Se sentir bien au milieu d’un groupe où dominerait la souffrance, est-ce possible? Peu probable selon nous. Il y a plus que la sensation de ‘décalage’ qui pourrait exister si l’un d’entre nous promenait son bonheur et son épanouissement alors que ses collègues traînent dans un champ de ruines émotionnelles. Il y a en effet le besoin puissant de nourrir notre propre bien-être de celui de celles et ceux qui nous entourent. La bonne santé, mentale et physique, de nos organisations, est avant tout un enjeu collectif qui doit être appréhendé et géré comme tel.
Il s’agit certainement de la préoccupation majeure de nos organisations: réussir aujourd’hui à fournir à nos collaborateurs des sensations de confort, voire de plaisir, n’est pas franchement évident. L’environnement dans lequel nous évoluons est dur, voire très dur. Les menaces sont nombreuses et nous touchent dans des fondamentaux tels que la précarité (cfr le pouvoir d‘achat), la sécurité (cfr la violence quotidienne), la survie (cfr la pandémie)… L’entreprise doit-elle dès lors devenir un refuge? C’est sans doute un rôle ’sur-dimensionné’ pour la plupart de nos organisations qui n’ont pas forcément les moyens d’offrir ce cadre rassurant voire protecteur. Nous n’allons pas revenir vers le modèle de l’entreprise paternaliste mais il est clair qu’il y a un rôle à jouer en matière de soutien de chacune et de chacun dans la réalisation des ses aspirations profondes.
Des travailleurs de moins en moins résistants…
Êtes-vous frappés vous aussi par la faible capacité de résistance à l’effort dont les travailleurs font preuve aujourd’hui? Nous ne sommes pas experts en santé publique. Mais nous voyons tout de même à quel point les travailleurs aujourd’hui ont besoin de temps de repos et d’une aide en matière de gestion de leurs énergies. La question du bien-être au travail n’est plus uniquement une question de résistance ou de résilience individuelle.
Partageons ici une vraie interrogation sur les formules de travail hybride, et sur la flexibilité qu’elles supposent… Partant du principe que les solutions miracles n’existent pas (ou rarement en tout cas), nous pouvons nous demander si le gain en qualité de vie et en aménagement des sphères privée et professionnelle ne s’accompagne pas d’une charge mentale supplémentaire, générée par l’adaptation quotidienne à un environnement de travail qui change… L’instabilité ‘voulue’ du cadre de travail devrait avoir un impact négatif sur notre ancrage dans la boîte mais aussi dans le collectif. Cela nous semble évident mais il faudra prochainement veiller à étayer cette intuition à l’aide de quelques recherches valides.
Pourquoi le collectif donc?
Il nous faut donc une approche ‘différente’ en matière de bien-être. Parce que la question est sociale. L’épanouissement des collaborateurs est partagé ou il n’est simplement pas. Cela ne veut pas dire que nous devons tout arrêter en ce qui concerne l’amélioration des situations individuelles. Cela fait partie du job, sans l’ombre d’un doute. Mais nous devons, au niveau de toutes les couches de management, compléter le soin apporté aux problématiques individuelles par une dimension collective dès qu’il s’agit du bien-être des personnes. Parce qu’il est impossible d’être ‘heureux’ seul dans son coin. Parce que, ensemble, c’est mieux… Tout simplement.
Jean-Paul ERHARD