce foutu taux d’emploi de 80% qui ne peut être atteint que par le biais d’une intensification de l’activité économique. Ceci équivaut-il à la condamnation du développement durable parmi les thématiques clés en People Management aujourd’hui? Certainement pas… Nous savons que les emplois verts ne compenseront pas les jobs qui seraient perdus par une approche raisonnable de la consommation. Répondre aux attentes des travailleurs sur le plan RH par le biais de la décroissance peut sembler légèrement contre-intuitif. Et pourtant… Simplifier la complexité de nos organisations, les couches et sur-couches de procédures, l’empilement des méthodes pourrait être considéré comme une tentative vertueuse sur ce terrain. On tente le coup ?

Troisième axe enfin, le repositionnement de l’humain au centre de la décision. C’est l’arlésienne, nous sommes bien d’accord. Nous devons continuer de nous interroger quant aux réflexes quasi pavloviens qui nous en empêchent… Chaque jour, dans les groupes multinationaux comme dans les start-ups, malgré la prise de conscience généralisée, les dimensions opérationnelle, financière et technologique prennent le pas sur l’humain lorsqu’il s’agit de prendre des décisions importantes. Tout change et rien ne change donc…

L’articulation entre RH et développement durable n’est certes pas une évidence à l’heure où nous nous lisons. Elle peut convaincre aujourd’hui nombre de travailleurs à s’engager voire à se remobiliser. Mais elle ne peut souffrir d’être utilisée comme un alibi, au risque de décevoir – durablement – celles et ceux qui auront cru au mirage. Soyons sincères et authentiques, comme toujours.

Jean-Paul Erhard.

 

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