Editorial – People Management & Communication: faut-il être excessif pour être entendu?

Communiquer constitue peut-être aujourd’hui la mission prioritaire d’un manager en général et d’un professionnel RH en particulier. C’est la règle première d’une gestion du changement bien ordonnée par exemple. Problème: le flux de communications est quasi ininterrompu. Comment être vu ou entendu avec tout ce bruit? Certains cultivent l’art de la provocation (et ce n’est pas sans danger). D’autres renoncent carrément tant les efforts à déployer sont démesurés par rapport à l’impact final. Entre ces deux ‘extrêmes’, pouvons-nous définir quelques idées fortes ou principes à appliquer pour atteindre le but ultime, à savoir donner du souffle et du coeur – bref, de l’inspiration – aux travailleurs qui en ont tellement besoin ? On essaye ensemble ?

La pandémie aurait dû nous conforter dans nos convictions: il faut absolument communiquer afin de créer et de développer ce lien indispensable entre l’employeur et l’employé, ainsi que pour créer cet esprit de corps qui permet de renverser des montagnes. Peu importe le média finalement, peu importe le contexte, peu importe la fréquence… Il faut communiquer et aider les collègues à comprendre pourquoi il est pertinent de se retrouver chaque jour et de poursuivre des objectifs communs. Voyons comment procéder aujourd’hui.

Créer du lien social en donnant de la valeur au temps passé ensemble

Communiquer de façon récurrente et sincère, c’est reconnaître et accorder une réelle valeur ajoutée au lien social que représente la vie en entreprise. Malgré l’individualisation sans cesse croissante de la relation entre employé et employeur – cela passe par la personnalisation de toutes les modalités contractuelles ainsi que par le développement sur mesure des programmes de gestion des compétences et des attentes -, nous serions bien inspirés de ne jamais sous-estimer la dimension purement sociale du boulot. Retrouver les membres de notre équipe, cela nous construit. C’est un des piliers majeurs de notre existence, qu’il soit épanouissant ou douloureux en fonction des périodes que nous traversons.
Le partage d’informations – qu’elles soient stratégiques, opérationnelles ou futiles -, est un des fondements de notre vie sociale. Il nous offre la possibilité de mieux nous connaître et nous comprendre. En cela, la communication est avant tout un instant de collégialité dont nous ne pouvons vraiment pas nous passer. Et l’acte en lui-même s’avère aussi important que son propre objet. Bon à savoir, non?

Une discipline dangereuse

Il faut marquer les esprits! L’enjeu de la communication, au-delà de l’énergie immédiate que l’on veut obtenir, c’est la mémoire. Pour cela, il faut stimuler des neurones qui vont imprimer le message dans les cerveaux à long terme. La tentation est grande d’opter alors pour des contenus et des traductions formelles ‘puissantes’ qui vont frapper les imaginations. C’est là tout le danger. Il y a en effet péril en la demeure car toute prise de parole équivaut aujourd’hui à prendre le risque de la contradiction. A l’ère de la fake news et de la contestation systématique de la vérité, le buzz est à nos portes à chaque instant. Soyons clairs : s’adonner à la communication avec la volonté de laisser une empreinte auprès de notre audience, cela équivaut à prendre un risque énorme. Nous ne sommes jamais à l’abri d’une polémique. A notre question centrale (pour rappel donc : faut-il être excessif pour être entendu?), il nous faut répondre que l’excès n’est opportun que s’il est maîtrisé. Ils sont nombreux à s’être brûlés les doigts (voire davantage) en tentant l’un ou l’autre bon mot qui s’est bien vite retourné contre celui ou celle qui s’est lancé dans l’aventure sans mesurer les risques…

Le coeur et la raison

Plus que la provocation, nous pensons que pour marquer les esprits durablement, il s’agit de maîtriser l’art de la répétition et surtout celui de la cohérence dans l’agir. Nous n’avons toujours pas trouvé de règle plus limpide et percutante que celle qui consiste à faire ce que l’on dit et à dire ce que l’on fait. Partant de ce principe de pur bon sens, faut-il être excessif? Ce n’est pas nécessaire, non… Mais il faut capter l’attention. Et pour y arriver, nous pouvons multiplier et alterner les registres. Il s’agit d’être capable de s’adresser à l’émotionnel et au rationnel. De susciter des émotions qui vont répondent aux attentes des coeurs et des esprits. S’il suffisait de rythmer le quotidien de nos collaborateurs d’annonces positives et de résultats exceptionnels, ce serait simple. Mais « la vie n’est pas une fête perpétuelle » disait Jean d’Ormesson. A fortiori, le travail non plus. Lorsqu’il faut poser des constats d’échec, faire face aux difficultés, trouver les moyens de surmonter les désaccords,… la communication est plus nécessaire que jamais. C’est cela qui rend son exercice à la fois complexe et palpitant. Ce qui nous impose de pratiquer la nuance et l’analyse des situations passée, présente et future. Le défi est énorme.

Certains prétendent que ce qui est excessif est insignifiant… Nous leur envions une forme de détachement qui, à nos yeux, n’est pas toujours adaptée à la situation dans laquelle se trouvent nos collègues. Entrer en conversation avec ces derniers exige que nous puissions entendre voire absorber ce qui les traversent au moment où le dialogue va s’installer. Notre méthode pour y parvenir? Avant tout, toujours parier sur l’intelligence de nos interlocuteurs et donc fuir la condescendance comme la peste. Et ensuite? Prendre le temps… Un luxe infini. Le temps, ce qui s’avère sans doute être le bien le plus précieux que nous puissions nous offrir mutuellement.

Jean-Paul ERHARD

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