La FEB a voulu sonder les attentes des employeurs en vue du prochain accord inter-professionnel dont les négociations débuteront à la fin de cette année. L’organisation patronale rappelle sa volonté de privilégier la concertation sociale et d’ouvrir toutes les pistes possibles afin d’éviter le conflit avec les partenaires sociaux.
L’administrateur délégué Pieter Timmermans résume, sur la base de quelques résultats d’une enquête réalisée par le bureau d’études IVOX, les attentes de la Fédération des entreprises de Belgique (FEB) pour cet automne. ‘Une chose est certaine : nous préférons la concertation sociale au conflit social. Si les syndicats viennent à la table des négociations avec le même état d’esprit, on obtiendra des résultats.’
Au premier trimestre de 2018, on dénombrait en Belgique plus de 140.000 postes vacants. Le taux de vacance d’emploi s’élève actuellement à 3,47%, ce qui signifie que sur 1000 emplois disponibles, 35 environ restent inoccupés. Dans une enquête représentative menée auprès de 1000 travailleurs et 462 employeurs, la FEB s’est interrogée sur les raisons pour lesquelles les jeunes et les demandeurs d’emploi plus expérimentés éprouvent plus de difficultés à trouver un emploi :
– Les employeurs indiquent que l’embauche d’une personne engendre des coûts importants (56%), que l’enseignement est trop peu axé sur les besoins du marché du travail (49%) et que les demandeurs d’emploi sont trop exigeants (47%). Les travailleurs pour leur part pointent le fait que certains clichés (comme ‘les jeunes ne sont pas directement rentables’ ou ‘les travailleurs expérimentés sont peu flexibles’) perdurent (48%) et que l’accent est encore trop mis sur l’âge (41%). Les travailleurs indiquent plus souvent que les employeurs que ces derniers ne sont pas assez ouverts à des candidats envisageant un changement de carrière (employeurs : 16% ; travailleurs : 32%).
L’administrateur délégué de la FEB estime « qu’il serait positif que l’on veille effectivement entre autres à renforcer la dégressivité des allocations de chômage, à inciter les demandeurs d’emploi à suivre une formation pour les métiers en pénurie, à accélérer l’inscription auprès des services régionaux de l’emploi et à adapter la rémunération à l’ancienneté. »
Affirmer que l’enseignement joue aussi un rôle important dans la solution de l’économie de pénurie, c’est enfoncer une porte ouverte. Pourtant, employeurs et travailleurs estiment qu’il faut encourager plutôt qu’obliger les jeunes à suivre une formation qui les prépare à exercer un métier en pénurie :
– Encourager les jeunes à opter pour une orientation qui offre plus d’opportunités sur le marché du travail est une bonne idée pour 54% des employeurs et pour 41% des travailleurs. Les travailleurs (20%) sont plus nombreux que les employeurs (9%) à ne pas avoir d’avis concernant cette proposition.
– La proposition visant à obliger les jeunes à suivre certaines orientations lorsque le marché du travail en a besoin rencontre moins de succès. 35% des employeurs y sont favorables, contre 25% seulement des travailleurs.
Le droit de grève menacé ?
Au cours des prochains mois, de nombreux dossiers sociaux seront aussi à l’ordre du jour, dont le droit de grève. L’enquête réalisée par IVOX a montré qu’il existe un grand consensus sociétal pour mieux délimiter le droit de grève :
– 97% des employeurs sont d’avis que le droit de grève ne peut pas empêcher les non-grévistes de travailler et que les employeurs et les syndicats doivent conclure des accords clairs à ce sujet. 85% des travailleurs partagent cet avis.
– S’agissant de l’utilisation du droit de grève, nous voyons qu’une grande majorité d’employeurs (89%) indique que les travailleurs utilisent le droit de grève à tort et à travers. La majorité des travailleurs est également de cet avis (69%).
– Une minorité d’employeurs (26%) et de travailleurs (26%) juge dès lors un régime légal du droit de grève superflu. Dans le même esprit, 92% des employeurs indiquent qu’il serait préférable qu’une loi délimite l’exercice du droit de grève. Les travailleurs (69%) sont du même avis.
« Nous voulons améliorer le gentlemen’s agreement de 2002 au nom du principe, reconnu internationalement, que le droit de grève n’est pas absolu, mais qu’il doit être en équilibre avec le droit de travailler. Quelles actions sont permises et lesquelles pas ? Quelles procédures faut-il suivre en cas de grève ? Quelles responsabilités doivent être prises en cas de grève ? Ce sont quelques-unes des questions qui devront être clarifiées à la table des négociations. Une loi sur le droit de grève est envisageable, mais un accord au sein du Groupe des 10 est souhaitable. »
Et le menu du prochain accord interprofessionnel?
La FEB a sondé les attentes des employeurs et des travailleurs vis-à-vis des prochaines négociations interprofessionnelles. Les résultats sont quelque peu surprenants :
– Ainsi, 35% des travailleurs souhaitent que l’on mise davantage sur les aspects qualitatifs du travail, plutôt que sur une augmentation salariale pour tous les travailleurs (25%). 13% optent pour plus de flexibilité dans l’organisation du travail.
– Les entreprises quant à elles veulent miser sur plus de flexibilité sur le lieu de travail (42,6%), mais elles évoquent aussi les aspects qualitatifs du travail (30%) et la concrétisation de la marge salariale autrement qu’en cash (11,5% : via le 2e pilier de pension ou un budget mobilité). Sans surprise, une minorité plaide pour une augmentation salariale généralisée (2,8%).
Pieter Timmermans : ‘La FEB a deux objectifs pour les prochaines négociations interprofessionnelles : premièrement, nous voulons conclure un accord qui ne compromet pas la compétitivité de nos entreprises. Nous ne pouvons anéantir des efforts des dernières années. Par ailleurs, je trouve important de conclure un accord entre partenaires sociaux. Je suis totalement partisan de la concertation sociale et pas du conflit social.’
Source : FEB