Bien que près de la moitié des travailleurs belges aient télétravaillé en 2020 en raison de la crise du coronavirus, le nombre de conflits et de cas de harcèlement au travail n’a pas diminué de manière significative. En témoigne le nombre de dossiers de harcèlement que le Groupe IDEWE a traités l’année dernière. Le service externe de prévention de Belgique a enregistré l’année dernière une proportion similaire de cas de conflits (39,6% contre 40% en 2019) et de harcèlement (14,9% contre 14,8%), qui représentent ensemble 54,5% de tous les signalements de mal-être psychosocial.
« Malgré une légère diminution de leur nombre total, nous constatons toujours que plus de la moitié des signalements relatifs aux risques psychosociaux au travail concernent des conflits ou du harcèlement », déclare Hilde De Man, responsable du bien-être psychosocial chez IDEWE. « Ce constat montre que la numérisation de notre travail et la diminution des rencontres au travail ne réduisent pas les possibilités et les causes de conflits et de harcèlement. Le harcèlement est donc un défi structurel, un fait très malheureux pour tous les employeurs et les travailleurs qui, comme nous, prônent le respect au travail. Mais heureusement, nous pouvons inverser cette tendance ensemble, en commençant par accorder suffisamment d’attention à ce sujet ».
Le harcèlement lié au coronavirus voit également le jour
Par harcèlement, nous entendons traditionnellement les formes d’exclusion, la rétention d’informations, les rumeurs, les insultes (personnelles et collectives) et les blagues déplacées. Pendant cette crise du coronavirus, d’autres formes de harcèlement apparaissent également, et la pandémie pourrait même en être à l’origine. Hilde De Man explique : « Par exemple, nous constatons que certaines personnes sont ciblées parce qu’elles ont des valeurs et des normes différentes concernant les mesures. Il existe également une incompréhension mutuelle entre les personnes qui peuvent/veulent ou non faire du télétravail, et il arrive que des collègues revenant de quarantaine soient dévisagés voire évités. Il y a même eu des cas de toux ou de crachats délibérés. D’autres personnes signalent avoir du mal avec le comportement de surveillance de leur supérieur hiérarchique lorsqu’elles font du télétravail. »
La crise semble avoir poussé aux extrêmes le degré d’appartenance entre les équipes. Certaines équipes qui ont travaillé ensemble pendant cette période difficile sont devenues plus soudées que jamais, tandis que d’autres se sont fragmentées en raison d’un manque de contacts formels et informels précieux. Cette situation de travail nouvelle et difficile est très propice aux tensions et au harcèlement, d’autant plus qu’il s’avère que la distance physique n’a pas empêché le harcèlement. « La manière dont les comportements irrespectueux s’expriment a tout simplement changé : par exemple, les ragots de la clique habituelle du temps de midi ont migré vers les groupes WhatsApp ou Teams. Comme le télétravail est amené à être maintenu, il est crucial que les supérieurs hiérarchiques s’attellent aussi à distance à la préservation du bien-être et de l’état d’esprit de leurs travailleurs ET de leur équipe. Il est également très important d’établir des directives claires sur le télétravail et de montrer l’exemple en suivant les mesures liées au coronavirus. En qualité de supérieur hiérarchique, il importe également de comprendre le vécu parfois très différent des membres de votre équipe quant à la situation liée au coronavirus et à l’impact qu’elle peut avoir sur le travail et l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée. Et bien sûr, chacun peut apporter sa contribution sur le lieu de travail physique et virtuel : quel que soit votre poste, être attentif au bien-être de chacun reste le meilleur moyen de prévenir au maximum les conflits. »
Source: IDEWE