Editorial – L’angoisse environnementale et son impact réel dans la fin annoncée de la valeur Travail.

La COP27 devrait être un rassemblement universel, une remobilisation périodique en faveur de l’urgence climatique mais nous n’y sommes pas. On y parle de suicide collectif, d’un ultimatum avant de mourir, de croissance non contrôlée d’une population mondiale hyper mal répartie sur les continents… Bref, c’est le best of des angoisses mortifères. L’effet sur nos sociétés n’est pas encore connu. Désespoir ou mise en mouvement? En ce qui concerne le monde du travail, l’éco-anxiété représente-t-elle un ’nouveau’ défi qui permet de fédérer tout le monde ou, au contraire, ouvre-t-elle une voie supplémentaire vers l’abandon et le désengagement?

Les patrons et dirigeants d’entreprise ont désormais face à eux des générations de travailleurs et de candidats très vulnérables. C’est le contre-coup, ou l’autre versant de ce que nous avons appelé la résilience, nos collègues sont fatigués et anxieux. Et il y a de quoi! Après la pandémie, le déclenchement d’une guerre proche et d’une crise énergétique qui touche sévèrement les portefeuilles, le sommet environnemental mondial nous explique que nous sommes aujourd’hui en situation de surpopulation,et qu’il est trop tard pour inverser la mécanique infernale des catastrophes naturelles. Impossible de faire comme si tout ceci n’avait aucun rapport avec le boulot… Comment pouvons-nous nous aider nous-mêmes à faire face? Quels messages et quelles ambitions pouvons-nous transmettre à celles et ceux qui nous entourent?

La fin de la croissance ?

Faut-il se résoudre à la fin d’un mythe, celui d’une croissance infinie? Et de se préparer alors à expliquer aux équipes que nous sommes entrées dans une ère de déclin? Intuitivement, nous pourrions croire que travailler sur base d’objectifs ‘revus à la baisse’ est de nature à tuer ce qu’il nous reste motivation. Faux! Les contours psychologiques de nos collègues sont plus subtils que cela… Il est possible de trouver un nouvel enthousiasme dans la quête d’une meilleure qualité notamment. Ce qui nous semble plus déterminant que toute autre chose, c’est de rentrer dans une démarche volontariste. Tourner le dos à la croissance n’est pas un renoncement à partir du moment où cela s’inscrit dans une logique de décision, c’est à dire lorsque le choix est soucient. Il ne s’agit donc pas de ’subir’ la fin de la croissance mais peut-être d’y mettre, d’initiative, un terme pour adopter une autre approche. Avec quel modèle en guise d’alternative? Nous y venons.

Participer à la modification de notre rapport à la nature et à la consommation

L’introduction du développement durable et de la sobriété dans nos modes de vie est-elle la solution? Oui.
Faut-il se réjouir de la pression que les leaders d’opinion écologistes portent désormais sur les entreprises pour qu’elles donnent l’exemple? Nous pouvons vivre avec ça…
Ce sont des comportements de consommation effrénée qu’il faut revoir, tant à l’échelon individuel qu’au niveau collectif. Cette fameuse ’sobriété’ repose en fin de compte sur trois principes simples (et sur le refus de leur contraire): agir en priorité pour le collectif (vs privilégier le repli sur soi), penser à l’utilité long terme (vs ré-agir dans la précipitation) et utiliser toutes les ressources disponibles (vs réinventer la roue et nier les efforts de nos prédécesseurs). Ce sont des règles de base en matière de gestion responsable. Rien de nouveau ni de révolutionnaire dans le cadre de notre travail quotidien. Reste donc à nous re-sensibiliser le plus grand nombre sur ces quelques pratiques de bon sens.

Inverser le cycle infernal : angoisse, fatigue, résignation…

La catastrophe écologique annoncée n’est que rarement synonyme d’éco-anxiété adaptative, comme l’avance Alice Desbiolles, en tant que médecin en santé publique et épidémiologiste, évoquant ainsi « un sentiment salvateur, agissant comme un déclencheur de la mise en mouvement des individus »
La réponse la plus fréquente parmi celle que nous observons aujourd’hui est la paresse! Les études toutes récentes publiées notamment par la Fondation Jean Jaurès en France nous expliquent que nous entrons dans l’ère de la flemme. Cela reste difficile à entendre pour les plus hyperactifs d’entre nous. Pourtant, le phénomène est à la fois compréhensible et acceptable. L’angoisse génère de la peur, qui éprouve durement notre résistance, et mène souvent à l’abandon (et la fin de ce que nous appelons la valeur Travail). Conséquence pratique dans nos entreprises: le renforcement aggravé des inégalités dans la répartition de la charge de travail, avec l’augmentation continue des collaborateurs démissionnaires.
Nous pouvons inverser la tendance: non seulement en acceptant que nos entreprises soient des cocons aussi rassurants que possibles (à relire ici ? https://peoplesphere.be/fr/editorial-lentreprise-cocon-remede-contre-incertitudes-gachent-nos-vies/) mais aussi en offrant des expériences collectives qui nous permettent de dépasser notre condition de simple mortel. Simple et compliqué à la fois, n’est-ce pas?

Jean-Paul ERHARD

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