Le classement annuel sur la compétitivité, porté notamment par l’INSEAD, s’est penché sur l’écosystème que proposent les pays et les villes du monde entier afin de soutenir l’émergence des talents et des entreprises qui les abritent.La Suisse reste en tête de l’Index mondial sur la compétitivité et les talents (GTCI) 2018. Plus généralement, les pays européens dominent le classement du GTCI : ils sont 15 parmi les 25 premières places.
Ce rapport, publié aujourd’hui par l’INSEAD en partenariat avec The Adecco Group et Tata Communications, se veut une mesure annuelle de la croissance des pays et des villes, ainsi qu’une photographie de la façon dont ils attirent et conservent leurs talents. Ce document constitue donc un outil précieux pour les décideurs qui souhaitent comprendre la question de la compétitivité des talents et mettre au point des stratégies pour progresser dans ce domaine.
Cette nouvelle édition met en évidence d’importants points communs entre les dix premiers pays, qui partagent une caractéristique commune : tous possèdent un système éducatif sophistiqué, qui enseigne les compétences sociales et collaboratives nécessaires dans le marché du travail actuel. En y regardant de plus près, on constate que les leaders du secteur partagent d’autres particularités :
• un paysage juridique et économique flexible
• des politiques du travail qui allient flexibilité et protection sociale
• une ouverture sur l’extérieur et l’intérieur
Au-delà du classement annuel sur la compétitivité, le rapport de cette année se penche sur la question de la diversité et de la compétitivité. Trois catégories de diversité ont été identifiées : cognitive, identitaire et préférentielle (ou valeur). Le thème de la diversité (collaboration entre personnes aux caractères, aux connaissances, aux expériences et aux idées différentes) a été choisi en raison de son rôle essentiel dans le lien entre les politiques de talent et les stratégies d’innovation. Mettre l’accent sur la diversité démographique favorise une évolution durable et innovante, et permet aux organisations de conserver, mais aussi de développer, leurs talents. Toutefois, le rapport note que la diversité a un coût : les individus ne sont pas toujours formés à collaborer avec des personnes qu’ils jugent différentes.
Bruxelles se classe 10ème dans le classement mondial.
L’édition 2018 du GTCI comprend 68 critères (65 en 2017). Il couvre 119 pays et 90 villes (contre 118 et 46 en 2017). Cette année encore, le classement du GTCI est largement dominé par les pays développés à hauts revenus.
• La Suisse conserve sa première place, suivie par Singapour et les États-Unis.
• Les pays européens dominent le classement du GTCI ; ils sont 15 parmi les 25 premières places.
• En dehors de l’Europe, les meilleures performances sont à chercher du côté de l’Australie (11e), de la Nouvelle-Zélande (12e), du Canada (15e), des Émirats Arabes Unis (17e) et du Japon (20e)
• L’Amérique latine réalise de bonnes performances dans le domaine de la formation des femmes (l’Argentine occupe la 5e place de ce critère).
• Les efforts dans le secteur de l’éducation (en PIB par habitant) sont particulièrement importants en Afrique (Botwsana 1er, Lesotho 2e et Sénégal 5e), ce qui prouve que les problèmes ont été correctement identifiés dans la région. Néanmoins, ces investissements pourraient encore gagner en efficacité.
L’index s’attarde sur les politiques et les pratiques qui permettent à un pays d’attirer, de développer et de conserver les compétences techniques/professionnelles et les connaissances globales associées à l’innovation, à l’entreprenariat et à la direction. Autrement dit, les talents qui contribuent à la productivité et à la prospérité.
Classement général
1 – Suisse – 79,90
2 – Singapour – 78,42
3 – États-Unis – 75,34
4 – Norvège – 74,56
5 – Suède – 74,32
6 – Finlande – 73,95
7 – Danemark – 73,79
8 – Royaume- Uni – 73,11
9 – Pays-Bas – 72,56
10 – Luxembourg – 71,64
16 – Belgique – 69,56
21 – France – 62,61
La Belgique se classe 9e pour le pilier « Former », sa meilleure performance parmi les six piliers. « La qualité de son enseignement professionnel, de ses universités et de ses écoles de gestion fait de la Belgique un pays où foisonnent les talents », se réjouit Nico Reeskens, Country Manager de The Adecco Group en Belgique. De plus, la Belgique s’est fortement améliorée dans le pilier concernant les compétences techniques et professionnelles. Elle fait un bond de neuf places par rapport à 2017 et prend la 9e place dans ce pilier, notamment grâce à ses efforts à rendre plus facile la recherche d’employés qualifiés et au développement de compétences en secondaires. Par rapport à 2017, la Belgique améliore son score dans quatre piliers (« Attirer », « Fidéliser », « Compétences techniques et professionnels » et « Connaissance générale »). En revanche, notre pays présente des lacunes en matière de relations entre les entreprises et le gouvernement (82e), du pourcentage des travailleurs ayant un diplôme du secondaire (46e) et de performance environnementale (40e).
Huit des 10 premières villes sont situées en Europe et les deux autres aux États-Unis. Les villes les plus performantes ont des points communs. Comme dans le cas des pays, au fil du temps, un haut niveau de PIB permet une meilleure pénétration de la technologie et crée un écosystème favorable à l’éducation, l’économie, la santé et aux infrastructures. Ce cercle vertueux améliore la compétitivité des talents. En outre, les universités les mieux classées attirent des enseignants et des chercheurs de qualité, ce qui leur permet de lancer sur le marché du travail des talents encore plus qualifiés. L’énergie et l’innovation des leaders locaux (y compris les bourgmestres et les agences de talents) peuvent également jouer un rôle significatif. L’impact de réseaux d’information denses et efficaces est particulièrement important lorsqu’il s’agit d’attirer et de conserver des talents, comme en témoigne la performance des « villes intelligentes » comme Singapour, Dubai, Abou Dhabi ou Doha. En Belgique, une ville se classe dans le top 10. Il s’agit de Bruxelles, qui occupe la 10e position.
Classement
1 – Zurich (Suisse) – 71
2 – Stockholm (Suède) – 68,2
3 – Oslo (Norvège) – 68,1
4 – Copenhagen (Danemark) – 67,1
5 – Helsinki (Finlande) – 66,8
6 – Washington DC (Etats-Unis) – 66,5
7 – Dublin (Irlande) – 66,1
8 – San Francisco (Etats-Unis) – 63,4
9 – Paris (France) – 63,2
10 – Bruxelles (Belgique) – 62,7
Le défi de la diversité
Une analyse complémentaire du rapport 2018 éclaire la façon dont les organisations, les villes et les pays approchent la question de la diversité. Il en ressort que la diversité n’est pas une fin en soi, mais qu’elle doit être accompagnée d’une culture de l’inclusion pour se développer et avoir un impact positif. Les objectifs et les statistiques ne sauraient remplacer l’acceptation et l’ouverture culturelles.
Les conclusions du GTCI montrent qu’il n’existe pas de modèle à suivre en matière d’inclusion et de diversité. La Suisse, par exemple, réalise des performances décevantes, compte tenu de sa position de leader du GTCI, dans le domaine des postes de direction féminins. Les pays du nord s’illustrent dans tous les critères liés à la coopération, à l’ouverture interne, à la mobilité sociale et à l’égalité des sexes, mais leurs difficultés dans le secteur de l’ouverture externe les empêchent d’attirer des talents.
« La diversité est un levier essentiel de l’innovation. » Peter Zemsky, doyen délégué et doyen de l’innovation de l’INSEAD, note que « les cadres de travail du leadership des organisations illustrent le besoin comportemental de créer des réseaux en externe plutôt qu’en interne. Aujourd’hui, sous l’effet de l’explosion d’informations dans l’économie de la connaissance, l’exploitation d’opportunités d’innovation au niveau local est devenue plus importante pour l’avantage compétitif des corporations que l’exploitation de la recherche et développement au siège de l’entreprise. »
Alain Dehaze, Global CEO de The Adecco Group, précise : « Il est essentiel de se concentrer sur la diversité et l’inclusion pour répondre aux fractures et aux inégalités de notre époque. Ceci suppose de développer une culture de l’inclusion en commençant à la maison et à l’école, de lutter contre les préjugés et de développer les compétences sociales et collaboratives qui nous permettrons de déchaîner le pouvoir du travail et de faire en sorte que le futur fonctionne pour tout le monde. »
Vinod Kumar, président directeur-général et directeur exécutif de Tata Communications, nous livre son analyse : « Alors que la transformation numérique devient une priorité pour un nombre croissant d’organismes, les technologies automatisées gérées par des IA font leur entrée sur le marché du travail. Les humains et les machines travaillent désormais côte à côte. Les entreprises doivent donc commencer à voir la compétitivité générée par le talent et la diversité au-delà de l’humanité pour inclure également les robots. Avec l’avènement des infrastructures numériques, le talent et la diversité ne seront plus réservés aux individus. »