La question posée revient de manière récurrente lorsque nous rentrons dans un trajet de changement. Ce qui compte vraiment, est-ce le voyage ou la destination? Le chemin à emprunter est-il plus important que le but à atteindre? Traduction dans nos entreprises: les objectifs ambitieux et mobilisateurs sont-ils suffisants sur le plan de la motivation? Le processus et la manière de travailler pour réaliser nos ambitions ne sont-ils pas tout aussi déterminants voire davantage? Notre proposition de réponse en trois temps, pour changer…
Les objectifs à atteindre sont-ils la seule justification de tous nos efforts? Ou ceux-ci sont-ils légitimés par la manière de procéder? Le process est-il plus important que la finalité? Cela sonne au fond comme un débat sans fin, qui permet de faire le tri entre celles et ceux qui privilégient la méthode (çàd le voyage) et les autres qui se concentrent coûte que coûte sur les résultats (çàd la destination). Comment choisir aujourd’hui et pourquoi finalement faudrait-il choisir son camp?
Une façon de se délester de la pression du résultat ?
Privilégier le voyage à la destination, c’est peut-être une manière simple de dédramatiser la possibilité de ne pas y arriver. Finalement, ce n’est pas (trop) grave (si on ne touche pas au but). « On a échoué mais on s’est vachement bien amusés, tout de même. » peut-on entendre… Cette position est le contrepoint au modèle de la réussite à tout prix, qui reconnaît avant tout le succès et rien d’autre. L’approche est un standard aujourd’hui dans la plupart de nos outils d’évaluation entre autres. Concrètement, nous avons intégré depuis quelque temps déjà que la quantité et la qualité des prestations ne sont pas suffisantes pour se prononcer sur les performances d’un collaborateur. L’attitude développée au sein de l’équipe est essentielle, elle aussi. Un niveau de performance remarquable n’excuse plus des comportements détestables observés au quotidien. Il faut en effet répondre aux attentes mais aussi pouvoir présenter un bulletin relationnel irréprochable. Ce qui nous permet de rappeler que la fin ne justifie pas (plus?) les moyens.
Apprendre et performer, c’est comme être et avoir.
Poursuivons le décodage de la métaphore afin de la ramener dans notre domaine de prédilection, celui du People Management. Le voyage ou le chemin représente en quelque sorte l’apprentissage tandis que la destination incarne tout simplement notre (quête de) performance. Le choix que nous propose notre question initiale pourrait donc être le suivant: apprendre ou performer. Présenté de la sorte, le dilemme n’a pas vraiment de sens. Il est à l’évidence inconcevable de mener l’un sans l’autre. Apprendre et performer, c’est comme être et avoir. Deux dimensions essentielles sur lesquelles nous sommes systématiquement invités à exprimer une ‘préférence’. Deux dimensions essentielles pourtant indissociables malgré le champ de tension qui les abrite… Allons ! Mettons nous d’accord sur ceci : apprendre, performer sont deux mots qui vont si bien ensemble… Si bien ensemble (vous avez la réf? Indice: la musique adoucit les moeurs.)
Ni le voyage, ni la destination… C’est la compagnie qui compte avant tout !
A la lecture de ce qui précède, il semble clair que nous pouvons aussi refuser de choisir. C’est le moment de revoir les mantras motivationnels classiques. ‘Just do it’… ‘Impossible is nothing’… Les modèles ont changés. Pas besoin donc de renoncer à l’un (le voyage) ou à l’autre (la destination). La priorité est peut-être même au-delà. Il est probable que ce qui compte ne soit ni le fait d’atteindre son but, ni la manière d’y parvenir, mais bien l’équipe que nous choisissons pour y aller ensemble. Au-delà des projets, des succès et des échecs, il ne reste au bout du compte que celles et ceux qui nous accompagnent dans ces voyages vers ces destinations, plus ou moins difficiles à conquérir. Ce sont des ami.e.s pour la vie. Cette foutue question supposée nous indiquer comment trouver la clé de notre motivation trouve donc une esquisse de réponse. Ce qui compte, c’est à la fois le voyage, la destination et la compagnie.
Jean-Paul ERHARD